Filière laitière Quel paysage laitier pour la France après 2015 ?
La France a toujours été un pays d’élevage. La suppression des quotas laisse imaginer un élevage laitier à deux vitesses. « Des formules 1 du lait » dans les zones de grande production et des « vaches à fromage » dans les régions montagneuses. L’Office de l’élevage présente l’évolution de la répartition des élevages sur notre territoire en fonction des bassins de production industrielle.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Regards sur nos voisins allemands ? La situation « figée » (ndlr : de la répartition des élevages laitiers français) contraste avec l’évolution du secteur laitier de certains pays du nord de l’Europe (Pays-Bas, Danemark, ou encore Allemagne). Focus en Allemagne, où en 1986 le pays possédait une production laitière réellement géographiquement homogène. Presque 20 ans plus tard, la situation est bien différente. Deux régions se distinguent : la région de Bavière au sud et la région de Schleswig-Holtsein au nord avec respectivement 37% et 30% du cheptel bovin lait allemand. « L’arrêt de la production laitière au centre, s’est fait au profit des céréales et d’un contexte de politique de « biocarburant » » commente Yves Tregara, de l'Office de l'élevage. Cette évolution a été « provoquée » par des politiques très libérales de la production laitière. Y aura-t-il en France, le même décalage ? |
Quelle répartition de l'élevage laitier en France après les quotas ?
La France pourrait voir apparaître des zones de fortes productions et très industrialisées (avec comme débouché : ultra frais, fromages industriels, poudres et beurres) et d'autres zones, ou niches pour les productions sous appellations.
Conséquence directe, l'accentuation de la répartition des élevages en France : deux zones de productions industrielles (l'ouest et le nord est).
Rétrospective :
Depuis 1984, année de l’instauration des quotas laitiers, la répartition des exploitations agricoles sur le territoire n’a quasiment subi aucun changement. La répartition régionale de la production « n’a pas évolué » indique Yves Tregaro de l’Office de l’élevage, en ajoutant qu’entre 1995 et 2006 l’Office de l’élevage chiffre la diminution du nombre d’exploitations agricoles d’environ 4%.
En France les principaux bassins de production laitière sont situés à l’ouest (ou communément appelé « Grand ouest ») et au nord/nord est (le croissant), voir la carte : Nombre d'exploitations laitières par canton en 2005.
Nombre d'exploitations laitières par canton en 2005 (© Office de l'élevage) |
Dans ces zones (grand ouest et croissant) on retrouve beaucoup d'exploitations par canton. Dans le reste de la France le nombre d'exploitations est plus faible, mais avec une production plus importante. (cf. la carte : Paysage laitier français en fonction de la production laitière de chaque exploitation).
Paysage laitier français en fonction de la production laitière de chaque exploitation. (© Office de l'élevage) |
L'Office de l'élevage prévoit que les exploitations en marge du croissant et du grand ouest se développent et profitent du dynamisme industriel de ces deux zones. Elles bénéficieraient de plusieurs atouts :
- Des zones où les exploitations n’ont pas été freinées dans leur dynamique d’expansion (disponibilité de quotas, due à une plus faible densité d'exploitations) ;
- Des éleveurs « entrepreneuriaux » et avec de très gros quotas (plus de 300.000 litres) ;
- Des exploitations à proximité des outils industriels ;
- Des économies d’échelle et d’agglomération dans ces zones.
Perspective sur l'agrandissement des zones de collectes du lait en France (© Office de l'élevage) |
Cette évolution devra se faire avec deux acteurs, explique Yves Tregara qui insiste sur l'importance du rôle de chacun dans l'évolution du paysage laitier français. Elle devra se faire selon lui, en accord avec « les industriels et les éleveurs ».
Pour les industriels français, la stratégie est dure mais simple. Ils doivent disposer d'un volume de lait à proximité de leurs outils de transformation. Ce volume sera minimal par exploitation, et la distance entre laiterie et producteur devra être acceptable, et de même avec la distance producteur/producteur.
Pour les éleveurs laitiers, la stratégie demande plus d'adaptation. Il sera important de s'inscrire (d'être géographiquement présent) dans un tissu laitier (d'une certaine capacité de production) afin « d'intéresser » les industriels. L'environnement sera très important, surtout s'il se crée une concurrence entre les productions végétales et les productions animales. Dernier point : la définition de la référence minimale de lait à l’installation.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :