Surfaces en herbe Quelles solutions pour améliorer et maintenir en état les prairies
Pour optimiser chaque hectare de prairie en fonction de son utilisation, trois types de surfaces en herbe sont à distinguer aujourd’hui sur les exploitations laitières: Les surfaces à entretenir pour respecter la PAC et ne pas perdre de surfaces éligibles; Les surfaces engagées dans des Cad (contrat d'agriculture durable) ou permettant la prime à l’herbe, devant respecter certaines obligations de conduite extensive; Les surfaces à rentabiliser pour obtenir une flore productive et une bonne qualité alimentaire. Conseils du Btpl (bureau technique de promotion laitière).
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1. Diagnostiquer, améliorer, entretenir une prairie
a) Le diagnostic prairial : une étape indispensable
Tableau d’aide à la décision après observation de la prairie |
On cherche toujours à obtenir une flore composée de variétés productives et de bonne valeur fourragère. Selon l’état de la prairie, plusieurs solutions se présentent pour améliorer la production :
b) Resemer pour renouveler la flore
Si le couvert végétal ne correspond plus aux objectifs de production de l’éleveur, son renouvellement s’impose.
Si le sol difficile ou superficiel, on utilisera une technique sans labour ; il sera utile de détruire la prairie longtemps auparavant, afin de laisser le temps aux racines de la flore indésirable de se dégrader et ainsi limiter le feutrage. Mais si on peut implanter une ou plusieurs céréales avant un nouveau resemis, la vieille flore n’en disparaîtra que mieux.
c) Sursemer : une solution délicate et aléatoire, mais à ne pas négliger
Le sursemis se justifie lorsqu’il y a des trous dans le couvert végétal ou un manque de densité de celui-ci. Les emplacements vides du couvert peuvent être d’origines différentes (déjections animales, désherbage sélectif, rongeurs, récoltes trop rases). Dans le cas d’un vide dépassant 1dm2 au m2, et sans sursemis, les emplacements peuvent se regarnir d’adventices souvent improductives. Celles-ci apparaissent rapidement. Elles sont issues de graines présentes dans le sol (paturin annuel, mouron), ou sont dues au développement de rhizomes (chiendent) ou de stolons (agrostide). Pour améliorer les chances de succès du sursemis, il vaut mieux semer après une fauche rase du couvert existant et utiliser des graminées à implantation rapide (ray-grass anglais ).
d) Améliorer la flore grâce à l’alternance fauche/pâture
Une partie des dégradations de flore vient de la mono-utilisation continue des prairies soit en fauche, soit en pâture, avec .
- En pâture : apparition des refus, installation de flore indésirable aux anciens pissats et bouses, espèces de surpâturage (renoncule, plantain majeur, pissenlit, graminées à stolons ou rhizomes).
- En fauche extensive : réduction du nombre de pieds, diminution de la part des bonnes graminées.
Dès que l’alternance est possible, il est conseillé de la mettre en place pour améliorer la pérennité de la prairie. C’est surtout important pour les prairies qu’on ne peut renouveler que très difficilement. En pâturage, c’est au minimum la fauche des refus.
e) Améliorer les prairies par le désherbage
L’amélioration par le désherbage consiste à supprimer la flore indésirable pour permettre aux bonnes espèces de se développer.
- Choix du produit de traitement : L’identification des espèces à éliminer est nécessaire pour sélectionner un produit efficace sur ces espèces. Mais, il faut aussi identifier les espèces à conserver pour choisir un produit sélectif qui ne les supprime pas.
Attention aux obligations liées aux conditionnalités : utiliser un produit homologué sur prairie (ils sont rares).
- Choix de l’époque de traitement : elle est fonction de la période de sensibilité des mauvaises herbes à détruire, ainsi que de la capacité de régénération de la prairie qui doit combler les vides (un sursemis peut aider à combler les trous plus rapidement, sinon des espèce comme le pâturin prendront la place). Les époques de traitement les plus favorables sont au printemps dès le démarrage des prairies ou en automne une dizaine de jours après une exploitation. Mais attention aux températures : la plupart des produits exigent 12°C mini pour une efficacité correcte, et pas plus de 25°C, pas de pluie, pas trop de vent… Il faut savoir saisir les créneaux de temps favorable.
f) Améliorer les prairies par la fertilisation
* Les graminées sont favorisées par la fumure azotée, (RGA et fétuque réagissent bien à la fumure azotée). Attention si la prairie comporte des graminées de qualité médiocre (houlque laineuse, fétuque rouge…) l’azote les favorisera également.
