Enquête autonomie alimentaire (2/2) 4 années sur 7, les besoins alimentaires minimum ne sont pas satisfaits
Compte tenu de la faible sécurité des stocks fourragers relevée lors de l’enquête menée dans le grand-Ouest, les éleveurs en bio doivent très vite ajuster leur cheptel. Détails.
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"En Bio, la réactivité des prairies est limitée sans azote et les systèmes herbagers moins souples face aux aléas climatiques." (© Terre-net Média) |
Le foin, premier recherché
L’enquête montre de plus qu’une exploitation sur deux achète des fourrages (entre 35 et 60%) : en premier lieu, du foin, l’approvisionnement sur les autres intrants, à commencer par les concentrés, étant beaucoup plus difficile : 75% des exploitations ont acheté des concentrés et 83% des minéraux. « Cette difficulté fragilise très rapidement l’autonomie fourragère de l’exploitation », poursuivait le technicien de l’Institut.
En moyenne, l’enquête a montré que le pâturage était réalisé sur 230 jours, soit un hiver de 135 jours. Dans ce cadre, les besoins minimum sont de 2300 kgMS (135 j x 17 kgMS/j), avec 60 jours de transition à 7 kg MS/j (soit 420 kg de MS).
En 2006, on note également que les systèmes herbagers (avec ou sans maïs) ont un comportement différent : ils achètent plus de concentrés que les autres systèmes (tableau) et sont donc très dépendants. De même, les systèmes avec maïs sont les plus acheteurs de fourrages à l’extérieur.
L’azote en moins
En plus, se pose le problème de qualité du fourrage récolté avec une ration qu’il faut, ou non, compenser selon les situations. Dans ce cadre, les systèmes herbagers basés sur les prairies permanentes semblent moins réactifs comparativement à ceux basés sur des prairies temporaires. « La proportion d’élevages bio achetant des fourrages est importante avec des quantités achetées directement corrélées aux mauvaises années fourragères. Les systèmes biologiques montreraient même plutôt quelques difficultés accrues par rapport aux systèmes fourragers conventionnels qui disposent de l’azote pour stimuler et réguler la productivité des surfaces fourragères et notamment des prairies. »Attention aux premières années de conversion
En outre, les années de post-conversion sont les plus délicates et les plus difficiles sur l’aspect autonomie fourragère, car « les exploitations sont en phase de recherche d’un équilibre nouveau et difficile à atteindre. L’angoisse se porte sur les problèmes sanitaires et l’on surestime souvent la productivité des prairies et du maïs, tout en sous-estimant l’impact du système fourrager ». C’est une erreur de calcul qui nécessite souvent un recalage que l’on a constaté dans l’enquête, avec un agrandissement des surfaces fourragères « qui va venir sécuriser le système ».
L’autonomie alimentaire est possible, à condition d’avoir une bonne cohérence entre productivité animale et productivité des surfaces, souvent liée à l’apport d’azote. Cela suppose souvent d’accepter une productivité par animal plus basse. Donc, attention à bien calibrer la productivité des surfaces fourragères, en particulier lors de l’installation car ces années post-conversion semblent plus tendues sur le plan fourrager. « Le bon équilibre à retrouver après conversion peut prendre quelques années et si les impacts sanitaires sont souvent surestimés, les conséquences fourragères sont elles fréquemment sous-évaluées. »
En Bio, la réactivité des prairies est limitée sans azote et les systèmes herbagers moins souples face aux aléas climatiques. « Si l’autonomie est recherche, elle reste encore aujourd’hui un objectif à atteindre pour la plupart des éleveurs. »
Achats d'aliments | Système 100% fourrager | Herbe + maïs + cultures | Herbes + cultures |
Taux d'exploitation achetant des minéraux | 78% | 91% | 86% |
Taux d'exploitation achetant des co-produits | 20% | 31% | 36% |
Taux d'exploitation achetant des concentrés | 80% | 75% | 61% |
Taux d'exploitation achetant des fourrages | 40% | 69% | 36% |
Chargement corrigé (UGB/ha SFP) | 0,96 | 1,15 | 1,04 |
Source : "Tech & Bio, Institut de l'élevage, septembre 2009."
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