Organisation mondiale de la santé animale H5N1 : La progression ralentit mais le danger demeure
La progression de la grippe aviaire ralentit dans le monde mais la contamination d'un seul élevage de volailles suffit à relancer l'expansion de la maladie si elle n'est pas immédiatement contenue, avertit l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE).
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"La progression de la grippe aviaire s'est ralentie à l'échelle mondiale" et l'absence de migrateurs infectés en Afrique semble confirmer que la capacité de survie et de transmission de la souche asiatique du virus H5N1 "est limitée dans le temps chez les oiseaux sauvages", souligne le directeur général de l'OIE à Paris, Bernard Vallat, dans un entretien avec l'AFP. Ces signes sont "plutôt encourageants" et pourraient présager "une décrue mondiale de la maladie, à condition que le cycle ne soit pas relancé", estime le responsable de l'organisation intergouvernementale. "Un seul élevage contaminé peut suffire à réinfecter une bande d'oiseaux sauvages", réamorçant ainsi le cycle d'expansion du virus dans le monde, met en garde le Dr Vallat. C'est pour cette raison que l'"on ne peut pas se permettre de tolérer même un petit nombre de pays infectés. Il faut que tout le monde soit propre".
Le rôle exact joué par les oiseaux sauvages dans la progression du virus H5N1, réapparu en Asie en 2003, reste encore à établir. Il est toutefois certain que les migrateurs ont contribué à transporter la souche vers le Moyen Orient et l'Europe. En Afrique, en revanche, ce sont les seuls transports commerciaux de volailles, légaux ou non, qui ont facilité une expansion en "tâche d'huile, sur deux fronts", gagnant aujourd'hui huit pays, rappelle le directeur de l'OIE. A l'ouest, après le Nigéria où a été décelé en février le premier foyer sur le continent, la grippe aviaire a atteint des élevages au Cameroun, Niger, Burkina Faso et Côte d'Ivoire. Au nord-est, le virus s'est répandu en Egypte, au Soudan et à Djibouti. "Les animaux malades ne sont pas abattus partout", en l'absence de réseaux vétérinaires capables d'assurer la surveillance des élevages, explique le Dr Vallat. "Et c'est là qu'il faut agir", faute de quoi le risque est réel de voir le continent devenir un réservoir d'où le virus pourrait de nouveau essaimer. Les besoins de l'Afrique pour établir un niveau de détection et d'intervention adéquat ont été estimés à 700 millions de dollars par l'OIE, l'Union africaine et l'Agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Une conférence de donateurs dédiée au continent sera organisée en décembre.
Plus le virus circule chez l'animal et plus s'accroît la probabilité d'une mutation ou d'une recombinaison avec une souche de grippe humaine qui permettrait la contamination entre humains et pourrait entraîner la pandémie redoutée. Alors que "la mondialisation des échanges a entraîné la mondialisation des microbes", souligne le directeur de l'OIE, la maîtrise des infections animales est indispensable pour éviter l'émergence ou la réémergence de maladies humaines comme le Sras (pneumonie atypique) ou le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, forme humaine de la vache folle. La souche asiatique du virus de grippe aviaire H5N1 avait tué 128 personnes dans le monde au 6 juin, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève. Depuis, une fillette est décédée du virus en Indonésie, soit 38 morts rien que pour cet Etat éclaté en archipel, où la maladie est désormais endémique. La progression du H5N1 semble enrayée en Asie, sauf dans ce pays et probablement en Birmanie. Jusqu'à présent, seule la souche animale du virus a été décelée sur les victimes humaines. S'il y a eu transmission d'homme à homme, elle est restée limitée à de très petits groupes, au sein de familles au comportement identique.
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