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Viande Bruxelles entrouvre la porte aux poulets chlorés américains

La Commission européenne a proposé mercredi d'autoriser à nouveau la commercialisation de poulets américains désinfectés dans une solution chlorée (bannis depuis plus de dix ans) à condition d'être dûment étiquetés pour informer les consommateurs.

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« Ce sera au consommateur de choisir », a insisté le porte-parole de la Commission européenne en présentant cette proposition, essentiellement destinée à honorer une promesse faite à Washington, à temps pour un sommet UE-Etats-Unis prévu le 10 juin en Slovénie. S'il devait arriver dans les rayons européens, le poulet chloré américain serait identifié par des étiquettes : « traité avec des substances antimicrobiennes » ou encore « décontaminé par des produits chimiques ». L'identification des plats concoctés pour les restaurants est plus incertaine. Les Américains devraient en outre rincer à l'eau potable les poulets, une fois qu'il auront été désinfectés, et l'efficacité de ce rinçage devrait être vérifiée en permanence.

Il revient désormais aux gouvernements de l'UE de se prononcer formellement sur ce projet de règlement, qui semble toutefois déjà promis aux fonds de tiroirs de Bruxelles tant l'opposition est forte. La semaine dernière, vingt-et-un des vingt-sept ministres européens de l'Agriculture se sont prononcés contre le retour des poulets chlorés américains. Les organisations de consommateurs européennes ont également fustigé la proposition. « Nous savons qu'il s'agit d'une question controversée. La Commission a décidé de présenter cette proposition pour que le débat ait lieu. Nous verrons qui est pour et qui est contre », a dit le porte-parole Johannes Laitenberger.

Les vétérinaires de l'UE privilégient des contrôles d'hygiène tout au long de la chaîne alimentaire

La ministre belge de l'Agriculture Sabine Laruelle est immédiatement montée au créneau après l'annonce : « l'accès au marché européen pour ce type de produits constituerait une distorsion de concurrence inacceptable pour les opérateurs belges et européens », qui doivent « faire des efforts considérables pour améliorer la sécurité alimentaire ». Mais pour la Commission il s'agit de trouver des compromis entre les différentes « normes » en vigueur pour faciliter le commerce mondial. Elle a « pris ses responsabilités » face aux « risques de litiges devant l'Organisation mondiale du commerce » (Omc).

La méthode radicale privilégiée par les Américains vise à tuer ou réduire le nombre de bactéries pouvant apparaître dans la volaille (salmonelles et campylobacters), en les trempant dans une solution antimicrobienne juste avant leur consommation. Les vétérinaires de l'UE privilégient des contrôles d'hygiène tout au long de la chaîne alimentaire. Avant d'être interdites il y a plus de dix ans, les importations de poulets américains étaient très marginales dans l'UE, qui produit elle-même plus de volailles qu'elle n'en consomme.

Si le projet autorise à nouveau dans l'UE quatre substances chimiques utilisées aux Etats-Unis pour désinfecter la surface des poulets (dioxyde de chlore, chlorure de sodium acidifié, phosphate trisodique, acides peroxydés), leur utilisation est assujettie à des conditions draconiennes. Le texte stipule qu'une seule substance chimique pourra être appliquée (pour limiter les risques éventuels des mélanges). L'entrée de ces substances dans l'UE serait décidée à titre provisoire pendant deux ans, période pendant laquelle de nouveaux avis scientifiques seraient demandés, notamment sur la pollution de l'eau. Si le texte devait tout de même voir le jour, « encore faudrait-il que les abattoirs américains se mettent aux normes sanitaires de l'UE, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », a précisé un expert.

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