Financement et bilan de santé de la de Politique agricole commune A la veille de du conseil informel des ministres de l’agriculture, la France déclenche les hostilités
La présidence française de l'UE lance une grande offensive lors d'une réunion ministérielle lundi et mardi pour défendre la Politique agricole commune (Pac) et poser des jalons en vue des débats budgétaires européens conflictuels à venir.
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Pour Paris, la crise alimentaire mondiale, marquée par une envolée des cours des matières premières agricoles jusqu'au début de cette année et des pénuries dans de nombreux pays en développement, a changé la donne en marquant le retour de l'agriculture au premier plan des préoccupations.
"Au cours des dernières décennies, chacun a pu croire que l'approvisionnement alimentaire était assuré et que l'enjeu essentiel des politiques agricoles était de réduire l'offre, au moins dans les pays développés", souligne la présidence française de l'UE dans un document préparatoire à la réunion informelle des ministres européens de l'Agriculture prévue lundi et mardi à Annecy (centre-est de la France). "Or, le contexte a changé avec une flambée des prix de certaines matières premières agricoles et des stocks mondiaux au plus bas", ajoute le document.
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"Ces évolutions font du défi de la production le premier auquel les agricultures dans le monde doivent répondre". A commencer par celle de l'Europe. En filigrane, pour Paris, soutenu par toutes les grandes puissances agricoles européennes comme l'Allemagne, la Pologne ou l'Irlande, il s'agit surtout d'éviter un démantèlement de la Pac lors des discussions préparatoires au futur budget de l'UE, après 2013, qui s'annoncent comme par le passé houleuses.
L'idée de la présidence française est aussi de marquer sa différence avec la stratégie libérale suivie par la Commission européenne, notamment avec son "bilan de santé de la Pac", visant à éliminer progressivement les mécanismes d'incitation à la production et de rapprocher les agriculteurs de la réalité du marché.
"Clairement, les Français veulent commencer à préparer les discussions financières en profitant du contexte de crise alimentaire", souligne un diplomate européen. Toutefois, fait-il remarquer, la situation a un peu changé par rapport au début de l'année, avec un fort recul de certains prix. Celui du blé a ainsi été réduit de près de moitié en un an, passant de 300 euros la tonne à 160 euros.
Les pays du Nord font entendre leur différence
Les Britanniques, traditionnels pourfendeurs de la Pac, qui engloutit à elle seule 40% environ du budget de l'UE, mais aussi les pays scandinaves, font une analyse diamétralement opposée de celle de la France: pour eux, les subventions agricoles en Europe sont directement responsables de la hausse des prix, en empêchant notamment l'importation de produits moins onéreux. "Nous tirons des conclusions différentes de la crise alimentaire. A notre avis, c'est en allant vers une politique davantage tournée vers le marché que nous rapprocherons les prix alimentaires en Europe de ceux du marché mondial", moins élevés, souligne une source diplomatique britannique.
A Londres, on reste encore serein face aux efforts déployés par la France. "Le débat à Annecy n'est que le début d'un débat qui va durer tout au long des prochaines années", ajoute cette source diplomatique britannique. "En tout état de cause, l'objectif de long terme du Royaume-Uni est de parvenir à une réduction assez significative du budget de la Pac".
La réunion d'Annecy sera l'occasion d'une mobilisation des agriculteurs. Une manifestation est prévue dans la ville dès dimanche, sous le slogan "Une Agriculture pour vivre". Le ministre français Michel Barnier, hôte de la réunion, a prévu de recevoir leurs représentants. Le Conseil européen des jeunes agriculteurs se réunira aussi le même jour dans la ville pour parler de l'avenir de la Pac.
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