Sécurité alimentaire Lait chinois : la France veut des contrôles sanitaires renforcés
La présidence française de l'UE milite pour que l'Europe renforce ses contrôles sur les importations de produits alimentaires, face aux scandales sanitaires comme celui du lait frelaté en Chine, mais l'idée est encore loin de faire l'unanimité parmi les 27.
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"On voit bien avec ce qui se passe en Chine sur le lait, ce qui s'est passé avec l'huile frelatée en Ukraine, que la société a des exigences", a indiqué Michel Barnier dans une interview à l'AFP, à l'occasion d'une réunion avec ses collègues européens en France à Annecy (centre-est) qui a débuté lundi.
La peur du lait contaminé chinois, qui a gagné plusieurs pays à l'étranger, "me renforce dans la défense d'un mémorandum que la France a présenté sans attendre ces crises, sur le renforcement des contrôles sanitaires des produits importés en Europe", a-t-il ajouté. Il s'agit de "protéger les consommateurs, harmoniser les méthodes et les règles de contrôles et aussi faire en sorte que les produits qui rentrent en Europe respectent bien les mêmes normes que celles que nous imposons à nos producteurs sur le plan sanitaire", a expliqué le ministre. La France espère que ce projet sera avalisé par l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne d'ici la fin de l'année, puis que la Commission européenne présentera par la suite un proposition de loi en ce sens.
Ce mémorandum, présenté en juin par Paris, met le doigt sur "certaines lacunes", malgré les mesures sévères de traçabilité prises après l'affaire de la vache folle. "Elles sont notamment liées à des différences de pratique entre Etats membres sur la mise en oeuvre des contrôles", et à un manque d'harmonisation des règles, surtout après l'élargissement de l'UE, souligne le document.
«Nous voulons davantage de contrôles renforcés dans les pays d'exportation»
Pour l'heure, Paris affirme disposer du soutien de 15 à 20 pays. Les autres, notamment la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la Suède, sont réticents car ils redoutent que l'Europe soit accusée une nouvelle fois de protectionnisme et s'attire les foudres de l'Organisation mondiale du commerce. Ils soupçonnent Paris de vouloir, par le biais de barrières sanitaires, trouver un nouveau moyen de protéger les agriculteurs européens de la concurrence étrangère.
L'Allemagne est également réservée. "Cela ne fait pas sens de faire des contrôles renforcés en Europe si les aliments partent déjà en étant dangereux", a indiqué lundi à Annecy le secrétaire d'Etat allemand à l'Agriculture Gert Lindemann. "Nous voulons davantage de contrôles renforcés dans les pays d'exportation, dans ce cas-ci la Chine. C'est une obligation pour la Chine", a-t-il ajouté.
La commissaire européenne à la Santé, Androulla Vassiliou, se montre également prudente. "A partir des propositions de M. Barnier, nous allons démarrer les discussions" mais " cela dépend de la capacité et de la volonté des Etats membres de durcir les contrôles", a-t-elle dit à l'AFP, en se refusant à donner un calendrier.
Concernant les produits laitiers chinois, elle a réaffirmé qu'"il n'y a rien à craindre" en Europe, car l'UE n'en importe pas. Un quasi-embargo sur les importations chinoises de produits d'origine animale est en vigueur depuis 2002 car l'UE juge les contrôles insuffisants sur place. Mais la surveillance douanière a quand même été accrue pour déjouer d'éventuelles fraudes et vérifier si des particules de lait chinois ne se trouvent pas dans d'autres produits alimentaires importés. Un haut fonctionnaire de la Commission, Robert Madelin, Directeur général à la Santé et à la protection des consommateurs, se trouve par ailleurs actuellement en Chine, "pour des discussions sur les importations chinoises", a dit Mme Vassiliou.
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