Crise ovine Une filière à bout de souffle
Un cheptel "moribond", des éleveurs de moutons "désespérés" : la filière ovine française périclite depuis plus de 25 ans, malmenée par des importations massives et une consommation nationale en berne.
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Pour contrer ce déclin, le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, organise une conférence les 4 et 5 septembre à Limoges, sur "les enjeux et avenir de la filière ovine européenne". Plusieurs de ses homologues européens ainsi que Mariann Fischer Boel, commissaire européenne à l'Agriculture, y sont conviés.
Pour la France, qui assure la présidence de l'Union européenne, la filière ovine "doit être mieux soutenu par les politiques communautaires". La discussion autour du "bilan de santé" de la Pac, prévue pour les semaines à venir, devrait être l'occasion de remettre les aides à la filière ovine sur le tapis.
La France n'est pas le seul pays touché par cette érosion. En 2007, la production européenne a baissé de 4,8% par rapport à l'année précédente, selon les chiffres d'Agreste Synthèses, une publication du ministère de l'agriculture. L'année 2008 devrait être sur la même tendance, les éleveurs produisant de plus en plus à perte, suite à la flambée des charges.
36 % de moins qu'en 1979
En France, la confédération paysanne, deuxième syndicat agricole, s'est mobilisée pour relayer le "désespoir" des éleveurs. Il menace de perturber la conférence européenne si ses revendications ne sont pas entendues. Pour soutenir ce secteur qui dégage des revenus parmi les plus faibles du monde agricole, la confédération paysanne réclame une aide d'"urgence" de 35 euros par brebis ainsi qu'une revalorisation des aides européennes, notamment. Mercredi, quelques éleveurs sont venus à Paris avec leurs moutons "s'inscrire aux Archives nationales", une action symbolique destinée à faire savoir aux "générations futures (...) qu'il y avait des gens qui avaient une activité autour du mouton".
La Fédération nationale ovine (Fno), association spécialisée rattachée au syndicat majoritaire Fnsea, attend aussi une aide pour sortir l'élevage ovin de son état "moribond". Elle estime ce soutien à 160 millions d'euros par an. Le secteur "a été oublié dans les différentes négociations de la Pac (politique agricole commune) dans les années passées et aujourd'hui nous devons rattraper le retard", a expliqué à l'Afp le président de la Fno, Serge Préveraud. Il s'agit surtout de "rééquilibrer les aides" qui jusqu'à maintenant ont surtout bénéficié à l'élevage bovin.
Troupeau laitier épargné
Depuis plus de 25 ans, le cheptel ovin français, troisième d'Europe, loin derrière l'Espagne et le Royaume-Uni, ne cesse de s'éroder. En 2007, il ne comptait plus que 8,3 millions de têtes, soit 36% de moins qu'en 1979, selon les chiffres d'Agreste Conjoncture, une publication du ministère de l'Agriculture. Ces trois dernières années, le déclin s'est accéléré avec une perte de 600.000 têtes, soit 7% du troupeau.
L'érosion concerne le troupeau viande, largement majoritaire (80%). En revanche, le troupeau laitier est épargné, grâce à la bonne santé du marché du fromage de brebis. Sur les six principales régions de production, la première d'entre toutes, le Limousin, où se tiendra la conférence européenne, est la plus affectée.
La production française de viande ovine diminue en même temps que sa consommation. En 2007, après trois ans de stabilité, celle-ci chute de 4,5%. Les Français consomment désormais 3,8 kg par an, contre 4,9 kg en 2000. Même si les importations sont en repli (-7% en 2007), celles-ci restent toujours majoritaires sur le marché français. Elles proviennent principalement du Royaume-Uni, de Nouvelle-Zélande et d'Irlande.
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