* Les légumineuses étant moins favorisées par l’azote que les graminées, on devra limiter l’apport d’azote si l’on souhaite maintenir une association graminée légumineuse équilibrée (30 à 50 % de légumineuses). De plus, l'apport d'azote sur légumineuse gène l'installation du rhizobium sur les racines des légumineuses. Toutefois un apport d’azote précoce peut garantir une bonne production d’herbe au premier cycle sans pénaliser le démarrage de la légumineuse, plus tardive.
* Les autres espèces ne sont pas recherchées dans les prairies. Les apports d’azote ont généralement pour effet de diminuer leur proportion. Néanmoins pour des prairies très dégradées, l’apport d’azote provoque une aggravation du déséquilibre de la flore.
* La fumure phospho-potassique permet de mieux valoriser l’azote et d’éviter certaines dégradations de la flore (graminées peu productives, disparition des légumineuses). Le potassium favorise les graminées les plus productives en synergie avec l’azote mais aussi les légumineuses. Dans des sols équilibrés, l’idéal est de rechercher un rapport N/P2O5/K2O proche de 3/1/3 en comptant tous les apports organiques et minéraux.
* Le chaulage : la prairie est très peu sensible au pH du sol, cependant la nitrification ne se fait bien que pour un pH de plus de 6. De plus dans des prairies acides, certaines espèces médiocres (fétuque rouge) sont favorisées. Dans ces conditions des apports importants d’azote risquent de dégrader la flore, et d’acidifier le sol. L’amélioration de la prairie nécessite alors de chauler.
* La fertilisation organique : les apports de fumier et lisier sont très bien valorisés par la prairie lorsqu’ils sont apportés à dose raisonnée. A dose d’équivalence, ils n’entraînent pas de dégradation de la flore comparativement à l’engrais minéral. Toutefois, des apports trop importants en situation à forte fourniture en azote et à flore médiocre peuvent entraîner de fortes dégradations (ombellifères). Attention aux apports de fumier avant ensilage d’herbe. Le compostage du fumier permet d’en apporter en plus grande sécurité.
2. Optimiser l’utilisation des prairies en fonction des besoins
a) Les 10 règles de mise en œuvre du pâturage tournant
1. Mettre à l’herbe tôt, dans la limite de la portance du sol et du climat.
2. Prévoir un chargement élevé au printemps. Au printemps, en pleine pousse de l’herbe, 1 ha de prairie produisant 12 T de vert assurera 120 rations de 100 kg. Ainsi pour une rotation tous les 18-20 jours, le chargement par hectare sera de 6 à 7 VL.
Avec un chargement adapté à la production, on évitera au maximum les refus et le gaspillage.
Prévoir un chargement élevé au printemps (© Btpl) |
3. Éviter le surpâturage. Si le chargement doit être élevé, il faut par contre changer les animaux de parcelle dès que la production devient insuffisante. Pour pâturer ras sans risque de surpâturage on peut retenir le principe d'accepter une chute de lait de 10 % (mais pas plus) en fin de parcelle par rapport à la production maximum obtenue en début de parcelle.
4. Ajuster son pâturage en cours de saison. Surveiller la pousse de l’herbe dans les parcelles de la rotation de pâture. Ne pas se laisser déborder.
Ensiler ou faner les parcelles en excédent.
Utiliser des fourrages conservés en complément si le pâturage devient difficile (sol humide), ou insuffisant.
5. Faucher les refus. Lorsque les parcelles ne sont ni ensilées, ni fanées, il est nécessaire de faucher les refus. La fauche aura lieu juste après la sortie des animaux pour éviter de couper les nouvelles pousses.
6. Gérer la pousse de l'herbe en raisonnant la fumure azotée. Les doses sont à adapter en fonction de la composition de la prairie (proportion de légumineuses) et d'autre part, de l'objectif de rendement recherché.
On retiendra qu'au moment de la pousse printanière 50 unités d'azote permettent d'obtenir en moyenne 1 tonne de matière sèche en plus. Cet azote sera apporté de préférence sous forme minérale tant que le sol reste froid (12°C).
7. Choisir un rythme de rotation avec retour sur la même parcelle entre 20 et 28 jours. Un rythme long est plus souple à gérer et permet une économie de travail liée à la récolte et à la distribution des fourrages conservés réduite grâce à la constitution de stocks sur pied. Un cycle court permet de tirer la plus grande richesse alimentaire en azote et en énergie.
