OMC L'Union européenne met au défi les Etats-Unis sur l'offre des pays émergents
Tentant d'éviter un "crash" des discussions à l'OMC, le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson a pratiquement repris à son compte vendredi les propositions du groupe des pays émergents (G20) sur le volet agricole des négociations, demandant aux Etats-Unis un effort équivalent.
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Ignorant les mises en garde de la France, le principal négociateur européen a affirmé aux 149 délégations que la voie d'un accord sur l'agriculture consistait à "se rapprocher aussi près que possible du niveau d'ambition du G20, quant aux réductions dans les tarifs douaniers comme dans les subventions internes". "L'Union européenne a mis ses cartes sur la table", a dit M. Mandelson.
En échange de son avancée sur l'agriculture, l'Union européenne attend des pays émergents et en développement "des réductions réelles équivalentes" dans leurs droits de douane industriels, ce qui veut dire un coefficient de 15 (et non de 20 comme le propose le G20) dans la formule de réduction qui leur sera appliquée. "L'Union européenne a d'une certaine manière reformulé la proposition du G20, mais il reste des fossés énormes dans cette reformulation", lui a répondu devant la presse le secrétaire américain à l'Agriculture Mike Johanns.
Confirmant et précisant les signaux envoyés depuis plusieurs semaines, M. Mandelson estime que "l'Union européenne doit trouver le moyen de se rapprocher le plus possible de la baisse moyenne des tarifs agricoles proposés par le G20", qui réclame une réduction de 54% des droits de douane appliqués par les pays riches sur les importations agricoles. Ce chiffre théorique de 54% "correspond à une réduction de 51% pour les pays développés, quand tous les éléments sont pris en compte", a expliqué M. Mandelson. Sur base équivalente, l'UE avait avancé une baisse de 46% de ses tarifs douaniers effectivement appliqués.
Jeudi, le ministre français de l'Agriculture, Dominique Bussereau, avait mis en garde M. Mandelson contre toute offre allant au delà. A l'adresse des Etats-Unis, le commissaire européen a souligné que "les gains et les efforts doivent être équivalents, dans ce cas entre pays développés sur ces deux piliers" de la négociation agricole, accès aux marchés (protection douanière) et soutiens internes aux agriculteurs.
Pas question, pour Peter Mandelson, que l'UE fasse plus que la proposition du G20 sur l'accès au marché, comme le lui demande Washington, quand les Etats-Unis feraient moins sur les soutiens internes. "Ce que le G20 demande est en fait que les soutiens internes globaux (des Etats-Unis) soient ramenés à environ 12 milliards de dollars" par an, a-t-il expliqué. "C'est un gros travail. Un compromis sera nécessaire mais pour y parvenir, nous devons commencer à négocier", a-t-il dit.
Mercredi, le directeur général de l'OMC Pascal Lamy avait estimé que ces subventions américaines devraient être réduites "sous 20 milliards de dollars". Mike Johanns a indiqué qu'il avait "lu cette déclaration avec intérêt". Mais il a surtout réitéré la volonté des Etats-Unis d'arracher des garanties sur la réalité de l'accès au marché, compte-tenu des nombreuses exceptions et échappatoires ouvertes aux précédentes étapes de ces négociations. "Quel que soit le pourcentage (de baisse des tarifs), il faut me dire ce que vous allez faire sur des points très spécifiques", a-t-il dit, mentionnant les "produits sensibles" (pour les pays développés), les "produits spéciaux" (pour les PVD) et le mécanisme de sauvegarde spécial. Toutes ces clauses aboutiraient à réduire considérablement la signification des baisses de tarifs, selon les Etats-Unis.
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