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Béatrice et Dominique Bordeau, éleveurs en Mayenne Comment élever 40 vaches et 30.000 poussins avec des énergies renouvelables

Comment se débarrasser d'une facture de fioul de 6.500 euros par an de plus en plus lourde et ménager l'environnement ? Béatrice et Dominique Bordeau, éleveurs en Mayenne, n'ont pas attendu que le prix du baril batte des records pour trouver la solution.

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Leur exploitation tourne aujourd'hui à 70 % avec des énergies renouvelables, alors que leur autonomie était nulle lors de leur installation en 1988 à Peuton, à 20 km au sud de Laval. Les Bordeau ont investis 38.500 euros, dont 18.000 euros d'aides de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). "Notre réflexion dépasse le cadre agricole. Nous voulons sensibiliser les personnes qui vivent autour de nous aux questions énergétiques", explique Béatrice Bordeau dont l'exploitation vient de recevoir le label "ferme pédagogique". Le poulailler, d'où sortent 30.000 animaux par an, est maintenu à 30 degrés, grâce à la chaudière à bois alimentée par 5 km de bocage planté depuis 1989, tout comme la maison de la famille. Une source d'énergie qui sert aussi pour la salle de traite des 40 vaches, qui doit être nettoyée deux fois par jour avec une eau à 80 degrés. L'été, trois panneaux solaires prennent le relais. Quant au tracteur, les Bordeau ont semé 3 ha de colza pour produire les 2.500 litres d'huile nécessaires pour le faire avancer pendant un an. De cet oléagineux, les éleveurs tirent aussi des tourteaux pour compléter l'alimentation de base des bovins. Les vaches sont en outre désormais nourries principalement d'herbe, ce qui a permis de réduire considérablement la part du maïs, très gourmand en eau et en énergie, dans leur alimentation.

"Si ces éleveurs ont réussi leur pari, c'est qu'ils ne sont pas tombés dans l'agrandissement à tout crin de leur exploitation. Ils ont concentré leurs investissement sur la diversification des énergies", commente Jean-Pierre Couvreur, président de la Cuma (coopérative d'utilisation de matériel agricole) de Mayenne, relais de l'Ademe. Leur exploitation fait certes figure de prototype, mais la volonté de ces éleveurs de se tourner vers les énergies propres n'est pas isolée, assure M. Couvreur. "Trente-six agriculteurs utilisent des presses à huile dans le département. Ils devraient être 70 à la fin de l'année. En 2002, ils n'étaient que cinq à s'intéresser à la question. Le département compte 70 chaudières à bois individuelles, contre 45 l'an dernier", poursuit-il. "La plupart espèrent dépasser ce cadre individuel pour produire pour leur environnement proche. L'idée est de défendre des filières de distribution énergétiques courtes, et pas seulement les filières longues qui passent par les compagnies pétrolières", poursuit M. Couvreur.

A une cinquantaine de kilomètres de Peuton, à Saint-Hilaire-du-Maine, une chaudière à bois vient d'être mise en place pour chauffer un lotissement de 23 maisons. La chaudière sera alimentée par le bois vendus par les agriculteurs. Le couple Bordeau est également à l'origine de l'installation d'une chaudière à bois à l'école Sainte Marie de Quelaines, où sont scolarisés leurs enfants. "Si on pouvait utiliser toute l'énergie potentielle de l'exploitation pour chauffer plusieurs infrastructures, on serait ravis", explique Béatrice Bordeau.

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