Grève du lait Des actions spectaculaires, des effets difficile à quantifier
Une semaine après son lancement, la "grève du lait", initiée par des éleveurs étranglés par la chute des prix, reste difficile à quantifier en France alors que Bruxelles refuse de revenir sur la suppression des quotas.
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Le nombre de gréviste: la guerre des chiffres a commencé (© Terre-net Média) |
Ainsi, dans la Loire, la grève du lait est suivie par 40 à 45% des 2.000 producteurs laitiers selon des sources syndicales, et par à 2 à 5% des agriculteurs selon les coopératives du département qui collectent le lait. Dans le Nord-/Pas-de-Calais, les représentants de l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants) revendiquent environ 30% de grévistes, alors que le président des producteurs de lait du Nord, Philippe Cartieaux, évalue à « 2% » le nombre de grévistes. Selon l'Apli, le taux de participation serait plutôt en hausse. En Charente, Philippe Varacher, membre de l'Apli et producteur à Verneuil, estime « à 10% » le pourcentage de grévistes en début de mouvement dans son département contre « 40% aujourd'hui ». « On va vers les 60% » de grévistes, assure ce producteur.
Pour Yves Leperlier, président de la commission lait de la Confédération paysanne, le chiffre donné par l'Apli de 50% des producteurs participant à la grève « va être dépassé ». « On s'achemine vers un blocage complet des laiteries ce week-end par manque de lait. C'est du jamais vu », a-t-il affirmé.
Du côté des industriels, l'Association de la Transformation Laitière Française (Atla), qui réunit les laiteries privées et les coopératives, a maintenu jeudi les chiffres annoncés la veille avec une collecte en baisse de 7 à 8% par rapport à l'an dernier à la même époque. L'Atla regroupe la FNCL (Fédération Nationale des Coopératives Laitières) et la FNIL (Fédération Nationale de l'Industrie Laitière).
De nombreuses opérations menées par les agriculteurs
Par ailleurs, la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), branche spécialisée de la FNSEA, le syndicat majoritaire opposé à la grève, évalue le « refus de livraison », autrement dit le taux des grévistes, entre 5 et 10% au niveau national. La FNPL, qui conteste les « chiffres aberrants » annoncés par l'Apli, reconnaît toutefois que la grève du lait est en revanche plus suivie dans certaines régions, comme le sud-ouest où se trouvent des usines de Danone et Bongrain, avec un taux de participation de 25 à 30%.
Plusieurs opérations spectaculaires, en particulier des déversements collectifs de lait, ont été menées par les grévistes ou sont en préparation dans l'Ouest qui fournit 60% de la production nationale: 150.000 litres de lait mercredi dans un champ dans le nord-Finistère ou 200.000 dans les Côtes d'Armor. Un rassemblement « gigantesque » avec déversement est annoncé jeudi à Tanis (Manche), à proximité du Mont Saint Michel. « Venez en nombre pour soutenir le mouvement et faire voir une bonne fois pour toutes que leurs chiffres sont faux et qu'ils arrêtent la manipulation », demande un mail de l'Apli adressé aux producteurs.
Tentative de répondre à la détresse des agriculteurs, qui vendent leur lait à un prix souvent inférieur aux coûts de production, la Commission européenne a proposé jeudi une série de mesures pour faire face à la crise du lait, dont un assouplissement des règles de recours à des sortes de « primes à la casse » pour la restructuration du secteur. Mais elle n'envisage pas de revenir sur l'abolition du système des quotas, pourtant indispensable, aux yeux des grévistes, pour endiguer la production.
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