Union européenne Baisse des stocks de céréales et de lait: les 27 veulent réagir rapidement
Les ministres européens de l'Agriculture réunis à Porto ont prôné des remèdes conjoncturels rapides à la baisse des stocks de céréales et de lait, en attendant les ajustements à la politique agricole commune (PAC) que Bruxelles doit préconiser en novembre.
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Ils entendent accélérer la cadence face à la forte demande mondiale, qui a fait baisser les stocks et flamber les tarifs. Les prix mondiaux des céréales, qui démarraient d'un niveau historiquement bas, ont grimpé d'environ 50%, sur un an, au mois d'août. Ceux du lait ont monté de 30-40% en moyenne dans l'UE. De manière générale, les tarifs des produits agricoles flambent du fait d'une demande qui augmente dans les pays émergents, obligeant l'Europe à s'interroger sur une PAC longtemps tournée vers la limitation des surplus et de la production.
Les ministres de l'Agriculture de l'UE devraient actionner dès la semaine prochaine l'un des rares leviers à leur disposition: l'élimination complète des jachères pour un an (actuellement 10% des terres doivent obligatoirement être mises au repos). Cela permettra aux céréaliers d'accroître la production annuelle d'au moins 10 millions de tonnes, niveau toutefois insuffisant pour bouleverser la donne, a admis mardi la présidence portugaise de l'UE. La Commissaire à l'Agriculture Mariann Fischer Boel s'est dite aussi prête à lancer un débat en novembre sur la reconstitution de stocks, même si elle ne préconise pas un telle solution à titre personnel.
La Commission doit présenter le 20 novembre un "bilan de santé" de la réforme de la PAC décidée en 2003, incluant des modifications dictées par la conjoncture. Elles seront soigneusement décortiqués par les 27, avant d'être présentées sous forme de projets de loi au printemps, puis finalisées sous la présidence française de l'UE au dernier semestre 2008. "Il faut créer des outils de stabilisation et de gestion de crise pour la nourriture", a jugé le ministre français à l'Agriculture Michel Barnier. Pour lui, "ce qui est est important, c'est de voir s'il y a des phénomènes de spéculation internationale" sur les marchés.
De nombreux pays européens poussent désormais pour un assouplissement rapide des strictes mécanismes réglementant la production de lait dans l'UE, mais le dossier s'annonce conflictuel. Diverses hypothèses ont été soulevées par les ministres réunis au Portugal, dont celle d'augmenter les quotas laitiers de plusieurs points de pourcentage dans toute l'UE en avril, début de la prochaine campagne de lait.
Mme Fischer Boel a convié le secteur laitier à faire le point en décembre, mais ne prévoit aucune mesure phare avant 2009. "S'il y a une forte pression pour trouver une solution avant, je suis ouverte à la discussion", a-t-elle néanmoins annoncé. Elle souhaite pour sa part étudier une hausse progressive des quotas afin de préparer leur disparition pure et simple en 2015. Mardi, les ministres ont en outre été conviés à un tour de table sur l'importance du développement des territoires ruraux, autre sujet explosif. Bruxelles souhaiterait en effet accroître les subventions de l'UE destinées aux projets de développement rural (dont par exemple des projets environnementaux). Elle le ferait sans modifier les enveloppes nationales, mais en ponctionnant davantage les aides directes, en particulier les subventions des plus grandes exploitations agricoles, a-t-on appris mardi de source européenne. "La politique de développement rural a besoin de plus d'argent", a confirmé mardi Mme Fischer Boel, sans rentrer dans le détail. La proposition pourrait ne pas être du goût des grands exploitants allemands et britanniques.
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