Alimentation La hausse des prix, chance inespérée pour le "discount"
Devant la flambée des prix des produits alimentaires, les consommateurs sont toujours plus nombreux à se tourner vers les enseignes de "hard-discount", qui elles aussi font valser les étiquettes mais restent nettement moins chères que les supermarchés classiques.
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"Depuis trois mois, il y a un phénomène global de retour vers les enseignes de hard-discount", souligne Gaëlle Le Floch, directrice de l'unité distribution du cabinet TNS Worldpanel. Une situation inespérée pour les Lidl, Leader Price (Casino), Ed (Carrefour), Aldi et Netto (Les Mousquetaires), dont la part de marché stagne depuis 2004 autour de 13%. Lors de la flambée des prix constatée au moment du passage à l'euro, les discounters avaient aussi connu une période de grâce: si seulement 7% des ménages faisaient leurs courses dans ces magasins en 2001, ils étaient 13% cinq ans plus tard, selon l'Institut national de la statistique.
Le débat actuel autour du pouvoir d'achat offre un second souffle à ce secteur. Certes les prix augmentent à cause des cours des matières premières, mais pouvoirs publics et associations de consommateurs mettent en avant les marges excessives réalisées par des distributeurs et des industriels alimentaires sur certains produits. Comme lors du passage à l'euro, "il y a une nouvelle méfiance envers les enseignes classiques. Le hard discount a une carte à jouer et des atouts par rapport à l'attente de prix bas des ménages. Les gens sont convaincus que c'est moins cher qu'ailleurs et savent que les produits peuvent être de moins bonne qualité", indique Mme Le Floch. En outre, "traditionnellement, le hard discount se porte bien en périodes d'incertitudes économiques", indiquent une étude de la banque CM-CIC, alors que la conjoncture économique et la confiance des ménages sont en berne.
Convaincu que la "quote-part des hypermarchés va stagner" dans les prochaines années au profit des enseignes de proximité et du discount, Jean-Charles Naouri, le patron du distributeur Casino, a décidé de doubler le nombre des Leader Price dans les cinq ans, qui devraient passer à 1.000 contre 489 fin 2007. Les Franprix, enseigne de proximité de Casino, surtout concentrée en région parisienne et offrant une sélection de produits de la marque Leader Price, devraient également doubler dans les cinq ans, à 1.000.
Par rapport aux supermarchés classiques, les coûts de fonctionnement des discounters sont 10% à 15% moins élevés, fait valoir M. Naouri. Les discounters n'ont pas gelé leurs prix pour autant. Au contraire, ils les augmentent à un rythme plus rapide que les chaînes classiques depuis mi-2007. En janvier et février, les prix ont augmenté de 2,05% et 4,07% dans le hard-discount, contre +1,31% et +3,32% dans les hypermarchés, selon une étude du cabinet Nielsen Panel International.
Cependant "la différence de prix, même si elle s'est réduite en pourcentage entre les enseignes de hard-discount et les supermarchés, a augmenté en valeur absolue. De surcroît, le consommateur se concentre sur la valeur moyenne de son panier, d'environ 25% moins cher que dans les supermarchés traditionnels", relativise CM-CIC. C'est justement dans les régions où les discounters sont le moins présents, en région parisienne et dans le Sud-Est de la France, que les prix dans les grandes surfaces sont les plus élevés. A l'inverse, dans l'Est et le Nord où elles sont le plus concentrées, les prix et l'inflation sur les produits alimentaires ont été contenus entre février 2007 et février 2008, constate une étude de Nielsen Panel International.
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