Prairies Se passer de fertilisation minérale
L’état de nutrition des prairies révèle encore un fonds d’exploitation d’économies financières possibles dans les élevages en terme de fertilisation. Dans 60 à 70 % des prairies analysées auprès de 16 agriculteurs répartis sur l’ensemble du département de l’Indre, toute fertilisation minérale en P et K peut être écartée par une gestion des engrais de ferme. Explications.
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« Ce constat a permis de procéder à une réduction ou un maintien des apports au plus juste sur les parcelles », explique Baptiste de Rancourt, conseiller à la Chambre d’agriculture de l’Indre. Ce diagnostic est rendu possible par la technique d’analyse d’herbe qui évalue l’état de nutrition d’une prairie et permet de piloter au plus juste sa fertilisation.
L'analyse pour déterminer l’état de
nutrition d’une prairie (© Web-agri)
Adapter la pratique de fertilisation avec les indices de nutrition iP et iK
« L’analyse d’herbe, pratiquée avant floraison sur une prairie de plus de deux ans et produisant au moins 2 t de MS/ha, rend compte de la disponibilité du P et du K ainsi que de l’aptitude de la prairie à les prélever », développe Alain Besnard, de la station expérimentale Arvalis Institut du Végétal de la Jaillière (44). « Les résultats de l’analyse d’herbe fournissent directement des indices de nutrition iP et iK. La connaissance de ces valeurs permet d’adapter la pratique de fertilisation à chaque parcelle : validation des pratiques actuelles ou réduction des apports, rarement une augmentation. » En effet, les indices révèlent le plus souvent des situations excédentaires non valorisées.
Au delà de 100, des impasses sont possibles
Un indice de nutrition correct se situe entre 80 et 100. Au-delà, des impasses deviennent possibles.
Fertilisation des prairies selon les indices de nutrition iP et iK
Etat de nutrition |
Indice de nutrition iPiK |
Préconisations |
Très satisfaisant |
120 |
impasse possible : 2 à 3 ans pour P2O5 et 2 ans maxi pour K2O diminuer les apports |
Satisfaisant |
100 |
maintien de la fertilisation actuelle |
Insuffisant |
80 |
augmenter les apports : 30 à 60 P2O5 et 60 à 150 K2O |
Très insuffisant |
60 |
apporter 60 P2O5 et 150 K2O |
« Des indices inférieurs à 60 sont révélateurs de l’existence d’un facteur limitant dans la production de la prairie, et dont l’origine est autre que le manque de P ou de K », explique Alain Besnard. « En effet, sur une prairie, les indices de nutrition doivent se situer largement au-dessous de 60 pour que la chute de la production soit réellement provoquée par la carence en éléments fertilisants. » Le spécialiste précise également que l’interprétation de ces indices reste valable pour des pH qui descendent jusqu’à 5. « Les prairies supportent très bien des pH bas, jusqu’à 5,5, voire 5. Lorsque le pH est inférieur à 5, il s’agira généralement de régler un problème de toxicité aluminique. »
Mesurer l’état dans lequel se trouve la prairie
L’analyse d’herbe la plus profitable se réalise l’année avant l’apport de l’engrais de ferme (dans le cas d’apports épisodiques sur les prairies). Ainsi, il est important de mesurer l’état dans lequel se trouve la prairie pour la pire situation de nutrition. Si à cette période, l’indice est inférieur à 60, cela suggère que la périodicité d’apport d’engrais de ferme doit être rapprochée : par exemple tous les trois ans au lieu de tous les quatre ans. « En système de routine, il est préconisé de réaliser une analyse d’herbe tous les 5 ans ou trois ans après un changement de pratique pour vérifier que les changements opérés ont apporté les résultats escomptés », développe Alain Besnard.
L’analyse est pratique à réaliser : elle consiste à récolter 20 poignées d’herbe dans la parcelle, coupées à 5 cm de hauteur et mélangés de façon à constituer un échantillon de 500 g de matière verte. Le coût d’une analyse est d’environ 30 € HT pour une parcelle.
Sur la ferme expérimentale des Bordes de Jeu-les-Bois (36), l’application des principes apportés par les indices de nutrition a permis de faire chuter le coût de l’engrais minéral PK sur prairies de 2 030 €/an en 1999 à 200 €/an en 2005, auquel s’ajoute un coût de 314 € d’analyses d’herbe/an. Dans le même temps, les indices de nutrition respectifs iP et iK sont passés de 112 à 119 et de 114 à 120.
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