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OMC L'Union européenne s'en prend au Brésil pour débloquer le cycle de Doha

A l'approche de la réunion de l'OMC à Hong Kong, l'Union européenne s'en est prise mercredi aux grands pays émergents du G20, surtout le Brésil, en les menaçant à nouveau de perdre, par manque de réalisme, les avantages considérables d'ores et déjà mis sur la table pour le cycle de Doha.

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Au Parlement européen comme devant les ministres du G90 (pays pauvres) réunis à Bruxelles, le commissaire européen Peter Mandelson a voulu passer à l'offensive alors que l'UE subit un véritable pilonnage de la part des grands exportateurs agricoles, soutenus par les Etats-Unis. "Il s'agit d'un cycle pour le développement, pas pour les exportateurs agricoles", a-t-il rappelé en évoquant l'agenda du développement de Doha, adopté en 2001. "S'ils continuent simplement à demander plus à l'Europe, sans verser eux-mêmes au pot, ce sont eux (et pas nous) qui risquent de détruire le cycle, et ils en sortiront sans rien", a averti Mandelson au cours d'une séance plénière du PE. Venu la veille à Bruxelles pour rencontrer les dirigeants européens et ceux du G90, le directeur général de l'OMC Pascal Lamy avait rappelé que dans toute négociation la crainte de perdre ce qui est acquis est souvent le commencement de la sagesse. "Il y a un moment où les gens changent d'état d'esprit et se disent qu'ils doivent payer pour obtenir ce qui est déjà sur la table. C'est le moment où la négociation tourne", a expliqué M. Lamy à quelques journalistes. Or, les Européens affirment que sur la base des offres agricoles actuelles, les exportateurs brésiliens, les plus compétitifs au monde, sont assurés d'être les grands gagnants du cycle.

"Comment le Brésil peut-il affirmer qu'il ne retirera aucun bénéfice quand la baisse des tarifs leur garantit un accès au marché plus large, même si la viande de boeuf est classée parmi les produits sensibles?", demande Flavio Cortuni, l'un des négociateurs agricoles européens. L'UE estime ainsi que son offre conduira à plus que doubler les importations de viande bovine, au profit notamment du Brésil et de l'Argentine. "Permettez-moi d'être clair. Je n'ai pas l'intention de faire une nouvelle offre en agriculture", a d'ailleurs réaffirmé Peter Mandelson. "Le moment est venu pour les autres de faire un effort équivalent à celui que nous avons accompli", a-t-il insisté. S'agissant des intérêts offensifs de l'UE sur les produits manufacturés et les services, ce sont encore les grands pays émergents, dont le Brésil, qui sont visés par les critiques européennes. "En matière d'accès au marché non-agricole, tout ce que le Brésil offre, c'est une zone franche à Manaus" (Amazonie), affirme Sandra Gallina, négociatrice en chef pour l'UE sur les tarifs industriels. Elle accuse les Brésiliens de "surfer gratuitement" sur les concessions des autres pays.

A l'occasion de la réunion à Bruxelles du G90, les Européens ont voulu enfoncer un coin entre les grands pays émergents et les pays en développement les plus démunis. Les demandes de réduction de tarifs agricoles demandées par les Etats-Unis et le G20 "détruiraient totalement les préférences dont vous bénéficiez (sur le marché européen) et balayeraient des secteurs entiers de vos économies", leur a expliqué M. Mandelson. Dans le "paquet développement" que l'UE veut arracher à Hong Kong, "il est vital que les pays en développement avancés commencent à ouvrir leurs marchés pour compenser l'érosion inévitable des préférences", a-t-il dit, en soulignant "l'énorme potentiel" du commerce Sud-Sud. Chargé d'apporter la réponse de Brasilia, l'ambassadeur brésilien auprès de l'UE Pedro Carneiro de Mendonça a reconnu que "la question de l'érosion des préférences est très complexe car elle peut être présentée d'une manière qui opposent les pays en développement entre eux". Il a plaidé pour "des périodes de transition adéquates et d'autre mesures créatives" afin d'aider les pays du G90 a s'émanciper du traitement préférentiel.

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