Gestion et financement de l’exploitation laitière Des quotas à produire aux quotas à épandre
Les outils de régulation de la production laitière ne seront plus les quotas mais les droits d’épandages. Mais aussi, la rentabilité qu’il est espéré d’attendre des agrandissements potentiels dans une conjoncture du lait incertaine.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les capacités de stockage et les droits d'épandage, les nouveaux outils de régulation de la productio laitière. (© Terre-net Média) |
Les droits d’épandage dont disposera un agriculteur pour s’installer ou se développer seront dorénavant aussi déterminants que ses capacités à financer ses projets d’agrandissement. Ces droits s’imposeront donc d’eux-mêmes comme les nouveaux outils de régulation de la production laitière.
Dans ces conditions, la suppression des quotas pourrait accélérer la course aux droits d’épandage et créer pour ces raisons de nouvelles tensions sur le marché foncier après quelques années d’accalmie.
Comme par le passé, développer ses capacités de productions et accroître ses surfaces agricoles conduiront l’éleveur à :
- investir dans de nouvelles installations pour gérer les effluents et pour maintenir son exploitation aux normes, mais à quel prix ?
- avoir recours à l’épandage en acquérant ou en louant du foncier. Les coûts de production de ses fourrages et de ses cultures de vente destinées à amortir l’achat des nouvelles terres seront certes moindres grâce aux économies d’apports en engrais attendues. Mais en zones d’excédents structurels, il faut s’attendre à des concurrences entre filières agricoles des plus torrides car le foncier se fera encore plus rare.
Pas tous les œufs dans le même panier
Plutôt que de s’agrandir et de se spécialiser en lait, il peut s’avérer plus judicieux pour les exploitations de maintenir ou de développer plusieurs activités de production afin de répartir les risques économiques et faire face aux difficultés qui touchent rarement tous les secteurs en même temps. Cette possibilité de non spécialisation de l’exploitation est plus réalisable dans les sociétés dans la mesure où malgré tout chacun des associés peut être spécialisé dans son domaine. « En société, cela suppose que les associés acceptent que l’un d’entre eux puisse temporairement être amené à produire à perte et à faire baisser les résultats de l’exercice. Il est important que les éleveurs le comprennent ponctuellement et se soutiennent. Là encore, on se rend compte de l’importance du facteur humain dans la réussite de projets », fait remarquer Jean Paul Forveille, responsable du marché de l’agriculture du Crédit mutuel Maine Anjou Basse Normandie. |
En fait, c’est le coût prévisionnel de production, rémunération de l’éleveur incluse, qui orientera le choix de l’éleveur pour s’agrandir ou non, investir ou non. Et chaque projet d’agrandissement est un cas particulier.
Mais dans tous les cas, la rentabilité de tout projet d’agrandissement sera désormais étudiée sans l’attribution de nouveaux droits à paiement unique.
Gagner sa vie avec 300/400.000 litres
Aussi, il se peut que l’agrandissement ne soit pas « la solution » à la baisse du revenu des éleveurs compte tenu des investissements à prévoir.
« Il reste possible de gagner sa vie en produisant 300.000 ou 400.000 litres de lait. A un million de litres, le poids des charges de structure peuvent obérer la rentabilité de l’exploitation ! », analyse Jean Paul Forveille, responsable du marché de l’agriculture du Crédit mutuel Maine Anjou Basse Normandie.
Cet article s’inscrit dans la série Financement des exploitations laitières, installation, modernisation, investissments et difficultés de trésorerie |
Pour accéder à l'ensembles nos offres :