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Lettre ouverte de Franck Morel, Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral L'ensemble de la profession vétérinaire est scandalisée et se révolte... !

Les vétérinaires ne sont pas contents, mais pas contents du tout et le font savoir. Le 6 mai dernier, la proposition de loi déposée par deux députés UMP, M. Sauvadet (Côte d' Or) et M. Débray (Haute Saône) a mis le feu au poudre. Voici en intégralité la lettre ouverte envoyée par le docteur-vétérinaire Franck Morel.

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« Après la commission Attali qui souhaitait détruire notre profession, vous avez peut être eu connaissance de la proposition de loi déposée par deux députés UMP, Mr Sauvadet (Côte d'Or) et Mr Débray (Haute Saône) ?

Cette proposition vise à légaliser, sous prétexte de la souffrance animale causée par l'indisponibilité des vétérinaires, la réalisation de l'opération césarienne chez la vache par les éleveurs eux-mêmes !
Nous vous invitons à prendre connaissance des arguments suivants pour contacter les autres élus: Députés ou Sénateurs et souligner le caractère inacceptable de cette proposition.

La coupe est pleine !

Et si vous ne trouvez rien de mieux à faire que de vous mettre à dos l'ensemble de la profession, qui a voté majoritairement pour l'UMP aux dernières élections ; nous allons manifester notre vif mécontentement dans les urnes prochainement et soyez assurés que toute la profession, les syndicats vétérinaires et leurs familles seront mobilisés... Nous ne nous laisserons pas faire ! Nous ne vous laisserons pas saccager la profession vétérinaire !

1°) Le contexte : l’an passé, deux éleveurs de la circonscription de Mr Sauvadet ont été condamnés en appel pour exercice illégal de la médecine vétérinaire (réalisation d'opération césarienne) et détention de produits interdits (Clenbutérol ND). Ces éleveurs de race Blanc Bleu Belge ont recours à l'opération césarienne systématique, comme acte zootechnique permettant seul la naissance de produits viables. On soulignera que la grande valeur de ces animaux doit compenser les frais engendrés par ces opérations.

2°) Les faits : cette proposition de loi, qui concerne le cœur du métier des vétérinaires : la chirurgie, a été élaborée sans qu'à aucun moment ne soit entendu un quelconque représentant de notre profession. La qualité de Médecin de Mr Debray est un facteur aggravant de cette absence totale de concertation. La méthode employée par ces deux députés doit donc être dénoncée sans ambiguïté auprès de leurs pairs.

3°) L'élément le plus mensonger du discours de ces deux parlementaires est l'indisponibilité des vétérinaires obstétriciens. Le réseau d'urgentistes fonctionne à la perfection, à la satisfaction générale, dans des délais moyens d'intervention inférieurs à ceux du SAMU. Dans le cas contraire, les doléances des OPA (Organisation professionnelle agricole) auraient été, de longue date, relayées par les préfets vers le Ministère.

4°) Il ne faut pas avoir peur d'être taxé de corporatisme, lorsqu'il s'agit de défendre le centre de notre formation : la réalisation d'actes chirurgicaux minimisant la souffrance et les risques de mortalité des animaux qui nous sont confiés. Le prétexte de l'indisponibilité des vétérinaires pour ces actes doit être combattu.

5°) La détention des médicaments nécessaires à la maîtrise de l'anesthésie et donc de la souffrance animale est soumise à une réglementation précise protégeant la santé publique et les consommateurs. Cette législation ne saurait supporter de dérogations de ce niveau sans risque de dérive évident.

6°) La souffrance animale, liée à l'attente du vétérinaire est une aimable plaisanterie, comparée à celle endurée par ces animaux opérés par des profanes et ne pouvant en aucun cas disposer légalement des anesthésiques indispensables
D’ailleurs, la position de la FVE (Fédération des vétérinaires européens) dans sa définition de l'acte vétérinaire, rappelle entre autre ceci :
Toutes les interventions matérielles et intellectuelles qui ont pour objectif de diagnostiquer, traiter, ou prévenir les maladies comportementales ou physiques, les blessures, la douleur ou les malformations d'un animal, ou bien de déterminer l'état de santé et de bien être d'un animal ou d'un groupe d'animaux, et notamment son statut physiologique, et qui comprennent la prescription de médicaments vétérinaires ;
Toutes les interventions qui causent, ou peuvent potentiellement causer de la douleur ;
Toutes les interventions invasives.
En tout état de cause, les possibilités de délégations d'actes ont partout en Europe, clairement exclus les actes de chirurgie majeure.

7°) La banalisation de l'acte chirurgical, que contient cette proposition, est constante dans certaines productions dont les aberrations zootechniques devraient toujours être compensées par le recours à des actes invasifs, ne respectant pas l'intégrité physique des animaux. Une réflexion sur les pratiques de cette filière, pour laquelle le recours à la césarienne masque l'absence de sélection sur la facilité de mise bas, serait plus éclairante pour les consommateurs.

8°) Le code rural autorise la réalisation par les éleveurs d'animaux de rente des soins courants. Il n'existe pas d'argument recevable pour qualifier de « soin courant » la césarienne bovine.
Merci de bien faire "remonter" le très vif mécontentement de l'ensemble de notre profession ! De toute façon, vous verrez bien les conséquences de vos "réformes" aux prochaines élections... »

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