Maladies respiratoires des jeunes bovins 5 questions à : Bruno Serrurier, praticien vétérinaire
Comment prévenir les pathologies respiratoires chez les veaux ? La vaccination est-elle indispensable ? Et rentable ? Pourquoi faut-il éviter l'automédication ? Que faut-il faire en cas de suspicion de maladie respiratoire ? Réponses et conseils pratiques de Bruno Serrurier, docteur vétérinaire.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Docteur vétérinaire praticien en Corrèze, Bruno Serrurier répond à 5 questions clés sur les maladies respiratoires des jeunes bovins.
Nathalie Petit (NP) : Quelle est la première mesure à prendre pour prévenir les pathologies respiratoires chez les veaux ?
Bruno Serrurier (BS), praticien vétérinaire : La vaccination est la première mesure préventive des pathologies respiratoires chez les veaux. Il existe aujourd’hui des vaccins qui possèdent une large valence et qui agissent contre le VRSB (Virus respiratoire syncytal bovin), contre la para influenza mais également contre certaines bactéries, dont quelques Pasteurelloses. Le coût de la vaccination est d’environ 15 € par veau. Nous avons cependant du mal à faire appliquer aux éleveurs des actions préventives de ce type, des mesures pour lesquelles ils ne vont pas voir immédiatement les effets. Pourtant, selon moi, ce type de vaccin est sans aucun doute rentable sur un élevage. Cette prévention compense largement les répercussions financières des baisses de croissances, des surcoûts en soin et en travail imposés par les animaux atteints, quand ce n’est pas la perte d’un veau.
« Beaucoup d’éleveurs ne font qu’une seule injection, leurs animaux ne sont pas du tout protégés. »
(© Photo Web-agri)
NP : Y a-t-il une période idéale ou des conditions particulières qui optimisent l’efficacité de la vaccination ?
BS : Nous ne pouvons vacciner qu’à partir de 15 jours, 3 semaines. Mais le premier principe dont il faut se rappeler est que, comme dans toute vaccination, la protection n’est efficace qu’après le rappel au bout d’un mois. Beaucoup d’éleveurs ne font qu’une seule injection, leurs animaux ne sont pas du tout protégés. Pourtant, ils pensent agir efficacement. En réalité, vraisemblablement, c’est qu’il n’y a jamais eu la maladie dans l’élevage.
Vaccin la protection n'est efficace qu'après le rappel
Par ailleurs, les élevages qui font de l’engraissement de taurillons, qui pratiquent l’allotement, doivent et vaccinent systématiquement les veaux à l’entrée contre les maladies respiratoires. Car la rencontre des jeunes animaux, dotés des anticorps de leurs propres élevages et qui portent des microbismes différents, conduit à tous les coups à des problèmes respiratoires. On peut fréquemment y rencontrer des pasteurelles. Le problème dans cette démarche est que la vaccination ne devrait pas s’effectuer à l’entrée mais elle devrait être pratiquée chez le naisseur, un mois avant l’allotement. De sorte que le rappel soit effectué le jour où les veaux intègrent leur élevage.
NP : La vaccination des veaux est elle toujours indispensable pour éviter toute pathologie respiratoire ?
BS : Je la préconise fortement dans tous les élevages, qui ont connu, par le passé, une épidémie de VRSB. Pour autant, certains éleveurs ne vaccinent pas et ne souffrent pas de ces pathologies sur leur élevage. C’est effectivement tout à fait possible. C’est lié au mode d’élevage des animaux, à la qualité de l’ambiance dans les bâtiments, à la santé des vaches. Plus les vaches sont bien nourries, vermifugées, alimentées correctement en concentrés, et plus le colostrum sera fort et mieux les veaux seront protégés.
|
Pour Bruno Serrurier, il faut veiller « au mode d’élevage des animaux, à la qualité de l’ambiance dans les bâtiments, à la santé des vaches... » (© Photo Web-agri) |
|
L’éleveur peut également intervenir sur d’autres facteurs pour limiter les risques de développement de ces maladies. Il peut éviter de mélanger des animaux d’âges différents. Car on regroupe ensemble des animaux qui ont des anticorps et d’autres qui en ont moins. Les vêlages groupés peuvent poser plus facilement le risque d’une épidémie en cas d’infection.
Tendance à utiliser des antibiotiques quand il n’y a pas lieu
NP : En cas de suspicion de maladie respiratoire, quel(s) conseil(s) donneriez vous aux éleveurs ?
BS : Toute grippe est toujours accompagnée de température. Aussi, en premier lieu, je conseille aux éleveurs de prendre systématiquement la température de leur veau. Le thermomètre est le principal outil pour savoir de quoi souffre un animal. Malheureusement, seulement un éleveur sur 20 ou sur 30 a le réflexe de prendre la température de son veau. La connaissance de ce paramètre permet d’éliminer la moitié des pathologies. Soit il y a effectivement de la température et le veau est confronté à un problème infectieux, soit il n’y a pas de température et le veau est confronté à un problème de type métabolique ou autre.
NP : Selon vous, les pathologies respiratoires du veau ont-elles tendance à s’accentuer ou à diminuer en élevage ?
« Avec un veau qui a 40°C de température, l’antibiotique ne fera rien. » (© Photo Web-agri)
BS : Je pense que les pathologies respiratoires sont plutôt en régression. Mais il est difficile d’être précis, nous faisons au cabinet nettement moins de visites en élevage qu‘avant. Les éleveurs ne font pratiquement plus appel à nous pour ces problèmes de grippe. En réalité, on observe le même phénomène d’automédication que celui constaté en médecine humaine. Paradoxalement, nous vendons plus de médicaments que lorsque nous pratiquions nous-même ces actes. Les éleveurs ont tendance à utiliser des antibiotiques quand il n’y a pas lieu et comme ce n’est pas ce type de réponse qui permet d’améliorer l’état de santé de l’animal, ils en utilisent un autre, plus fort, quelques jours après.
Sur un problème viral, avec un veau qui a 40°C de température, l’antibiotique ne fera rien. Au bout de deux jours, le veau a toujours sa grippe alors qu’un seul apport d’anti-inflammatoire aurait permis de diminuer la congestion pulmonaire dès le début. Finalement, le danger est réel quant à l’apparition de résistances au niveau bactérien.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :