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Lait Fischer Boel refuse d'augmenter artificiellement les prix

La commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, campe sur ses positions avant une réunion extraordinaire de l'UE lundi sur la crise du secteur laitier, rejetant dans un entretien à l'AFP toute hausse artificielle des prix.

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Q. Qu'attendez-vous de la réunion ?
Mariann Fischer Boel : « C'est un déjeuner informel où aucune décision ne sera prise. Mais nous aurons la possibilité d'analyser la situation et de discuter des mesures de long terme pour le secteur du lait. Parmi celles que j'ai proposées il y a deux semaines, la plus importante sera la mise en place d'un groupe d'experts réunissant représentants des Etats européens et de la Commission. Il faudra voir sa composition, son ordre du jour... Il importera qu'ils ne siègent pas dans une tour d'ivoire et qu'ils soient en contact avec tous les acteurs du secteur: consommateurs, industriels, producteurs »

Q. Vingt pays ont signé un document réclamant une « nouvelle régulation » en Europe. Vous sentez-vous sous pression ?
Mariann Fischer Boel : « Beaucoup de mes idées sont dans ce document, donc je pense que nous sommes sur la bonne voie. Nous ne sommes pas si éloignés les uns des autres. La question d'une réduction des quotas réclamée par à peine cinq Etats au départ semble ne plus être d'actualité. Un autre point sur lequel il n'y a pas d'accord est une hausse des prix d'intervention. Mais j'admire la manière avec laquelle le ministre français Bruno Le Maire voyage à travers l'Europe pour gagner du soutien. S'ils sont d'accord sur l'objectif général de trouver des perspectives de long terme pour le secteur laitier, je pense que les opinions divergent dans le détail. Mais je n'exclus aucune bonne idée. Celle d'un marché à terme pour le lait en poudre ou le beurre, par exemple : aux Etats-Unis, cela n'a pas fonctionné, parce que le prix est plus ou moins le même que chez nous. Mais si nous pouvons en tirer un avantage, je suis d'accord pour l'examiner. Ce que je n'accepterai pas c'est de revenir sur les décisions du bilan de santé de la PAC (une série de mesures qui ont réformé la Politique agricole commune de l'UE en réduisant les subventions, ndlr) et la fin des quotas. De plus, les prix remontent. C'est pour moi le signal que les mesures que nous avons prises jusqu'ici ont eu de l'effet ».

Q. Beaucoup de producteurs laitiers disent avoir besoin de 40 centimes le litre pour survivre et refusent de se reconvertir...
Mariann Fischer Boel
: « S'ils peuvent obtenir 40 centimes, j'en serais ravie. Si le marché le peut, c'est très bien: je veux qu'ils aient les moyens d'investir, d'améliorer leur production pour être concurrentiels sur le marché mondial. Mais c'est au marché de payer. On ne peut pas augmenter artificiellement le prix de 28 à 40 centimes, cela coûterait 20 milliards d'euros au budget communautaire et je ne suis pas sûre que tous les gouvernements soient prêts à débourser une telle somme. Quant à la reconversion, depuis l'introduction des quotas laitiers dans l'Europe des dix en 1984, le nombre de producteurs laitiers est passé de 1,6 million à 300.000 aujourd'hui dans ces même dix pays... La restructuration du secteur a lieu quoi qu'il arrive ».

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