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Fertilisation azotée des pâtures Apporter de l’azote reste économiquement intéressant

Entre 2003 et 2006, deux essais ont été menés par la Haute école suisse d’agronomie, en partenariat avec Agroscope-Changins sur prairie temporaire et permanente. Les résultats en chiffres !

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Les essais portaient sur la comparaison de quatre modalités d’application des engrais azotés minéraux, pour un total constant de 150 kg/ha de nitrate d’ammoniac (graphique 1) : à dose constante, à dose plus importante au printemps, en été (30 kg N/ha après le 1er septembre) et en automne (60 kg N/ha après le 1er septembre) . Objectif : régulariser la production des pâturages sur l’année.

Graphique 1 : Période et dosage des apports d’azote des 4 procédés avec 150 kg N/ha/année : N1 = doses et application régulières. N2 = doses plus importantes au printemps. N3 = doses plus importantes en été. N4 = doses plus importantes en automne. (© )

Menés entre 2003 et 2006, ils n’ont malheureusement pas échappés à la sécheresse qui a sévit ces années là. « Les conditions climatiques ont eu une influence décisive sur l’offre en fourrage des deux pâturages », explique d’ailleurs Peter Thomet, enseignant-chercheur dans la Haute école suisse d’agronomie. De fait, les rendements annuels en matière sèche ont été relativement faibles, en raison des faibles précipitations estivales et des températures froides enregistrées au printemps et à l’automne.

Harmoniser l’offre en fourrage

« Indépendamment de ces facteurs environnementaux, la fumure azotée a exercé un effet important sur la croissance de l’herbe » détaille toutefois le scientifique. En effet, l’analyse des courbes de croissance de l’herbe montre que les courbes du procédé fertilisé régulièrement sont parallèles à celles du témoin sans azote, traduisant une bonne répartition des doses d’azote. L’apport total d’azote (équivalent dans toutes les modalités) a, au final, permis un gain de 2,5 t MS/ha, soit 28% du rendement annuel.
Si l’on compare les modalités apport au printemps et apport à l’été, on note un avantage en faveur des apports estivaux (Graphique 2). L’effet agit avec retardement et « une quantité d’herbe moyenne de 0,9 t MS/ha a pu être reportée du printemps à la fin de l’été, respectivement 1,16 t MS/ha en automne, soit près de 10% du rendement annuel ». Entre août et novembre, lorsque la croissance de l’herbe se ralentit, le report de la fumure azotée en été a permis d’augmenter de 45% la production. Concrètement, cette augmentation représente « 63 jours de pâture par UGB/ha, soit environ 3 semaines de pâture supplémentaires pour les deux exploitations étudiées ». Le fait de décaler les apports d’azote du printemps à l’été a donc un effet régulateur sur la croissance de l’herbe. « La conduite du troupeau en est facilitée, puisque la charge varie moins en cours de saison. De plus, les besoins en surface sont globalement plus faibles et la pâture peut durer plus longtemps en fin de saison. »

Graphique 2 : Effet du dosage de l’azote sur la croissance moyenne de l’herbe. (© )

Apports d’automne : effet retard

L’analyse des résultats montre que « le gain de production en automne était faible, car le dernier apport d’azote à la fin de septembre n’a pratiquement pas eu d’effet immédiat ». Mais ces apports n’ont pour autant pas été vains. L’azote a en effet été fixé en hiver et rendus disponibles dès la reprise d’activité biologique du sol au printemps suivant. « Ils ont permis des gains de rendement substantiels au printemps suivant. Le même constat a été fait avec la variante ‘été’, mais dans une moindre mesure. Le dernier apport appliqué à fin août-début septembre agissait en majeure partie avant l’hiver et une petite fraction était encore valorisée au printemps suivant. »

Rendement et efficacité de l’azote

En raison de la sécheresse enregistrée pendant les essais, les rendements annuels en matière sèche ont été inférieurs aux références (12 t MS/ha). « En moyenne, l’efficacité de l’azote a atteint 16,3 kg MS par kilo d’azote apporté, ce qui reste un résultats économiquement intéressant. » Il faut toutefois noter que ce seuil n’a pas été atteint en 2003 et 2004 sur la prairie temporaire (efficacité moyenne : 7,2 kg MS/kg N). Pour les scientifiques en charge de l’essai, cette différence est liée « à la part élevée de trèfle blanc dans la composition botanique. Le témoin non-azoté aurait bien valorisé l’azote fixé symbiotiquement ». Malgré cela, en moyenne, l’apport d’azote reste économiquement intéressant car chaque kilo d’azote épandu a entrainé une augmentation de rendement moyen « de 20 kg de MS, soit un gain de production de 42% ».

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