Grippe aviaire Son arrivée en France semble inéluctable (expert)
L'arrivée du virus de la grippe aviaire en France semble "inéluctable" et il est peut-être déjà là, explique Jean Hars, vétérinaire responsable du programme de surveillance de la grippe aviaire à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, et membre du comité d'experts de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa).
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Q: Après l'Italie, la France va-t-elle être touchée par le virus de la grippe aviaire ?
R: On ne maîtrise absolument pas l'introduction du virus par des oiseaux migrateurs, qui vont commencer à remonter d'Afrique vers la Sibérie, la Scandinavie ou le Groënland. Elle est inéluctable. Jusqu'ici l'Afssa avait considéré le risque très faible mais avec l'évolution des événements, on a l'impression que le virus progresse de façon inexorable. Toutes les espèces migratrices passent par la France ou s'y s'arrêtent. Les palmipèdes sont les principaux réservoirs de virus influenza mais le H5N1 a été retrouvé aussi sur des pigeons, passereaux, rapaces qui peuvent aller nicher un peu partout en France. On est loin de tout savoir. Autant on connaît bien le virus chez les oiseaux d'eau, autant on est ignorant pour les autres familles d'oiseaux car étant moins touchés il y a eu moins d'études.
Q: Les cygnes retrouvés morts en Italie ou Grèce viennent-ils d'Afrique ?
R: Ce sont des cygnes tuberculés qui ne font pas partie des oiseaux grands migrateurs mais sont capables de se déplacer de quelques centaines de kilomètres en cas de vague de froid comme cela vient de se produire dans le nord de l'Europe. Ces oiseaux se sont déplacés de l'est vers le sud-ouest de l'Europe. Il n'est donc pas impossible qu'on puisse retrouver ce type d'oiseaux aujourd'hui en Corse ou sur la côte méditerranéenne. Il n'est pas exclu que l'on soit déjà contaminé mais pour l'instant on n'a pas constaté de mortalité anormale dans nos contrées. Depuis quatre mois, nous avons enregistré 55 épisodes de surmortalité d'oiseaux suspects qui ont fait l'objet de recherche du virus influenza. Elles se sont toutes révélées négatives.
Q: Les mesures de confinement des volailles préconisées par le gouvernement sont-elles efficaces ?
R: Le confinement est une très bonne mesure si les volailles sont vraiment confinées, mais elle est très difficile à mettre en oeuvre sur le terrain, notamment parce que des élevages ne disposent pas des bâtiments nécessaires. L'Afssa propose d'avoir recours à une vaccination préventive sur certains oiseaux comme les canards prêts à être gavés dans certains départements, ainsi que dans les parcs zoologiques. Mais c'est au ministre de décider. On ne sait pas si le virus s'arrêtera à la faune sauvage comme en Croatie ou s'il s'étendra aux animaux domestiques. Les basses-cours familiales sont très exposées car mal maîtrisées, ainsi que les élevages en plein air. L'élevage en bâtiment est mieux contrôlé. La mode du bio peut présenter des inconvénients de ce point de vue là.
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