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Traçabilité Accord franco-chinois pour développer la filière bovine chinoise

Après les 150 appareils européens de la famille A320 d'Airbus, la Chine a retenu le système de traçabilité français pour développer sa filière bovine, via un centre de recherche et de développement spécialisé.

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"C'est l'ouverture d'un grand chantier de partenariat sur l'élevage bovin entre la France et la Chine", a déclaré à l'AFP Denis Sibille, président de l'Interprofession du bétail et des viandes (Interbev), depuis Hong-Kong où il se trouve pour assister à la conférence de l'OMC. L'accord prévoit l'implantation à Pékin d'un "centre de recherche et de développement sino-français pour la production de viandes de boeuf". Il a été paraphé le 5 décembre dernier à l'hôtel Matignon par Chen Zhangliang, président de l'Université d'agriculture de Chine, qui a rang de ministre, et Guy Paillottin, secrétaire perpétuel de l'académie d'agriculture de France, en présence du Premier ministre chinois Wen Jiabao et de son homologue français Dominique de Villepin. Huit cent mille euros euros ont été attribués pour lancer cette coopération. Le centre sera co-dirigé par le Chinois Meng Qinxiang et le Français Louis de Neuville, président émérite du Conseil mondial de la race bovine limousine et professeur invité à l'Université d'agriculture de Chine, à Pékin. M. de Neuville, après avoir implanté la race limousine en Argentine (1966), en Grande-Bretagne (1970) et en Amérique du nord (1976), avait engagé des prospections en Chine dès 1985.

"Nous en sommes en Chine, dans un pays où les boucheries n'existent pas et où la population consomme essentiellement des volailles, du porc et du mouton, au niveau du Limousin il y a cent ans. Les races chinoises sont essentiellement destinées au trait et l'apparition progressive de la motoculture les menace", constate M. de Neuville. En revanche, indique-t-il, "les classes moyennes émergentes, soit une population estimée de 60 à 100 millions d'individus, veulent consommer du boeuf". Elles exigent en outre "une haute qualité et une traçabilité parfaite". Cette demande, associée à celle des grandes chaînes de distribution qui se multiplient dans le pays, a incité les autorités à créer le Centre de recherche et de développement qui, par amélioration génétique, devrait teinter du roux "limousine" les "jaunes de Chine", transformer des races de trait en races à viande. La Mongolie intérieure a été choisie comme terrain expérimental, sur un échantillon de 1,5 million de têtes.

Le marché potentiel porte sur 100 millions d'animaux. Une entreprise locale, en joint-venture avec une société française, sera chargée de l'abattage, de la transformation et du conditionnement des produits qui, marqués et labellisés, seront écoulés vers les distributeurs et les restaurateurs. De la réussite de l'entreprise en Mongolie interne dépendra son extension dans d'autres provinces chinoises. Mais d'ores et déjà, cette expérience offre des perspectives aux éleveurs français vendeurs de génétique, ainsi qu'à la fabrique bretonne des "all flex", ces "boucles d'oreilles" indicatrices de la traçabilité des bovins, et à tous les exportateurs de techniques et produits vétérinaires ou d'alimentation du bétail. "L'avantage de cette collaboration est de ne pas avoir d'effet boomerang", estime M. de Neuville, qui assure que toute la production bovine sera consommée en Chine et n'envahira pas les étals des bouchers français.

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