Polyculture-élevage Une expérience prometteuse limitant les intrants
L’Inra expérimente sur le plateau Lorrain deux systèmes biologiques de polyculture-élevage. Les résultats obtenus attestent d’un système rentable et prometteur en constante évolution.
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Les résultats montrent que « les mêmes marges, qu’en agriculture conventionnelle, sont réalisées et cela sans considérer les aides pour les agriculteurs biologiques. Compte tenu de l’augmentation du prix des intrants cette solution est ainsi attractive pour tous les agriculteurs qu’ils soient en bio ou en conventionnel, précise-t-il. Les systèmes sont productifs puisqu’ils produisent à eux deux de 83 à 98% de la référence laitière du territoire. En revanche, les données manquent encore pour présenter les résultats au niveau environnemental ».
Un système prometteur mais perfectible
L’objectif des travaux réalisés par l’équipe conception/évaluation de systèmes agricoles innovants à l’Inra Sad-Aster de Mirecourt est en effet de concevoir des systèmes de polyculture élevage autonomes, répondant à de multiples objectifs (environnementaux, agricoles…). « Les systèmes ont été conçus agronomiquement et économiquement » explique Xavier Coquil. La conception et l’amélioration sont réalisés pas à pas dans un respect des objectifs agro-environnementaux, du respect d’une faisabilité technique et pratique et des aléas perçus ou anticipés.
Le premier système herbager compte 40 vaches laitières et 80 hectares de prairies permanentes. Le second de polyculture compte 60 vaches laitières sur 50 hectares de prairies permanentes et 110 hectares de cultures rotationnelles.
Quand le passage au bio permet de supprimer les contraintes
Pour le système herbager la contrainte de limitation des intrants a entraîné la nécessité de « maximiser l’herbe dans la ration des vaches laitières » explique Xavier Coquil de l’Inra de Nancy. Les vêlages ont ainsi été groupés en fin d’hiver afin que la consommation maximale du troupeau corresponde au pic de pousse de l’herbe au mois de mai.
L'énergie, une voie à explorer« La diminution de la consommation énergétique, plus précisément la consommation de fioul sont des axes à explorer. Elle représente en effet 43% de la consommation énergétique d’un système grande culture biologique. Une étude de la diversité des pratiques culturales des agro-biologistes, a d’ailleurs mis en évidence un gradient de consommation allant de 50 l/ha/an à 150 l/ha/an. Ce dernier correspond à une pression contre les adventices variable, d’une pression nulle avec un travail du sol nul à une sortie d’engin toutes les semaines pour réaliser des faux semis. L’échange avec des experts (Chambre d’agriculture, Inra, Arvalis…) ont permis d’établir caractériser les systèmes de culture et les stratégies économes en énergie avec bonne gestion d’adventices. Trois stratégies de travail du sol ont ainsi été sélectionnées et mises en expérimentation : la permaculture, le non-labour et le labour » explique Xavier Coquil. |
« Nous avons obtenu de bons résultats de 2004 à 2008, avec une mise en pâture de 240 jours et 215 nuits par an, contre moyenne départementale de 180 à 200 jours pour les systèmes herbagers, une consommation de stock inférieure à 2 tonnes de matière sèche sur les 5 tonnes de MS ingérées par une vache chaque année et une consommation nulle de concentrés. Nous avons cependant rencontré des problèmes pour féconder toutes les vaches laitières en même temps » ajoute-t-il.
Le dégroupement des vêlages a pu être mis en place grâce à la conversion des systèmes de l’agriculture conventionnelle en agriculture biologique. En effet, cette conversion a écrêté le pic printanier de production d’herbe ce qui a permis de continuer à maximiser la part d’herbe au sein des rations des vaches laitières.
Au total, le système conçu devrait être garant d’une haute performance environnementale. L’hétérogénéité du territoire serait ainsi considérée comme une ressource et non une contrainte.
D’autre part, les ressources vont également être diversifiées avec l’introduction d’une nouvelle complémentarité entre systèmes. La réussite de ce projet repose sur une vigilance et une réactivité permettant de reconcevoir les systèmes au fil du temps pour gagner de la durabilité. « Nous allons introduire des moutons au sein de ces deux systèmes. L’idée est d’augmenter la productivité de ces systèmes et de limiter encore plus la consommation d’énergie en les utilisant comme désherbeurs des champs cultivés durant les périodes d’interculture et comme régulateurs des surfaces fourragères afin de ne plus utiliser les vaches comme tampon des fluctuations fourragères. »
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