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Hygiène La propreté va être notée dans tous les abattoirs

La propreté fait partie des critères qualifiant un animal entrant en abattoir. Bientôt, la note de l’état de propreté va figurer sur les tickets de pesée. Un effort à faire pour 25% des bovins livrés.

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Les bovins entrant dans les abattoirs devraient être propres et c’est le cas pour 75% d’entre eux en moyenne sur l’année. Subsiste encore un quart des bovins présentés qui sont sals et 12,6% classés très sales, ce qui représente une proportion significative des animaux notés. Ces résultats sont issus d’un état des lieux réalisé par l’Institut de l’élevage sur la propreté auprès de 200 000 bovins vivants à l’abattage (1).


Les salissures sèches sont jugées sur l’animal debout, idéalement sur le côté, à défaut à l’arrière. Les zones à juger s’étendent sur une ligne allant de l’attache de la queue au haut de l’épaule. (© Institut de l'élevage)

La propreté est une exigence dans la prévention et la maîtrise des risques sanitaires, le manque de propreté des animaux n‘étant pas sans lien avec la contamination bactérienne des carcasses. Dans le cadre du « paquet hygiène » de la nouvelle réglementation européenne, il a été demandé à l’interprofession bovine de mettre en place un plan d’action. L’Institut de l’élevage et en particulier Didier Bastien, a travaillé à l’élaboration d’une grille de notation de l’état de la propreté des bovins. Cette grille aujourd’hui fonctionnelle est en passe d’être appliquée dans tous les abattoirs français. « Notre travail a été d’établir une grille de notation de l’animal vivant polyvalente, pour que chaque maillon de la filière puisse se positionner et qu’elle soit également utilisable par l’éleveur », explicite Didier Bastien, ingénieur d’études à l’Institut de l’élevage, responsable de projets au service qualité des viandes.

 

Trois questions à Jacques Giroux, attaché de direction Interbev (Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes)


Nathalie Petit (NP) : Il avait été demandé à la filière par le Ministère de l'agriculture de prendre des dispositions pour mettre en place une grille de notation de la propreté des bovins à l'abattage. La grille élaborée par l'Institut de l’élevage va-t-elle être utilisée concrètement dans la filière viande ? Ou a-t-elle subi des modifications ?
Jacques Giroux (JG) :
Non, elle n’a pas été modifiée et oui, cette grille de mesure de propreté par l’état de la peau sera mise en place dans tous les abattoirs. Interbev a travaillé techniquement à la mise en oeuvre et à la mise en place de cette grille, en finançant les travaux menés par l'Institut de l'élevage. Cette grille a été validée par les pouvoirs publics et fait l'objet d'un accord interprofessionnel. La grille est institutionnalisée dans le cadre de cet accord interprofessionnel qui dans le circuit des signatures.

NP : La réglementation européenne stipule que des animaux trop sales ne doivent pas être abattus sans qu’il y ait eu une action corrective. A partir de quelle note allez vous considérer qu'un animal est trop sal et envisagez vous une rémunération à la propreté ?
JG :
Lorsque la propreté de la peau est classée en C ou en D, les abattoirs doivent mettre en place des mesures correctives, des mesures prévues dans le guide des bonnes pratiques d'hygiène et validées par la DGAL. La mise en place par l’abattoir des mesures correctives validées par les pouvoirs publics aura un coût. Il est prévu dans l’accord interprofessionnel que dans un délai de 6 mois à compter de la date de la signature, les modalités techniques et financières de la prise en charge de ce coût feront l’objet d’un accord interprofessionnel, où il sera alors débattu et décidé du mode de financement et de prise en charge de ce coût. Les éleveurs seront sensibilisés par le ticket de pesée sur lequel sera noté l'état de propreté.

NP : Des mesures incitatives vont-elles être adoptées pour encourager les éleveurs à plus d'exigence sur la propreté des animaux fournis à l'abattage ?
JG :
Cela a été fait l'an dernier par l'édition et l'envoi de plaquettes aux éleveurs envoyées à 250 000 éleveurs : bonnes pratiques d'élevage en terme d'hygiène en terme d'alimentation, bâtiment et préparation des animaux , mesures correctives et cette année une nouvelle distribution devrait être réalisée

« Ainsi, elle est utilisable de l’élevage à la bouverie d’abattoirs, incluant la phase d’élevage, de transport et d’attente en bouverie. » Elle doit être un instrument des éleveurs qui doivent encore faire des efforts pour améliorer l’hygiène dans un certain nombre de cas. C’est dans les élevages allaitants que des efforts plus soutenus doivent être réalisés. « Il apparaît nettement que les vaches laitières sont plus propres que les vaches allaitantes. Les éleveurs laitiers étant plus sensibilités à l’hygiène, ils doivent maintenir la vache laitière plus propre dans l’objet de fournir un lait le plus sain possible », souligne Didier Bastien.
Toujours issus des résultats de l’enquête, le facteur saison met en évidence le rôle du maintient de la propreté des bâtiments : 60% de bovins propres en hiver contre 80% en été. Des différences nettes sont également apparues entre départements. Les départements qui ont livré les animaux classés les moins propres sont l’Ain, le Jura, la Haute Saône, le Doubs, la Creuse, la Vendée et les Deux-Sèvres. Les jeunes bovins blonds d’Aquitaine ont été classés les plus propres, avec 83,9% de propres ou très propres et seulement 7% de sals.

Palme de la propreté aux Blonds d'aquitaine

« Si les Blonds apparaissent nettement comme les animaux les plus propres, c’est moins par un effet de race que par le fait que ces animaux sont des systèmes d’élevage où leur alimentation est de type sèche avec moins de salissement par les bouses », explique Didier Bastien. « Nous avons moins de certitudes quant aux explications des différences de propreté en fonction des départements. A mon avis, c’est un croisement entre plusieurs facteurs, et essentiellement systèmes d’alimentation et type de bâtiment. »
C’est la raison pour laquelle, parallèlement à la conception de cette grille, l’enquête auprès des abattoirs et des élevages a permis l’élaboration et l’édition d’un recueil de conseils de conduite d’élevage. « Des documents ont été diffusés auprès des éleveurs, qui relèvent de bonnes pratiques et de recommandations. Aujourd’hui, un éleveur peut avoir des problèmes de propreté dans un contexte défavorable (alimentation de type humide, avec un type de bâtiments). Cependant, il y a des mesures qui peuvent tout de même être adoptées sans changer le système afin de favoriser la propreté des animaux, cela peut se faire par exemple par la quantité et la fréquence du paillage, par le raclage, le curage,… »

 

 


Les bovins qui sont être notés C ou D en arrivant à l’abattoir devront faire l’objet de mesures correctives de nettoyage avant d’être abattus. (© Institut de l'élevage)

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