Formation Dresser une velle allaitante en une journée
La famille Souvignet a mis au point une méthode de dressage qu'elle enseigne à l'occasion de journées de formation destinées aux éleveurs. En une journée, la formation relève le challenge de produire un animal calme apte à marcher au licol sur un ring.
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« La docilité du troupeau reste une de nos motivations principales », présente Yves Chassany, éleveur allaitant en race aubrac, administrateur à l'Upra Aubrac (*). De nombreux facteurs inhérents des modes d'élevage actuels concourent à l'apparition de certaines dérives de caractère, estime l'éleveur. Et de citer l'augmentation de la taille des cheptels, la réduction du temps disponible de la main d'oeuvre, les longues périodes de transhumance et les modes de conduite actuels (mécanisation, logement) qui réduisent le temps passé au contact des animaux. Ainsi cet automne, l'Upra organise des journées de formation au dressage des velles en partenariat avec les associations et syndicats de race cantonaux et départementaux. La formation est assurée par Benoît Souvignet, éleveur limousin à Villedieu (15) qui propose sur une journée d'enseigner sa méthode de dressage.
Intervenir à l'âge du sevrage
« Nous intervenons sur une journée avec 12 éleveurs et 12 animaux avec l'objectif premier que les 12 bêtes soient dressées, alignées sur un ring facilement conduites par chacun des éleveurs», témoigne Benoît Souvignet. Mais cette formation va également permettre à l'éleveur de retour dans son exploitation d'influencer sur le comportement général du troupeau.
«L'expérience recueillie sur l'ensemble des élevages que j'ai visité me permet d'affirmer aujourd'hui qu'il y a plus de différences comportementales d'un cheptel à l'autre que d'une race à l'autre, mettant en exergue la part prépondérante de la génétique, de la conduite d'élevage, du tempérament de l'éleveur,.», constate Benoît Souvignet, éleveur limousin et formateur en dressage. (© G.Petit) |
L'un des points les plus importants de la méthode est l'âge auquel les animaux doivent être dressés. « Pour les formations, je tiens beaucoup à ce que nous intervenions sur des animaux à l'âge du sevrage, qui est l'âge optimal pour se donner le maximum de chances de réussite. Avant le sevrage, l'animal va chercher à rejoindre sa mère et après le sevrage, l'animal va commencer à conquérir son indépendance. Le sevrage est le moment critique où il faut donner des nouveaux repères, c'est l'âge où l'on obtient les meilleures réponses au dressage.»
Lors de la formation, il n'y a pas que les animaux qui bénéficient de cette éducation comportementale. Les éleveurs développent leur aptitude à dresser. «Nous leur apprenons les gestes à faire et à ne pas faire. Tout un dressage peut être mis en échec par un seul geste inadapté.» Savoir dresser des animaux requiert de développer un sens animalier, aimer les animaux, savoir les comprendre, cela passe par le toucher, le ressenti, des subtilités difficiles à décrire par des mots.. « Dans une formation, nous avons généralement 10% d'animaux indressables sur une seule journée et le même pourcentage d'éleveurs qui ne sont pas aptes à dresser.»
Un échec pour raison génétique
La première des conditions de réussite est le calme de l'éleveur. «La base de ma méthode n'est absolument pas d'avoir recours au rapport de force. Dans ce jeu de rapport, ce n'est pas l'éleveur qui peut être le gagnant. Au cours de la formation, je montre comment je m'y prends avec les deux premiers animaux et ensuite ce sont les éleveurs qui mettent en pratique.»
Benoît a commencé à dresser des génisses dès l'âge de 12 ans. «Personnellement, j'attrape mes vaches au pré dans les estives sans avoir besoin de les ramener au corral pour intervenir sur elles», témoigne-t-il. Les seuls échecs réels de dressage qu'il a connus avaient une cause génétique. «J'ai connu un échec une année avec un animal issu d'un taureau d'insémination et l'année d'après, deux autres animaux se sont révélés également récalcitrants et étaient eux aussi des produits d'IA du même reproducteur, ce qui souligne le rôle de la génétique dans la réussite.»
De cette passion pour le comportement et le dressage, Benoît en a fait un savoir faire et un enseignement qu'il a ensuite affiné au fil des dressages réalisés et des formations. «J'ai appris à perfectionner ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Un exemple, nous avions utilisé des bottes de paille carrées pour le couloir étroit que nous avons besoin d'utiliser. Mais les animaux ne répondaient pas. Nous nous sommes aperçus qu'ils ne pensaient qu'à se gratter contre les bottes de paille.» Aujourd'hui, il intervient en formation auprès des éleveurs à la demande de syndicats de race, de contrôles de croissance, caisses de mutualité sociale agricole,...
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