Alimentation lactée fermentée des veaux Ronan Quéméré, éleveur laitier (29) : « Plus aucun seau de lait à transporter »
« La pénibilité du travail a disparu, l’état général des veaux s’est amélioré et les diarrhées sont quasiment absentes », témoigne Ronan Quéméré, éleveur laitier à Saint Evarzec, dans le Finistère. Depuis deux ans, l’éleveur a adopté la technique d’alimentation lactée fermentée des veaux, ou « lait yoghourtisé », basée sur la fermentation du lait cru par l'apport de bactéries lactiques. Témoignage.
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Avec un quota de 642.000 litres et 160-180 veaux par an, l’éleveur de prim’holsteins estime que ce procédé est facilement applicable et générateur de nombreuses économies sur l’exploitation. Elles sont certes difficiles à chiffrer, car il s’agit essentiellement d’une réduction des charges (soins vétérinaires en moins, achats de poudre de lait,…). « Cependant, j’observe également des répercussions plutôt bénéfiques sur la croissance des animaux alimentés avec le lait fermenté. Le comportement de croissance même des génisses est modifié et, du fait de l’unicité du repas quotidien, elles se mettent plus rapidement à consommer le concentré. »
Ronan Quéméré, éleveur laitier de Prim’hosltein
Gaec de Kerriou, à Kerriou, 29 170 Saint Evarzec
Quota 642 000 litres
Plus un seul seau à transporter
Reste que l’avantage premier cité par l’éleveur est la grande amélioration de la qualité du travail. « A ce jour, il n’y a plus sur l’exploitation un seul pot, un seul seau à transporter. Auparavant, il fallait porter entre 3 et 4 litres/veau deux fois par jour », témoigne Ronan Quéméré. « Ainsi, je suis passé d’un système conventionnel à deux distributions par jour jusqu’au sevrage au système au yaourt avec une phase de colostrum pendant 5 à 6 jours, suivie de la distribution une fois par jour de lait fermenté. J’ai mis en place le système de distribution de lait yoghourtisé avec des matériaux de récupération, mais je reste convaincu que le système reste rentable au regard des différentes économies permises, même si des investissements doivent être effectués. »
Sur son exploitation, Ronan Quéméré utilise une ancienne pompe à vide pour aspirer le lait depuis la fosse de traite et le conduire vers le bâtiment des veaux, sur une distance de 40-50 mètres. Là, la pompe est montée sur une sorte de grand pot qui peut recevoir 200 litres de lait. « Une pompe à lait nous sert ensuite à transférer le lait de ce grand récipient vers la cuve de fermentation, puis dans une deuxième étape, de la cuve de fermentation aux bacs à tétines. Ainsi, l’ensemble du système d’allaitement des veaux est entièrement automatisé. Certains éleveurs sont dans un système de mécanisation partielle, utilisant des seaux pour transvaser le lait de la cuve de fermentation jusqu’au bac à tétines. »
Travailler avec des laits de mélange
La valorisation des laits non commercialisables est un 4ième atout fondamental permis par cette technique d’alimentation. « Aujourd’hui, via la pré digestion fermentaire, je peux me permettre d’utiliser, sans répercussions sanitaires chez les veaux, des laits que j’aurais auparavant du orienter vers la fosse. Il m’arrive d’aller jusqu’à une proportion au 4/5ième de colostrum dans mon mélange de laits introduits dans la cuve de fermentation. »
« Le principe du lait yoghourt permet effectivement de travailler avec des laits de mélange », confirme Jean-Yves Porhiel, conseiller à la Chambre d’agriculture du Finistère et spécialiste de cette technique qu’il a suivi pendant 4 ans à la station expérimentale de Trévarez. « Je ne peux pas définir une limite supérieure précise mais il semble bien que ce ne soit pas un problème d’incorporer des laits relativement chargés en cellules. En revanche », ajoute-t-il, « il convient de respecter avec une rigueur absolue l’éviction des laits produits par les vaches traitées aux antibiotiques. »
Adapter les tétines au bout de quelques semaines
« Chez nous, la cuve de fermentation est dans un local situé à côté des veaux, soumis à température ambiante. Aussi, avec un peu de recul, je m’aperçois qu’il y a des périodes dans l’année où la fermentation est plus difficile à gérer que d’autres » , témoigne Ronan Quéméré. « Avec l’expérience, j’ai appris à jouer sur le volume du reste de cuve, minimisé en été, et au contraire maximisé en hiver, afin d’assurer toujours une bonne fermentation », précise l’éleveur.
Les bacs de distribution sont conçus pour une adaptation des tétines au bout de quelques semaines. « L’expérience m’a montré qu’il ne fallait pas faire l’économie de cette adaptation », souligne Ronan Quéméré. « De zéro à un mois, j’utilise des tétines roses à gros débit, situées en bas du bac à tétines. Elles permettent d’augmenter les apports de lait consommé jusqu’à 8 litres par veau et par jour un une seule prise. Après un mois, il convient de mettre en place les tétines de couleur noire, de plus faible débit, positionnées en général en haut du bac. Ainsi, les veaux sont amenés à forcer un peu plus pour consommer le lait, à sucer davantage et la salivation est meilleure. D’autre part, depuis que je respecte cette adaptation, j’ai remarqué qu’ils consomment davantage de concentrés et que leur état général s’est amélioré. »
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Deux types de tétines à adapter au bac de distribution selon l’âge et la consommation des veaux en lait fermenté. (© Source : « Lait yoghourt, alimentation lactée des veaux », A la Pointe de l’Elevage, avril 2005, mensuel édité par la Maison de l’élevage du Finistère, article de Cyrille Letard, Cédric Lioton, Romain Marie de l’IUT d’agronomie d’Angers sous la direction de Jean-Yves Porhiel, conseiller en génisses laitières à la Chambre d’agriculture du Finistère) |
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Jean-Yves Porhiel préconise en effet ce changement des tétines, à partir de la 6ième semaine et jusqu’au sevrage. « Avec le succès grandissant du lait yoghourt, il devient aujourd’hui facile de se procurer ces tétines auprès des marchands de machine à traire», souligne le conseiller. « Elles doivent être remplacées tous les 12 à 18 mois, compter approximativement un coût de 4,50 € l’unité gros débit et 3,50 € l’unité faible débit. »
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