L’ensilage de céréales immatures Une alternative à des problèmes de stock fourrager et d’acidose
Ce dossier réalisé par le Btpl propose un point complet sur la production de céréales immatures: Points forts, conduite de la culture, stade de récolte, récolte, stockage, valeur alimentaire, utilisation et coût de la matière séche y sont présentés.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Entre le 20 juin et le 20 juillet, les conditions climatiques sont favorables à la récolte (© Btpl) |
Une récolte en période creuse
Sur cette période, entre 20 juin et 20 juillet, les conditions climatiques sont favorables à la réalisation d’un bon ensilage. La pointe de travail liée à la fenaison étant généralement passée. De plus la récolte précoce permet d’envisager la culture d’une prairie temporaire ou de bien préparer l’implantation du colza, de céréales ou de sorgho.
Régularité des rendements pour un coût modéré
La base des rendements est proportionnelle aux quintaux réalisés en secs. A savoir, pour un rendement en sec de 50 qtx, la quantité d’ensilage de blé sera de 8 à 9 tonnes de MS. Pour 65 qtx, le rendement serait de 10 à 11 tonnes. (Rendement identique à celui d’un maïs dans des secteurs peu favorables au maïs).
Méteil (© Btpl) |
Triticale (© Btpl) |
Conduite de la culture : 2 situations
Pour une décision d’ensiler prise à l’automne, il est possible de choisir une céréale pure ou un mélange type méteil (Céréale + protéagineux).
Céréales pures: un compromis entre grain et paille
|
|
Choisir :
- des variétés rustiques, moins sensibles aux maladies,
- des variétés avec un bon compromis entre les potentiels grain et paille.
|
Éviter :
- les variétés à barbes (agressivité pour le palais des animaux et le tube digestif entraînant une baisse d’ingestion sauf pour le triticale),
- les variétés sensibles à la verse.
|
Recommandations :
- densité de semis réduite : entre 200 grains/m² et 250 grains/m² (soit 80 à 110 kg/ha) pour éviter une trop grande concurrence entre tiges et donc limiter les risques de verse.
- semer plus tard : fin octobre-novembre pour réduire les risques de maladies et limiter les traitements (piétin verse, septoriose).
- avec des semences fermières : densité de semis à 300 grains/m² (120-130 kg/ha) pour réduire les coûts, lorsque le stockage est possible.
- apports azotés réduits : impasse ou retardement de l’apport au stade tallage pour limiter le nombre de tiges
- Limiter les traitements à un seul fongicide, et pas de raccourcisseur.
|
Mélanges céréales - protéagineux: on sait ce qu’on sème, pas ce qu’on récolte :
La proportion dans le mélange final est plus déterminée par les conditions de levée, la pluviométrie hivernale que par la proportion semée…
|
Recommandations :
- privilégier des mélanges simples (2 à 4 espèces),
- choisir des variétés précoces pour la vesce,
- utiliser du pois « fourrager » (pois protéagineux étouffé sous le mélange),
- semer en novembre avec un semoir à céréales et surveiller les limaces à la levée.
|
Mélanges principalement rencontrés :
1 : triticale (90 kg/ha) – pois (30 kg/ha) – vesce (7 kg/ha)
2 : orge (50 kg/ha) – avoine (20 kg/ha) – blé (50 kg/ha) – pois (40 kg/ha)
3 : blé (50 kg/ha) – orge (50 kg/ha) – avoine (20 kg/ha) – pois (30 kg/ha) – vesce (7 kg/ha)
Viser :
- 100 à 120 kg/ha de triticale ou de blé (résistance maladies et verse, tuteur)
- 10 à 20 kg/ha d’avoine (agressivité, pouvoir couvrant)
- 40 kg/ha de pois fourrager maximum (30 kg suffisent avec 7 kg de vesce)
- pas de fertilisation azotée excessive ou trop précoce
- Pas de désherbage lorsque la culture est implantée
|
Si la décision d’ensiler est prise au printemps selon la pluviométrie et les stocks, la conduite de la culture est dans ce cas identique à celle d’une céréale en grain. Il faut cependant proscrire toute intervention fongicide ou insecticide cinq semaines avant la récolte, Pour éviter toute rémanence de la matière active dans l’ensilage, qui pourrait perturber la flore du rumen et/ou la bonne conservation de l’ensilage.
