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Elevage bovin, ovin et caprin Y-a-t-il un pilote dans l’avion agricole européen ?

La confédération nationale de l’élevage a donné rendez-vous ce mois de juin aux professionnels de toutes les filières élevages français. Objectif : bien percevoir toute la complexité des enjeux et réfléchir « ensemble » aux lignes de défenses dans le cadre de la rencontre Pac dite de "bilan de santé".

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« Nous sommes complètement déboussolés ! » Ce cri du cœur, lancé par Pierre Chevalier, président de la Fnb-Fne, résume à lui seul l’état d’esprit de la filière élevage française réunie au grand complet à Paris le 5 juin dernier pour la journée "Défis et opportunités pour l’élevage ruminant en Europe", organisée par l’Institut de l’élevage. Selon Pierre Chevalier, « nous sommes dans l’œil du cyclone, un cyclone qui met en difficulté l’ensemble des productions agricoles mondiales ». Une impression partagée par ses homologues de la Fno, la Fnpl, la Fnec, l’Apca et la Fnea.

« Est-ce normal que dans les négociations Omc, l’Europe se soit laissée aller à abandonner la préférence communautaire, la souveraineté alimentaire, la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire, le bien être animal ? » poursuit-il en interrogeant directement José-Manuel Suza-Uva, le directeur à la direction générale de l’agriculture à la Commission européenne.

Volatilité mortelle

À la suite de ces propos, chacun des présidents des filières élevage est allé de son explication de texte, histoire de bien faire comprendre à José-Manuel Suza-Uva toute l’urgence de la situation. « Les politiques de soutien européennes sont complètement déséquilibrées, reprend Serge Prevot, le président de la Fno. L’élevage ovin a toujours été traité en dehors des grandes réformes et le résultat est qu’aujourd’hui, 62 % des éleveurs ont disparu. » Un « gâchis » pur et simple qui a eu pour conséquence la baisse de consommation et l’augmentation des importations en provenance des pays tiers.


Une première : le 5 juin dernier, l’ensemble des fédérations française – bovin, ovin, caprin, production viande et laitière – était réunie pour porter un message à Bruxelles à l’aube du bilan de santé de la Pac et à quelques jours de la prise de présidence française de l’Union européenne. (© Céline Zambujo)

Gâchis pour les uns, « cocktail mortel » pour Henri Brichard, président de la Fnpl. « Les prix laitiers actuels sont des trompe-l’œil ! Les mouvements sociaux, les grèves du lait sont là pour le montrer. Le plus grand danger qui guette l’agriculture, c’est la volatilité des prix qui entraîne une complète dérégulation du marché. C’est vers cela que nous amène le bilan de santé de la Pac. »

« Les charrues sont là ! »

Au-delà des constats, la vraie question posée par les professionnels français à Bruxelles est de savoir s’il existe « vraiment une stratégie et des objectifs » à Bruxelles. « Au nom de quoi devrions nous aller dans ce monde spéculatif ? Au nom de quoi devrions nous condamner notre modèle social laitier, mélange d’économie et d’aménagement du territoire ? », poursuivait Henri Brichard.

Pour Jacky Salingardes (Fnec), tout se résume en quatre mots : « Les charrues sont là ! » Et de demander instamment la mise en place d’un plan de pérennisation de la filière caprine en n’oubliant surtout pas « les zones de montagnes et de Piémont ». Pour Daniel Grémillet (président de la Cpde/Apca), « la Phae est le piège dans lequel est tombé et dans lequel on a enfermé l’élevage » et qui aujourd’hui n’a qu’un résultat : « nous enlever de la compétitivité et de l’enthousiasme ». Le mot de la fin est revenu à Dominique Barrau, secrétaire général de la Fnsea résumant à lui seul toutes les questions posées lors de la journée : « Ce que l’élevage français demande à l’Union européenne, c’est de choisir entre produire ou importer. »

La réponse a été apportée par José-Manuel Suza-Uva, le directeur à la direction générale de l’agriculture à la Commission européenne. Nous y reviendrons ans un prochain article (pour être averti par mail de sa parution, inscrivez-vous gratuitement au Mel Agricole en cliquant ICI).

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