PAC Les paysans polonais attendent avec gourmandise des aménagements
Grands bénéficiaires de l'entrée de leur pays dans l'Union européenne, les agriculteurs polonais attendent avec gourmandise des propositions de la Commission européenne pour la Politique agricole commune (PAC) qui pourraient accroître encore leur potentiel.
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Pourtant avant l'élargissement de l'Union en mai 2004, les paysans polonais avaient été largement réticents voire même hostiles à une adhésion à l'UE. Leur méfiance avait nourri l'audience des partis anti-européens. Mais depuis trois ans, leurs espérances ont été comblées. Les aides payées en commun par l'UE et l'Etat polonais --environ 2,5 milliards d'euros au total en 2006-- ont augmenté leur revenu et accru leurs possibilités d'investissement. "Dans le même temps, les scénarios les plus noirs comme l'invasion des produits européens en Pologne ne se sont pas réalisés", explique Andrzej Kowalski, un chercheur de l'Institut de l'économie de l'agriculture.
Selon une étude d'Eurostat, l'institut européen des statistiques, le revenu agricole réel des paysans polonais s'est accru en 2006 de 80,7% en moyenne par rapport à 2000 contre seulement 12,1% en moyenne dans l'UE à 27. Outre les aides directes, les paysans polonais ont profité de la bonne conjoncture de l'agriculture mondiale, qui a fait grimper les prix des céréales, de la viande et du lait. Entre 2003 et 2007, les exportations polonaises de produits laitiers ont presque triplé pour atteindre cette année un montant estimé d'environ 1,12 milliard d'euros.
Le lait est l'un des points forts et l'un des atouts de l'agriculture polonaise. Sous l'impulsion de grands acheteurs exigeants comme les groupes français Danone ou allemand Hochland, la qualité du lait a rapidement augmenté avant l'élargissement pour atteindre les normes européennes. Face à la demande, les quantités de lait vendus se sont également accrues de sorte que la Pologne a dès le début rempli ses quotas laitiers fixés par l'Union européenne au moment de l'adhésion. L'ensemble des professionnels du secteur sont d'accord pour dire que la Pologne n'a pas été bien traitée sur ce point.
Avec une production globale d'environ 12 millions de tonnes par an (en comprenant une forte auto-consommation), la Pologne n'a obtenu pour sa première année dans l'UE qu'un quota de 8,964 millions de tonnes, soit presque trois fois moins que celui de la France. Il n'est encore cette année que de 9,380 millions de tonnes. A l'époque, la forte demande mondiale de lait n'était pas encore perceptible et les anciens pays de l'UE se sont employé à protéger leurs propres agriculteurs.
L'une des principales attentes de la Pologne vis-à-vis de la Commission qui doit présenter mardi de nouvelles propositions pour l'agriculture européenne est une augmentation rapide des quotas laitiers, qui de toute manière viennent à échéance en 2015. "L'agriculture polonaise est capable de produire beaucoup plus de lait et augmenter la production très vite", affirme Wladyslaw Serafin, président de l'Association des agriculteurs (ZKKR). "De plus, le lait est d'une excellente qualité". "La Pologne a toutes les conditions pour augmenter la production du lait, aussi bien les conditions naturelles, c'est-à-dire des pâturages en liberté, et des fermes très spécialisées", renchérit le chercheur Andrzej Kowalski.
Le potentiel de la Pologne est d'autant plus important que la taille moyenne des exploitations est encore très faible (moins de 7 ha), en raison de micro-exploitations qui ne servent qu'à nourrir leurs propres exploitants. Une accélération de l'exode rural, qui n'a pas encore vraiment eu lieu en Pologne, devrait accroître la taille et la productivité des exploitations.
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