Récolter au bon stade
Le stade de récolte est à surveiller de près : en 3 jours, la céréale peut prendre 10 points de MS. (© Btpl) |
A ce stade :
- l’épi jaunit, et le grain est pâteux – laiteux
- il reste encore du vert autour des nœuds
- la dernière feuille est encore verte.
- c’est le bon compromis qualité/structure
A moins de 25% de MS : les pertes en jus seront importantes
A plus de 40% de MS : le développement de moisissures causera des difficultés de tassement et de conservation.
Mieux vaut cependant récolter trop tôt que trop tard : une récolte trop précoce sera toujours beaucoup moins pénalisante qu’une récolte trop tardive. Il faut donc penser de planifier son chantier de récolte en se calant sur la date de floraison de la céréale.
L’obtention d’un hachage excellent est très important pour préserver le rôle essentiel de la céréale : la rumination!
La récolte
Modèles
|
Avantages
|
Limites
|
Ancienne
coupe directe
|
· Le tassement du silo est bien maîtrisé (1ha/h)
· Coût d’achat peu élevé
|
· faible débit de chantier
· matériel ancien, peu présent aujourd’hui
· adaptation difficile sur les nouvelles ensileuses
|
Fauche +
Récolte au pick-up
|
· Utilisation des matériels existants (faucheuses et Ensileuses équipées de pick up)
· adaptée à toutes les espèces même en récolte versée
· préférer les faucheuses à rouleaux
|
· le temps de chantier global augmente
· risque de perte de grains avec les conditionneuses à fléaux
· veiller à ne pas trop décaler l’ensilage de la fauche (pas de pré fanage)
|
Coupe à céréales renforcée avec scies à colza
|
· Même équipement pour méteils et céréales
· vis de grand diamètre
· entraînement et fond de coupe renforcés
|
· avoir l’ensileuse et la moissonneuse de la même marque
· modification pour la commande des rabatteurs et branchement de la scie à colza sur l’ensileuse
|
Bec « Kemper »
|
· Utilisation d’un matériel existant
· pas de modification pour l’ensileuse
|
· risque de bourrage en présence de vesces ou pois
· éviter les sols caillouteux
· récolte très délicate en méteil versé
· une qualité de coupe médiocre
|
Lamier spécifique pour céréales immatures : type « Claas Direct disc » ou « Krone X disc»
|
· Convient dans tout type de mélange
|
· équipement spécifique à ce type de récolte
· +/- adaptable sur une autre marque
· coût élevé
|
|
|
Objectif : obtenir des brins de 3 à 4 cm coupés net (aiguiser régulièrement les couteaux de l’ensileuse) (© Btpl) |
La finesse de hachage
L’obtention d’un hachage excellent est très important afin d’éviter le défibrage de la paille encore verte et de préserver le rôle essentiel du blé ensilé: faire ruminer !!!
Des rendements élevés et variables
Les rendements varient en fonction de la période de semis, des espèces (triticale/orge), du stade de récolte et du potentiel des terres. Pour un blé, le rendement en tonne de matière sèche représente 170% de la récolte en grain (T) : 7 tonnes grains x 1,7 = 12 TMS. Globalement, les rendements varient de 8 à 13 TMS/ha.
Une conservation à haut risque
Plusieurs paramètres contribuent à rendre difficile la conservation optimale de cet ensilage :
- un taux de matière sèche souvent élevé à la récolte,
- un produit qui se tasse difficilement (effet éponge),
- un ensilage souvent conservé dans un silo taupinière (silo d’appoint), plus difficile à tasser,
- un silo qui avance lentement du fait du faible taux d’incorporation dans la ration.
