Le point sur La ration sèche pour les vaches laitières
La « ration sèche » pour les vaches laitières est apparue depuis quelques années en France et rencontre un succès grandissant auprès des éleveurs depuis environ deux ans. Définition, intérêts et conditions de réussite avec le Btpl (Bureau technique de promotion laitière).
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Le fourrage distribué doit assurer une bonne rumination (© Btpl) |
Le concentré en ration sèche
Le concentré est apporté :
- soit en libre service avec un nourrisseur adapté ( Kempen, Armonie )
- soit par une distribution à l’auge de granulés de taille classique, ou de gros bouchons.
- Soit en mash (mélange de matières premières sans granulation)
Le prix du concentré se situe fin 2006 entre 160 et 210 € / tonne, suivant les systèmes. Il peut évoluer en fonction des cours des différentes matières premières.
Quelles motivations pour choisir cette option ?
- Gagner du temps et se simplifier la vie : suppression de l’ensilage et gain de temps sur la production et la distribution quotidienne des fourrages.
- Sécuriser le système d’alimentation en quantité et en qualité : résoudre des problèmes de déficit fourrager, régler des problèmes d’acidose chronique.
- Augmenter la production laitière, pour intensifier la production par vache sans agrandir le bâtiment, pour faire plus de lait d’été ou pour améliorer le résultat financier
- Eviter un investissement en stockage de fourrage ou stockage des effluents, ou encore matériel de distribution, ou extension de bâtiment.
Les conditions pour réussir en ration sèche
La formule du concentré est étudiée pour couvrir les besoins de la vache laitière haute productrice, et être le moins acidogène possible. Dans le cas où le concentré est distribué par l’éleveur, sans distributeur spécifique, la présentation doit permettre un étalement de la digestion : au minimum 2 distributions par jour du concentré seul au cornadis . Si il est distribué au DAC, il faudrait multiplier le nombre de stalles (1 pour 10 VL environ).
Les vaches doivent disposer d’eau propre à volonté, et proche de l’alimentation. Une vache laitière à 35 litres de lait, boit largement plus de 100 litres d’eau par jour en ration sèche.
Le fourrage distribué doit assurer une bonne rumination : du foin fibreux mais suffisamment appétant pour que les vaches en consomment 6 à 8 kg minimum.
La réussite technique passe aussi par l’observation des réactions des animaux (consommation de brins longs, aspect des bouses, surveillance du TB et de la fécondité,…). La ration sèche ne peut réussir durablement sans une attention permanente de l’éleveur.
Quels résultats techniques ?
• Augmentation de la production laitière
Les résultats annoncés par les firmes et observés vont de 10% à 25% d’augmentation de la production laitière.
• Chute du Taux de matière grasse, maintien du taux protéique
Expliquée en grande partie par l’effet dilution et l’apport de matière grasse dans les concentrés, la chute du TB est presque systématique et peut atteindre – 5 ou -6 g.
Pour ce qui est du TP, il reste en général stable et n’augmente qu’exceptionnellement.
• Amélioration de la fécondité
Signalée très souvent. Il est possible que l’expression des chaleurs et la fécondation soient favorisées par le moindre amaigrissement en début de lactation accompagnant une ration plus riche en énergie et moins poussée en azote que dans la plupart des rations classiques.
Quelle incidence financière ?
Nos premières estimations et observations de coût alimentaire de la ration sèche (fourrages + concentrés) vont de 120 à 170 €/Ml, soit de 10 à 50 € au ML de plus qu’en ration classique.
Ce surcoût alimentaire est très variable et dépend pour beaucoup de la situation de départ (frais de production des fourrages, efficacité de la ration initiale, …).
En contrepartie, les conséquences de la ration sèche touchent l’ensemble de l’exploitation et sont à mettre dans la balance :
- Modification de l’assolement, et remplacement de cultures fourragères par des cultures de vente.
- Autres activités rendues possibles par le gain de temps de travail ou la disponibilité de surfaces.
- Economies en silo, en matériel de désilage et distribution, voire en matériel de culture et de récolte. Ce ne sera pas le cas si un troupeau viande par exemple continue d’utiliser tout ce matériel.
- Selon les cas, production laitière supplémentaire en évitant un investissement bâtiment…
- Une éventuelle économie de main d’œuvre.
- Surcoûts éventuels liés à une production de foin plus importante (stockage, matériel allant éventuellement jusqu’au séchage en grange) et une distribution de concentrés fortement augmentée (stockage et distribution)
- Modifications dans la gestion de la trésorerie globale de l’exploitation : moins d’avances en cultures (en particulier sur le maïs), mais des achats d’aliments plus importants. La gestion de la trésorerie est donc différente sans forcément être pire.
Une analyse à faire au cas par cas
Avant de se lancer dans la ration sèche, il faut bien clarifier ses objectifs en matière de temps de travail, d’investissement, d’autonomie alimentaire et de revenu.
La ration sèche entraîne un changement fondamental dans le système de production, et une étude économique complète devra être réalisée pour éviter les mauvaises surprises.
Il est nécessaire en outre de répondre à certaines questions :
- La ration sèche est elle compatible avec le lien au terroir indispensable pour certaines productions (Aoc,…) et avec l’indispensable traçabilité ?
- Quelle image véhicule t- elle ? favorable (ration foin plutôt qu’ensilage !), ou défavorable (usine à lait hors sol, concentrés à outrance, …). L’éleveur qui s’engage doit être conscient des réactions que cela peut entraîner envers lui comme envers la filière.
- La dépendance alimentaire: la ration sèche entraîne une dépendance forte vis-à-vis d’un intervenant commercial. Cela peut être ressenti comme un début d’intégration.
- La réversibilité du système : A terme assez court, la ration sèche conduit à augmenter la moyenne économique, à réduire le travail, souvent à abandonner l’ensilage et les matériels ou parts de CUMA qui vont avec, et parfois à éviter des investissements en bâtiment, silo ou matériel. Revenir en arrière au bout de quelque temps signifierait commencer par réinvestir dans des animaux, du matériel, des installations et augmenter le travail. La réversibilité est elle réaliste dans ces conditions ?
La réponse à ces questions ne peut être qu’individuelle et étudiée au cas par cas.
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