Lait Les producteurs français se mobilisent face à Bruxelles
La filière laitière française, qui compte un peu plus de 110.000 fermes et emploie 400.000 personnes, se mobilise pour obtenir de Bruxelles le maintien d'une maîtrise de la production.
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"Pour le moment la conjoncture mondiale laitière est relativement favorable", tirée par la croissance des pays émergents, a souligné auprès de l'AFP Henri Brichart, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Ainsi, pour la première fois depuis cinq ans, le prix du lait payé aux producteurs français a augmenté pour la période couvrant le premier trimestre 2007.
Les producteurs français reconnaissent également que depuis la réforme de la PAC en 2003, "la baisse des prix a été compensée par l'attribution d'aides directes" de l'Union européenne. "Mais nous avons peur que la Commission européenne nous impose une nouvelle réforme en 2008", dit M. Brichart, en dénonçant un "vent libéral qui souffle à Bruxelles".
La grande crainte de la France, qui a produit 22,7 milliards de litres en 2006, soit 17% de la collecte européenne (130 milliards), est de voir Bruxelles mettre fin au système des "quotas" instaurés en 1984 pour lutter contre la surproduction de beurre et de poudre, dont les stocks coûtaient très cher au budget européen. "Les quotas n'étaient pas populaires en France à l'époque mais on veut aujourd'hui les garder", souligne M. Brichart pour qui ils "sont un outil dans une politique de maîtrise de la production". Pour le président de la FNPL, il suffit d'adapter "les quotas aux besoins de consommation". D'autant que le nombre de fermes laitières devrait diminuer de 25.000 à 40.000 d'ici 2015 en France, permettant à de nombreux agriculteurs d'augmenter leur production.
Aussi, des parlementaires français ont décidé jeudi, en marge du salon de l'agriculture, d'envoyer une "lettre ouverte" au Commissaire européen à l'Agriculture Mariann Fischer-Boel pour lui demander d'appliquer "une véritable politique communautaire du lait". Ils lui demandent "de défendre le coeur de (la) politique de régulation et des marchés en considérant (...) que l'avenir de la filière laitière européenne ne s'arrête pas uniquement au marché mondial". "Il n'est pas question pour nous de laisser se dissoudre cette politique commune forte au simple motif de la concurrence avec des pays qui (...) appliquent leurs propres règles", affirment les parlementaires, rappelant que "le commerce mondial ne porte que sur 6% de la production" laitière mondiale qui est de 512 milliards de litres.
Le CNIEL (Centre national interprofessionnel de l'économie laitière), à l'origine de cette "lettre ouverte", a indiqué que 49 parlementaires, dont l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, l'avaient déjà signée. La France se situe au premier rang mondial pour la consommation de beurre, au deuxième rang derrière la Grèce pour le fromage, et seulement autour du 20e rang pour le lait.
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