Pour ce prémunir de ces risques, il faut mettre en œuvre des pratiques qui garantiront un résultat optimal :
1. plutôt récolter trop tôt que trop tard,
2. hacher avec la même finesse que le maïs, voire légèrement plus grossier si l’on a une forte présence de protéagineux et/ou un taux de MS < 30 %,
3. stocker de préférence l’ensilage entre des murs et tasser énergiquement,
4. dimensionner correctement la taille du front d’attaque pour avancer de 20 cm en hiver et 30 cm en été (2.5 kg/VL pour 60 VL donne 5 m² de front d’attaque en hiver et 3.5 m² en été !), *
5. utiliser un conservateur antifongique maïs (préconisation : 1 kg/m² répartis de manière homogène dans les 50 cm supérieurs du silo).
L’absence de conservateur antifongique et la trop faible vitesse d’avancement dans le tas amènent inexorablement à une reprise de fermentation de l’ensilage lorsque le silo est ouvert. L’air pénètre dans le tas d’ensilage au fur et à mesure que vous avancez dans le silo, conséquence de la structure « soufflée » de ce type d’ensilage. Ces fermentations et moisissures créent une perte de valeur alimentaire et un développement exponentiel des spores butyriques.
Le silo boudin : réalisé à la récolte avec un matériel spécifique assure une excellente conservation. (© Btpl) |
Silo sandwich ou silo boudin une bonne alternative
La constitution d’un silo « sandwich » est une bonne alternative au silo classique. On réalise un silo d’environ 80 cm de hauteur sur toute la surface du silo de maïs. On applique un conservateur dans la ½ supérieure puis on bâche. À la récolte du maïs, on débâche et on ajoute le maïs. Une fois le silo ouvert, on obtient environ 40 cm de céréale immature dans le fond du silo pour environ 2 m 10 d’ensilage de maïs (selon la hauteur du silo) soit un rapport de 2.5 kg MS de méteil pour 15 kg de fourrage désilé.
Quelle valeur alimentaire, pour quelle utilisation ?
Le premier paramètre à maîtriser sur ce type de fourrage est bien sûr la matière sèche. Ensuite, les autres paramètres seront très variables et globalement moins bon qu’un ensilage de maïs ou d’herbe.
Critères
|
MS
|
MAT
|
CB
|
UFL
|
UFV
|
PDIN
|
PDIE
|
P
|
Ca
|
%
|
(g/kg sur le sec)
|
||||||||
Minimum
|
20
|
67
|
237
|
0.60
|
0.60
|
40
|
55
|
1.5
|
2.0
|
Maximum
|
46
|
90
|
287
|
0.80
|
0.70
|
85
|
75
|
2.2
|
6.2
|
Vaches laitières |
Génisses |
Taurillons |
Vaches allaitantes |
8 à 10 kg de matière brute / VL / jour en complément d’autres fourrages, pour ne pas trop déconcentrer la ration. |
A volonté avec correcteur azoté adapté à la consommation et à l’âge |
3 à 4 kg / animal / jour et maïs à volonté. |
En complément du foin pour les vaches vêlées. Trop riche pour les vaches en gestation. |
Coût du kg de MS :
Économiquement, la céréale immature est loin d’être une aberration. A rendement moyen quasi égal, le blé coûte moins que le maïs. Cette différence de coût provient essentiellement du prix de la semence (150€/ha pour le maïs contre 53 €/ha pour le blé).
En méteil les coûts sont encore bien inférieurs à la culture de blé pur.
Exemple de coût sur une exploitation de Meurthe et Moselle
|
Blé
|
Maïs
|
Charges opérationnelles. €/ha
|
193
|
273
|
Fumure
|
65
|
60
|
Traitement dont :
Fongicide
Herbicide
Autre
|
70
35
30
5
|
55
0
55
0
|
Assurances
|
8
|
8
|
Semences
|
50
|
150
|
Charges fixes + récolte
|
610
|
610
|
Total charges en €/ ha
|
803
|
883
|
Coût / T ms rendu silo (€)
|
|
|
Si 8 T ms
|
100.3
|
110.4
|
Si 9 T ms
|
89.2
|
98.1
|
Si 10 T ms
|
80.3
|
88.3
|
Si 12 T ms
|
|
73.6
|
Pour accéder à l'ensembles nos offres :