Login

Union européenne La France et la Commission s'opposent sur la régulation des prix agricoles

La Commissaire européenne et la France, qui préside l'UE, ont affiché dimanche leurs divergences sur le bien fondé pour les pouvoirs publics de réguler les prix des denrées agricoles afin de limiter la spéculation, à la veille d'une réunion ministérielle.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La commissaire à l'Agriculture Mariann Fischer Boel a rejeté une idée, soutenue en particulier en France, visant à la création de stocks de sécurité agricoles européens pour freiner la volatilité des cours, après la flambée récentes des matières premières. "Je dois essayer de rester extrêmement polie, dans la mesure où la France accueille la réunion informelle" des ministres européens de l'Agriculture, prévue lundi et mardi à Annecy (Centre-Est), a ironisé Mme Fischer Boel devant des journalistes.

"Je dirais que je ne suis pas farouchement en faveur de cette idée" de stocks, a-t-elle ajouté. "J'ai vu les gros problèmes que cela cause lorsque les responsables politiques pensent qu'ils peuvent mieux gérer l'agriculture que les exploitants eux-même et les opérateurs du secteur du négoce" des matières premières agricoles, a estimé la commissaire danoise. "Je pense définitivement que cela ne serait pas une bonne idée", a-t-elle dit.

L'idée de doter l'Union européenne de stocks de sécurité de matières premières agricoles a été régulièrement avancée depuis la flambée des cours à l'automne 2007. Elle est soutenue en particulier par des organisations professionnelles du secteur en France.

«Les responsables politiques pensent qu'ils peuvent mieux gérer l'agriculture que les exploitants»

Le ministre français de l'Agriculture, Michel Barnier, s'il n'a pas évoqué la création d'un nouveau système spécifique de stocks, demande en revanche avec vigueur le maintien du mécanisme existant de stocks "d'intervention" face à la volatilité des cours. Ce système d'intervention, que la Commission veut supprimer sous sa forme actuelle, prévoit le rachat par l'Union européenne à un prix minimum garanti (un peu plus de 100 euros la tonne pour le blé par exemple) de certains produits agricoles si les exploitants ne trouvent pas de débouchés ailleurs. "Je crois que ce serait une faute dans le monde instable et volatil où nous sommes, s'agissant des prix, avec des phénomènes spéculatifs nouveaux, et parce qu'il s'agit de l'alimentation, de renoncer à ces outils de régulation ou d'intervention", a-t-il dit dimanche dans une interview accordée à l'AFP à Annecy.

"Nous avons un point de débat avec la Commission sur ce sujet", a-t-il reconnu. "Compte tenu de tout ce qui se passe dans le monde en ce moment, à la lumière de la crise du système financier aux Etats-Unis, on doit garder ces outils de régulation", a-t-il ajouté, soulignant que la flambée des cours avait eu "des conséquences graves" pour les populations.

A la veille de la réunion ministérielle, plus de 2.000 agriculteurs et militants altermondialistes, selon la police, 5.000 selon les organisateurs, ont manifesté à Annecy pour "une autre politique agricole européenne". Parmi les manifestants, le leader altermondialiste José Bové a jugé la "PAC actuelle inacceptable parce qu'à la fois elle détruit les emplois paysans, elle produit une agriculture qui va contre l'intérêt des consommateurs en terme de qualité et elle détruit l'environnement".

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement