Alimentation De la mélamine dans 300 tonnes de soja chinois destinées à la volaille bio - Précisions

"L'un des 3 lots importés, de 293 tonnes, présentait un taux de mélamine de 116 mg/kg pour une norme de 2,5 mg. Tous les aliments fabriqués à partir de ces matières ont été retirés du marché début novembre", a indiqué vendredi à l'Afp Christophe Couroussé, directeur de la communication de la coopérative Terrena à Ancenis (Loire-Atlantique) Le tourteau de soja avait été livré, avant analyses, essentiellement à 127 éleveurs bio des Pays de Loire par l'intermédiaire de la société Bio nutrition animale (Bna), filiale de Terrena à Mervent (Vendée) spécialisée dans la fabrication d'aliments bio.

Tourteaux utilisés pour fabriquer des aliments

"Les analyses de viande de porc et de poules pondeuses montrent qu'il n'y a aucun danger pour la santé publique. Contrairement à la dioxine, la mélamine ne s'accumule pas dans l'organisme. Il n'y a pas de transmission dans la chaîne alimentaire", a indiqué à l'Afp Frédéric André, de la Direction des services vétérinaires de Vendée.

Les tourteaux de soja à la mélamine ont été utilisés pour fabriquer des aliments pour des éleveurs de 11 départements: Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne, Deux-Sèvres, Vendée, Calvados, Eure, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire, Sarthe et Orne.

La société Bna a fait part de son intention de porter plainte pour fraude caractérisée, l'adjonction de mélamine permettant "d'augmenter artificiellement le taux de protéines" et d'augmenter ainsi le prix de vente du produit, selon M. Couroussé. "La filière bio a besoin de 18.000 tonnes de soja alors que la France n'en produit que 4.000 tonnes", explique M. Couroussé. Les importations de Chine s'expliquent par la mauvaise récolte du Brésil, pays d'approvisionnement habituel de la filière. Les contrôles sur les stocks ont été réalisés après une alerte de l'Union européenne fin octobre recommandant la vigilance sur les importations en provenance de Chine.

« Il n'y a pas de filière plus contrôlée que le bio »

De son côté, l'organisme Ecocert, en charge de la certification bio du soja importé, a estimé que l'exportateur chinois avait commis une "fraude", que ses procédures de contrôle n'avaient pas pu détecter. "Notre certification porte sur un mode de production biologique", a indiqué à l'Afp Jérôme Viel, responsable de la certification chez Ecocert. L'organisme, qui a un bureau à Pékin, contrôle "des pratiques" et vérifie une "traçabilité", mais ne peut se porter "garant" contre des "fraudes" comme celles commises par l'exportateur chinois, a-t-il estimé. Il y a bien des contrôles opérés par Ecocert sur les produits eux-même, mais ils portent "surtout sur les pesticides", banni du cahier des charges bio, a-t-il expliqué. Depuis cette affaire, "nous avons décidé chez Ecocert de mettre sous surveillance accrue les importations de tourteaux de soja bio", quelle que soit leur origine, a-t-il indiqué. "Il n'y a pas de filière plus contrôlée que le bio", a-t-il indiqué.

Selon Terrena, le fournisseur chinois incriminé est la société Hongliang, basée à Dalian (nord de la Chine). Son autorisation d'exportation en France a été suspendue par le ministère de l'Agriculture, a indiqué Ecocert. De leur côté, les producteurs européens de produits naturels à base de soja ont tenu à préciser dans un communiqué que "les produits à base de soja", destinés à la consommation humaine "tels que le lait de soja, les desserts à base de soja, les steaks de soja, etc, mis sur le marché (...) ne sont pas du tout concernés" par ce problème de contamination à la mélamine.