Choisir un rythme de rotation avec retour sur la même parcelle entre 20 et 28 jours (© Btpl) |
8. Bien adapter le type et la dose de concentré. Concentré sans trop d’azote soluble. Apporter du sel en libre service et à volonté.
9. Mettre de l'eau de qualité à disposition permanente du troupeau
- Veiller à la qualité de l'eau.
- L'abreuvoir doit être situé à moins de 100 m du troupeau.
- Veiller à la température de l'eau (attention à l'eau qui reste plusieurs jours dans une tonne au soleil).
10. Respecter les limites du pâturage
- Il est à proscrire sur les jeunes prairies (1 an sans pâturage).
- Il doit être arrêté lorsque le terrain est trop humide.
- Il est déconseillé en période sèche (destruction de plantes, piétinement, arrachement et pissats).
- rentrer les animaux précocement à l’automne permet de bénéficier de plus de pousse précoce au printemps suivant, avec une bien meilleure qualité alimentaire.
b) Le pâturage des génisses
Toutes les génisses de l’année devraient pouvoir sortir même pour seulement quelques semaines. Mais la première année de pâturage nécessite quelques précautions comme choisir des prairies à proximité pour la surveillance quotidienne ou prévoir des fourrages complémentaires à la transition ou lors de conditions climatiques défavorables.
Le pâturage en 2ème et 3ème année sera maximisé, permettant ainsi une croissance plus modeste en hiver quand l’aliment coûte plus cher. L’herbe offerte doit être à volonté et de bonne qualité. La mise à l’herbe sera précoce (profiter de l’herbe dès qu’elle commence à pousser) et la surveillance sera régulière (chaleurs, mouches, changement de parcelle, nécessité de fourrages complémentaires…). La hauteur d’herbe doit se situer entre 5 et 10 cm et en période maximale de pâturage, on peut compter 0.8 à 1 are/génisse/mois d’âge.
c) Bien valoriser l'herbe récoltée
Les vaches laitières valorisent bien l'ensilage s'il est de bonne qualité, notamment en substitution d'une partie du maïs (1/3 de la ration quotidienne). Pour les élèves, il peut être apporté en plat unique à condition d'adapter la complémentation en fonction de sa valeur alimentaire. Parfois, il est nécessaire de le rationner. Une analyse est indispensable pour bien le valoriser.
L'enrubannage, s'il est effectué à la même période, présente le même intérêt alimentaire que l'ensilage. Il est cependant susceptible de contenir des butyriques si son taux de matière sèche est inférieur à 55 %.
Le foin convient bien aux vaches laitières, par exemple à raison d'1 à 2 kg par jour pour apporter des fibres dans la ration. Il peut aussi constituer le fourrage principal dans les systèmes herbagers, à condition de bien adapter la complémentation. Pour les élèves et les vaches allaitantes, il convient bien si les besoins des animaux sont modérés et la complémentation adaptée.
d) Obtenir de bonnes performances avec de l’ensilage
* Performances des animaux et digestibilité
La digestibilité est la fraction de matière ingérée utilisable par l’animal pour couvrir ses besoins. Le tableau ci-dessous montre l’importance du stade de récolte.
% Digestibilité | Ray-grass d’Italie | Dactyle | Fétuque élevée |
Feuillu Epi à 10 cm Début épiaison Epiaison Floraison |
81 % 79 % 72 % 70 % 64 % |
77 % 77 % 74 % 71 % 58 % |
74 % 72 % 68 % 65 % 57 % |
* Conserver la qualité de l’herbe au silo
Tassement : Plus l’herbe est riche en matière sèche, plus le tassement doit être énergique : il sera modéré jusque 25% de MS, et très intense au-delà de 35%.
Les silos d’herbe doivent être munis d’une évacuation des jus.
Il faut impérativement éviter l’apport de terre.
Le silo doit être fermé dès la fin du chantier et la bâche doit être d’une épaisseur d’au moins 150 microns. Il est indispensable de charger la bâche dès la fermeture.
Un peu de réglementation : La Pac n’interdit pas de renouveler des prairies ! L’accord de Luxembourg et son règlement d’application n°796/2004 ont imposé aux Etats Membres de maintenir les surfaces de prairies permanentes (PP) au niveau de 2003. Cette obligation s’applique depuis le 1er janvier 2005, et est contrôlée à l’échelle du pays. De plus, dans le cadre des Bonnes Conditions Agronomiques et Environnementales et depuis le 1er janvier 2005, les agriculteurs ont l’obligation d’entretenir l’ensemble des terres et notamment les terres en herbe : |
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