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Face au soja cher Quelles alternatives pour la complémentation des rations des laitières ?

Le prix du tourteau de soja risque de rester élevé cet hiver. Dans un contexte laitier difficile, il est important de trouver des solutions pour limiter le coût de la complémentation azotée. Le tourteau de colza est une bonne alternative cette année compte tenu des cours. D’autres solutions comme l’utilisation d’urée ou de co-produits sont possibles. Un calcul au plus juste de la complémentation permettra d’économiser les derniers kilos de correcteurs. Explications avec le Btpl.

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Substituer le colza au soja


Des alternatives au soja à bien choisir  (© Terre-net Média)
Compte tenu des bons niveaux de rendement en colza cet année, le tourteau de colza est sûrement le concentré azoté le moins cher pour cet hiver (150 – 190 €/T). D’une valeur azotée inférieure à celui du soja, la substitution est de 1 kg de soja pour 1.4-1.5 kg de colza. Sur cette base, le colza est plus économique si son prix est inférieur à 70% de celui du soja 48 et ce, sans tenir compte de la complémentation minérale ni de l’impact sur les taux (TP et TB). Avec un tourteau de soja à 335 €/T, on obtient un prix de parité de 234 €/T !

Etablir une ration avec du tourteau de colza nécessite quelque précautions :

- recalculer entièrement la ration avec ce nouvel aliment (teneurs en Ufl, Pdi et Phosphore très différentes des autres correcteurs),
- le distribuer en mélange dans la ration,
- réaliser une transition à l’introduction,
- ne pas dépasser 6 kg/j/VL.

Pour les vaches hautes productrices, il est nécessaire de travailler avec un second aliment azoté pour contenir l’excès de Pdin du tourteau de colza (tourteaux tannés). Une autre bonne alternative est de travailler avec du tourteau de colza tanné qui possède des valeurs Pdin et Pdie plus équilibrées. Reste à savoir si l’on peut trouver une telles matière première chez les distributeurs locaux. Enfin, un compromis entre le prix et la quantité distribuée peut être un mélange soja/colza .

Tourteau tanné + aliment à base d’urée : un mélange à maîtriser

En fonction du prix de certains tourteaux tannés, il peut être intéressant de les utiliser avec en complément un aliment riche en urée (l’urée ne peut plus être distribuée pure aux animaux). Une telle stratégie peut être payante mais elle nécessite certaines précautions. La principale limite de cette technique est la difficulté d’obtenir une bonne répartition de l’additif à base d’urée dans la ration (50 g en mélange dans les 50 kg de ration soit 1g d’urée dans 1 kg de ration !). Les vaches doivent également être dans un bon état sanitaire pour valoriser l’urée (état d’engraissement, déparasitage, foie très fonctionnel)

Valoriser l’ensilage d’herbe

Si vous disposer d’un ensilage d’herbe de qualité, il peut être intéressant de l’incorporer dans la ration des vaches laitières. Comparativement à une ration tout maïs, l’ensilage d’herbe peut être incorporé avec un rapport d’un tiers d’ensilage d’herbe pour deux tiers d’ensilage de maïs sans effet significatif sur la production laitière ni sur le taux protéique. Concernant la correction azotée, 5 à 6 kg de MS d’ensilage d’herbe permettent d’économiser 500 g de tourteaux de soja. L’ensilage d’herbe permet également un apport de fibres efficace pour stimuler la rumination et la valorisation globale de la ration.

L’opportunité des co-produits

Localement, des opportunités sont possibles. Les drêches de brasserie, drêches de blé et le corn gluten feed sont les co-produits les plus riches en matière azotée. Il convient d’établir un coût d’opportunité du produit comparativement au correcteur ou tourteau utilisé sur la ferme. Introduire dans la ration des co-produits ne s’improvise pas. Il faut renforcer la fibrosité de la ration si vous souhaitez en incorporer (paille, foin, enrubannage). L’utilisation de co-produits dans la ration nécessite une pesée précise car la densité des co-produits est souvent importante (beaucoup de poids pour peu de volume).

 
 
MS
UFL
PDIN
PDIE
Drêche de brasserie (humide)
/ kg MS
24 à 30 %
0.87
200
190
Drêche de blé (sec)
/ kg MB
91
1.03
188
173
Corn gluten feed (sec)
/ kg MB
88
0.93
127
102

Réduire la concentration azotée de la ration

Il est important de cibler les économies une fois le pic de lactation passé, après les 2 premiers mois de lactation, pour ne pas compromettre le potentiel laitier, le TP et la reproduction.

Ce préalable rempli, il est possible d’ajuster la concentration azotée des rations au regard du cours du tourteau de soja cette année.

3 stratégies sont possibles :

1) réduire la teneur azotée de la ration pour toutes les vaches. Il paraît important de ne pas descendre en dessous de 90 g de PDI/kg de MS pour ne pas trop impacter la quantité de lait et les taux. Cette stratégie est applicable en cas de surproduction par rapport au quota.
2) réduire la teneur azotée de la ration semi-complète pour toutes les vaches à 90 g de PDI/kg de MS et complémenter de la même manière toutes les vaches en début de lactation avec une quantité fixe de correcteur azoté.
3) Dans le cas de vêlages groupés, caler les rations à 95-100 g de PDI en début de lactation puis descendre la concentration azotée ensuite.

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