Assemblée nationale Crise gouvernementale autour de Nathalie Kosciusko-Morizet et des OGM
Une crise au sein du gouvernement et de la majorité a éclaté au grand jour mercredi à propos des OGM, précédant de peu l'adoption par les députés d'un projet de loi sur ce sujet qui sème un grave trouble à l'UMP.
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Le texte, déjà approuvé le 8 février par les sénateurs, a été adopté par 249 voix pour, 228 voix contre, soit 21 petites voix d'écart, lors d'un scrutin solennel, demandé par les groupes PS et GDR (PCF-Verts). Selon une source parlementaire, il s'agit de la plus courte majorité obtenue sur un texte de loi depuis l'arrivée au pouvoir de la droite en 2002.
Dans un entretien au Monde, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, en pointe depuis des années dans le combat pour la préservation de l'environnement, a donné libre cours à son amertume à l'égard du chef de file des députés UMP et de son ministre de tutelle. "Il y a un concours de lâcheté et d'inélégance entre Jean-François Copé, qui essaie de détourner l'attention pour masquer ses propres difficultés au sein du groupe, et Jean-Louis Borloo, qui se contente d'assurer le minimum", a-t-elle déclaré au quotidien.
« Une seule personne a incarné l'esprit du Grenelle »
Le Premier ministre François Fillon a exigé devant le groupe UMP que Mme Kosciusko-Morizet fasse des "excuses publiques", faute de quoi il en tirerait "toutes les conséquences", selon des participants à la réunion. Une manière transparente de menacer de limoger la secrétaire d'Etat. Mme Kosciusko-Morizet, privée de questions d'actualité à l'Assemblée et de voyage au Japon avec M. Fillon, s'est exécutée dans la foulée, présentant "des excuses à Jean-Louis Borloo et Jean-François Copé", et assurant que ses propos reproduits dans Le Monde avaient "été déformés". Le quotidien a indiqué cependant "maintenir la teneur de son article et la restranscription qu'il a faite des propos du ministre".
"Cette crise révèle un malaise et une impréparation de l'UMP. Dans ce débat, à droite, une seule personne, Mme Kosciusko-Morizet, a incarné l'esprit du Grenelle. Les députés UMP, eux, sont pour l'essentiel des défenseurs d'une agriculture productiviste, à l'écoute des grands groupes", a commenté le député PS Philippe Martin. Depuis le début de l'examen, le 1er avril, la tension était constante entre les bancs de droite et de gauche, mais aussi au sein de la majorité où certains n'ont pas hésité à soutenir des amendements de l'opposition. Ainsi, un amendement d'André Chassaigne (PCF), qui vise à protéger "les zones de production de qualité sans OGM", a été adopté dans la nuit du 2 au 3 avril avec le concours de trois UMP, dont François Grosdidier.
Seule au banc du gouvernement cette nuit-là, Mme Kosciusko-Morizet s'en était remise "à la sagesse" de l'Assemblée pour cet amendement, dont l'adoption est saluée à gauche comme "une victoire". L'orage a éclaté mardi lors de la réunion du groupe UMP, en présence de François Fillon. Les députés UMP, furieux de la tournure prise par les débats, ont exigé du gouvernement de la "lisibilité" sur ce dossier, et étrillé Nathalie Kosciusko-Morizet.
Présenté après le Grenelle de l'Environnement, le projet de loi, dont l'examen s'est achevé dans la nuit de mardi à mercredi, poursuivra sa navette au Sénat. Il vise à clarifier les conditions de mise en culture de plantes transgéniques et de leur coexistence avec les productions conventionnelles, dans le respect d'une directive européenne de 2001.
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