Oiseaux migrateurs Incertitude sur leur contamination par le H5N1
Les oiseaux migrateurs sont de retour au-dessus de l'Europe, notamment les canards et les oies, mais une grande incertitude règne sur leur contamination par le virus de la grippe aviaire H5N1, déclare un ornithologue alors que des cygnes malades ont été identifiés en Italie ou en Grèce.
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Avec les changements climatiques, les migrations sont de plus en plus précoces et on est "en pleine remontée" pour les canards qui reviennent d'Afrique de l'ouest, en région subsaharienne, a déclaré à l'AFP Philippe Dubois, auteur et scientifique auprès de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Les oies ont elles aussi commencé leur retour, depuis le 20 janvier environ, et pour tous ces gibiers d'eau, la période de migration devrait se terminer vers le 15 mars. Mais après cette date et jusqu'au 15 mai, vont passer au-dessus de l'Europe des nuées de passereaux (hirondelles, fauvettes, gobe-mouches...).
Or, souligne Philippe Dubois, "on n'a aucune idée aujourd'hui de l'importance du virus sur l'ensemble des populations d'oiseaux : touche-t-il seulement les oiseaux d'eau ou tous les oiseaux?" Pour ce qui est des oiseaux d'eau (canards, oies, cygnes...) on possède des informations sur leur contamination par la grippe aviaire parce que "ce sont les gibiers préférés des chasseurs" qui ont donc plus de chances d'en être à proximité, et parce que ces oiseaux sont "les plus facilement en contact avec les animaux domestiques", partageant souvent les mêmes plans d'eau.
Mais "il est clair qu'aujourd'hui on n'a aucune notion, aucune idée de la prévalence possible ou pas du virus chez les passereaux", fait-il remarquer. Aussi, selon lui, "il serait intéressant de faire des campagnes de capture d'oiseaux" pour la connaître : "Ce n'est pas la même chose s'il y a un oiseau touché sur 100 ou un sur 100.000. Dans le premier cas c'est très grave, dans le second, on peut considérer qu'il y a encore de la marge". Ce qui est sûr, affirme Philippe Dubois, c'est que toute l'Europe est potentiellement concernée : "Si l'on voulait dessiner les voies de migration au-dessus de l'Europe, il faudrait noircir toute l'Europe parce que les oiseaux passent partout".
En certains endroits, ils choisissent plutôt les cols, ou des zones comme le couloir rhodanien, les détroits de Gibraltar et du Bosphore, mais après "ils traversent sur un front extrêmement large". Schématiquement, précise l'ornithologue, les trois grandes voies sont Maroc-Gibraltar-Espagne-France à l'ouest, la voie centrale Tunisie-Sicile-Sardaigne-Corse-Italie et, à l'est, Moyen-Orient-Turquie-Europe de l'Est. Quant à la France, on la considère comme "le carrefour des migrations", c'est le pays d'Europe de l'Ouest où passent le plus d'oiseaux. Y transitent "vraiment toutes les espèces : canards, oies, petits échassiers, énormément de passereaux, des rapaces, des cigognes, des grues...", précise-t-il.
En ce qui concerne les cygnes touchés par le virus H5N1 en Europe du Sud, l'ornithologue souligne qu'il s'agit d'une espèce, des cygnes tuberculés, qui ne migre pas en Afrique. Ce sont des "migrateurs partiels, qui ne font des mouvements que sur quelques centaines de kilomètres lorsqu'il fait trop froid dans leur zone d'habitat de Russie et de l'Europe de l'est, pouvant aller jusqu'en Italie, dans l'est de la France, en Allemagne ou en Suisse. Dans les cas des cygnes contaminés en Italie ou en Grèce, estime-t-il, "il est donc probable que le virus H5N1 est en provenance "d'Europe de l'est, et non pas un virus qui remonterait d'Afrique avec des migrateurs".
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