Valeur alimentaire des fourrages Quelles analyses choisir ?
Pour déterminer la valeur alimentaire des fourrages, maïs ou herbe, différentes analyses sont possibles. Quelles soient simples ou plus complètes, les analyses doivent en premier lieu être réalisées à partir d’une bonne prise d’échantillon sous peine de fausser les résultats. L’analyse doit ensuite répondre aux questions que vous vous posez réellement. Dossier analyse des fourrages avec le Btpl.
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Une analyse de fourrage doit répondre aux questions que vous vous posez réellement.
- Voulez-vous de simples caractéristiques de composition de votre maïs ou de votre herbe, simples mais aussi fiables que possible ?
- Voulez-vous une idée des valeurs énergétiques et azotées afin de calculer une ration prévisionnelle pour les animaux ?
- Voulez-vous des éléments pour comprendre la réaction des animaux aux fourrages et juger de la qualité réelle des ensilages ?
Trop souvent on veut répondre à la dernière question avec des résultats d’analyse ne permettant de répondre qu’aux deux premières.
Avant toute analyse, la prise d’échantillon est primordiale
Les 500 g de fourrage analysés doivent représenter aussi fidèlement que possible l’ensemble ou des parties bien précises du silo correspondant (© Btpl) |
Les résultats doivent être connus pour démarrer l’alimentation hivernale. Il est donc important de s’y prendre à l’avance, et non pas le jour de l’ouverture du silo et à la période où les laboratoires sont surchargés d’échantillons. D’où : prélèvement par carrotage à travers la bâche dans les silos fermés ou prélèvements en vert à la mise en silo et congélation de l’échantillon pour analyse ultérieure.
Quels types d’analyses ?
Selon les questions que vous vous posez, 3 types d’analyses sont possibles :
1. Les caractéristiques de base : objectif caractériser la composition du fourrage.
Les éléments les plus classiques sont:
% de matière sèche
% de matières minérales ( dont Calcium et Phosphore)
% de matière azotée totale ( Mat)
% de cellulose brute
% d’amidon ou d’amidon + sucres
Ces éléments sont réellement analysés en laboratoire. Ils sont soit dosés chimiquement, soit estimés par infrarouge, la deuxième méthode donnant des résultats proches de la première mais plus rapidement et pour moins cher.
Vous pouvez vous contenter de ces éléments de base pour appréhender les grandes tendances de complémentation azotée et énergétique à appliquer. Pour affiner ensuite la ration, Il faudra cependant être tout à fait attentif à l’observation des silos (pH, température, finesse de hachage, état de conservation) et des animaux (quantités consommées, état des bouses, des pis, lait produit et taux, signes d’acidoses, mammites etc…).
2. Valeur énergétique et azotée afin de calculer une ration prévisionnelle.
Les valeurs Ufl, Pdin, Pdie, Pdia permettent le calcul d’une ration, mais attention, ces valeurs sont obtenues habituellement par calcul au moyen d’équations établies par l’Inra sur la base des éléments simples analysés précédemment sur des fourrages types.
Critère
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Matière sèche (%)
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33,5
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Matières minérales (g/ kg)
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3,7
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Cellulose brute (%)
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20,7
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Amidon (%)
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30
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MAT (%)
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7,1
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Ufl ( /kg MS)
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0,91
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Pdin ( /kg MS)
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44,5
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Pdie ( /kg MS)
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63,5
|
Ces résultas peuvent être affinés par des mesures complémentaires :
- L’analyse classique
Estimation des valeurs Ufl et Pdi à partir du % de matière sèche et de matières minérales, de la matière azotée totale et de la cellulose brute.
On lui reproche souvent de ne pas tenir compte de la nature exacte de l’azote, de la cellulose plus ou moins digestible, de la nature des sucres et de l’amidon.
Sur de l’herbe ou un maïs « normal » on peut se fier à cette analyse, sur un maïs stressé, trop sec, trop vert, trop riche ou trop pauvre en grain, des analyses complémentaires seront précieuses pour caractériser au mieux le fourrage :
- Des analyses chimiques plus précises
- Fermentescibilité des glucides :très variable entre un maïs sec et un maïs vert.
- Composition de la cellulose :
Ndf : correspond sensiblement à hémicellulose + cellulose + lignine
Adf : correspond à cellulose + lignine
Ldf : correspond à la lignine indigestible
- Dégradabilité de l’azote
Les glucides fermentescibles et l’énergie soluble sont moins disponibles à l’ouverture du silo, qu’après 2 à 3 mois de conservation.
- Des analyses biochimiques
Ces analyses reflètent plus ou moins partiellement les conditions réelles de digestion dans le rumen.
Elles vont d’analyses en présence d’enzymes choisies pour représenter la digestion dans le rumen, à l’analyse directe en rumen artificiel ou dans le rumen d’une vache fistulées.
Certaines de ces analyses sont réalisées en infrarouge (coûts moindres et plus grande rapidité), mais toujours en les étalonnant sur l’analyse biochimique de départ.
Les critères sont très variables suivant les laboratoires ( digestibilité de la matière organique dMO, Glucides fermentescibles Gluf, etc…) ; leur objectif commun est de préciser la part réelle de protéines, de glucides et de cellulose digérés dans le rumen et d’apprécier leur vitesse de dégradation.
La digestibilité, qui traduit la partie réellement utilisée du fourrage (non rejetée dans les bouses) permet de préciser la valeur alimentaire réelle des fourrages et d’adapter la complémentation aux caractéristiques du fourrage.
Critère
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%
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Digestible à
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Amidon
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30
|
70 à 100 %
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Sucres solubles
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10
|
100 %
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Hemicellulose
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20
|
50 à 100 %
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cellulose
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18
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20 à 50 %
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lignine
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2,5
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0 %
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Plante entière
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71 à 75 %
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Quelques exemples d’application :
>>A contrario un maïs pauvre en grains peut contenir des tiges riches en sucres et hémicelluloses très digestibles.
3. Des éléments supplémentaires pour comprendre la réaction des animaux et juger de la qualité réelle des ensilages.
La production des vaches dépend également :
-
De facteurs que l’analyse ne peut dévoiler : disponibilité réellement à volonté de la ration, concurrence à l’auge, état sanitaire et parasitaire du troupeau, etc…
-
De facteurs propres aux fourrages mais trop souvent négligés : état de conservation, finesse de hachage, reprises de fermentation au silo et à l’auge
-
La granulométrie et la finesse de hachage mesurée au tamis secoueur,
-
La mesure des pH et des températures au silo et à l’auge,
-
La présence de moisissures,
-
L’analyse de conservation sur échantillon prélevé au silo : mesure de acide acétique, acide butyrique, % d’azote ammoniacal, % d’azote soluble, alcools ( pour le maïs) spores butyriques.
Quelle analyse choisir ?
Votre connaissance des conditions de végétation et de récolte, l’observation des animaux, et quelques mesures d’acidité et de température feront le reste.
Soit la digestibilité de la matière organique (DMO), et le taux d’amidon+ sucres,
Soit l’approche américaine Ghf ou Ncs, Adf, Ndf, Ldf,
Soit les Gluf.
Assurez-vous que, côté azote, l’azote soluble soit analysé sur l’ensilage d’herbe.
Si votre ration ne « tourne pas », vous avez peut être plus d’enseignements pratiques à attendre d’une analyse de conservation, d’une mesure des températures et des pH de silos et d’auge, d’une approche de la fibrosité que d’une analyse Ufl-Pdi quand elle vous livre année après année des résultats très proches .
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