Login

Flambée des prix de l'alimentaire Les politiques explorent des pistes

Transparence et information, saisine du Conseil de la concurrence, voire véritable contrôle des prix... la valse des étiquettes dans l'alimentaire a relancé lundi le débat sur le pouvoir d'achat au sein des partis et du gouvernement, qui a dénoncé "des abus de la part des industries et des distributeurs".

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

"Il y a manifestement des abus de la part des industries et des distributeurs qui profitent (des) hausses des matières premières agricoles pour accroître leur marge", a affirmé lundi soir François Fillon. Le Premier ministre, qui a tenu une réunion de travail avec les ministres de l'Economie Christine Lagarde et de l'Agriculture Michel Barnier, a notamment annoncé une "opération coup de poing" à partir de mardi avec pour objectif "de voir où sont les abus".

Face au renchérissement des produits laitiers, céréales, pâtes, pains de mie, riz et autres jambons (de +5% à +48% entre novembre et janvier), le parti présidentiel de l'UMP a souhaité que le gouvernement saisisse "sans délai" le Conseil de la concurrence. Il faut "vérifier, contrôler, éventuellement sanctionner ceux qui profiteraient de l'occasion pour aller augmenter de façon totalement indue leurs marges", sous prétexte d'une hausse des matières premières en France et dans le monde, a estimé Yves Jégo, porte-parole de l'UMP. "La question du pouvoir d'achat des Français est pour nous le fil rouge de ce quinquennat", a-t-il déclaré en référence à la campagne présidentielle menée par Nicolas Sarkozy sur ce thème, ajoutant que l'UMP fera "prochainement un certain nombre de propositions". La cote de popularité du président ne cesse depuis de s'effriter dans les sondages, un phénomène attribué notamment aux inquiétudes des Français sur leur niveau de vie.

Jugeant que "l'un des problèmes majeurs que nous avons sur les prix, c'est en réalité l'opacité et la guerre que se livrent les grandes surfaces", le chef de file des députés UMP Jean-François Copé invite lui "le gouvernement à se mobiliser dare-dare pour nous mettre en place des dispositifs de transparence et d'information qui permettent aux consommateurs de regarder, de comparer".

Côté opposition, le Parti socialiste a plaidé une nouvelle fois pour une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité. Par ailleurs, le PS demande que le ministère des Finances "s'engage clairement" à revoir les relations entre les producteurs et la grande distribution pour qu'il y ait "une véritable transparence sur la question des prix", sans "attendre la fameuse loi Chatel qui doit mieux organiser la concurrence", a déclaré Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande.

Entrant en vigueur le 1er mars, la loi qui porte le nom de Luc Chatel prévoit selon ce dernier de restituer les "marges arrières", à savoir "les avantages commerciaux et les promotions que les distributeurs obtiennent de leurs fournisseurs". Pour le secrétaire d'Etat, cette loi "va permettre aux distributeurs de faire leur métier", et de "là où ils voudront baisser les prix, ils pourront". Mais pour le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), il faut aller encore plus loin. Pour son premier secrétaire Georges Sarre, "la seule mesure susceptible de sauver le pouvoir d'achat des Français est le blocage des prix", comme ce fut le cas par exemple pour la baguette jusque dans les années 80.

"Totalement absurde", rétorque François Ecalle, professeur de politique économique à Paris-I. "L'administration est incapable de dire quel est le juste prix d'un produit", affirme-t-il, ajoutant que la concurrence est somme toute "beaucoup plus apte que l'administration à réguler les prix".

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement