« Grippe aviaire » et pandémie de grippe humaine Quels sont les risques* ?
La peste aviaire sera sans aucun doute au sommet des discussions entre les vétérinaires et le grand public sur le Salon International de l’Agriculture 2006. Rappel en quatre questions sur ce qu’il faut absolument savoir sur la peste aviaire et la grippe humaine avec Jeanne Brugère-Picoux, professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de France.
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1 – Quels risques représente le virus H5N1 pour l’Homme ?
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Jeanne Brugère-Picoux «Le risque biologique nul n’existe pas» (© DR) |
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2 – Existe-t-il un véritable risque de peste aviaire en France ?
« Le risque biologique nul n’existe pas, surtout que des foyers ont été observés en Europe près de nos frontières (l’Italie en 1999-2000 et la Hollande en 2003) et que depuis l’automne 2005, le virus H5N1 asiatique s’est propagé vers l’Europe (en Russie, Ukraine, Croatie, Roumanie et Turquie). Néanmoins, il faut rappeler que nous n’avons pas connu d’épisode de peste aviaire depuis que l’on sait identifier les virus influenza hautement pathogènes responsables qui sont de sous-type H5 ou H7. Si l’on peut effectuer un contrôle à nos frontières sur les importations à risque (volailles, oiseaux de compagnie….), on ne peut arrêter les oiseaux migrateurs venant des pays atteints (ces oiseaux sont passés sans contaminer la France pendant l’automne 2005 et il ne semble pas y avoir de cas en Afrique où ils sont maintenant regroupés). »
3 – Pourquoi faut-il dissocier « grippe aviaire » et pandémie de grippe humaine ?
« Le terme de « grippe aviaire » avait été utilisé dès 1997 lors de la première observation de 6 cas humains mortels à Hong Kong, liés à une contamination par un virus influenza H5N1 pour lequel on constatait pour la première fois le franchissement de la barrière d’espèce entre les volailles et l’Homme. Si l’on peut encore parler de « grippe aviaire » pour les cas humains asiatiques, liés à une contamination par le virus H5N1 ces deux dernières années, on peut regretter l’amalgame consistant à utiliser ce terme dans les médias pour parler du risque avéré d’une pandémie de grippe humaine car celle-ci ne sera pas obligatoirement liée au virus H5N1 asiatique. Il faut rappeler que la grippe humaine saisonnière (non pandémique) peut tuer près de 2000 personnes par an en France. »
4 – Il y a des affiches dans les aéroports alertant les voyageurs sur la possibilité d’un syndrome grippal lié au H5N1. Qu’en pensez-vous ?
« On peut penser ici aussi à un amalgame avec le risque de pandémie humaine car le virus H5N1 est très peu contagieux pour l’Homme. Il faut des conditions exceptionnelles (promiscuité étroite avec des volailles dans des conditions insalubres) pour observer une transmission du virus H5N1 à l’Homme. Aucun cas n’a été rapporté depuis près de deux ans chez un touriste. Certains voyageurs pourraient s’inquiéter à tort lors d’un syndrome grippal en raison de la psychose que l’on a observée avec la « grippe aviaire ». On peut même craindre une erreur dramatique de diagnostic du fait du risque de paludisme non négligeable au retour d’un pays asiatique. De plus, on ne prévient pas les touristes du risque lié à l’encéphalite japonaise, commune à l’Homme et au porc, due à un flavivirus transmis par les moustiques et qui tue 10 000 personnes par an en Asie. Une épidémie d’encéphalite japonaise observée depuis fin juillet 2005 a provoqué 1300 morts au Nord de l’Inde en deux mois. Qui en parle ? »
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