Coopératives agricoles S'adapter à la mondialisation, un véritable défi
Ancrées en principe à un territoire, les coopératives agricoles, pilier économique de l'ouest de la France, tendent de plus en plus à se comporter comme des entreprises classiques pour s'adapter à la mondialisation.
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"Les coopératives font face à un grand dilemme : comment continuer à être leader", face à des concurrents qui réduisent leurs coûts en s'implantant dans d'autres pays, "tout en restant complètement collées à leur territoire", résume Jean-Luc Perrot, chargé de mission à la Chambre d'agriculture de Bretagne. Le projet de Coopagri Bretagne (1,37 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2003 avec entre autres Régilait) d'ouvrir en avril 2006 une usine de surgélation en Espagne a ainsi suscité de vives discussions au sein de son conseil d'administration. Car les coopératives, qu'elles regroupent agriculteurs, ouvriers, artisans ou commerçants, se présentent traditionnellement comme "non délocalisables" et affirment leur engagement à "contribuer au développement régional".
Un autre exemple de banalisation est la création en cours d'Entremont Alliance, une société commune regroupant les activités laitières de la coopérative Unicopa et celles de la marque de gruyère contrôlée par le financier belge Albert Frère. Avec un chiffre d'affaires de 1,7 milliard d'euros, Entremont Alliance aura "une taille significative" sur le marché international, selon ses promoteurs. "En réalité il s'agit d'une absorption des activités laitières de la coopérative" par Entremont, selon M. Perrot, pour qui l'opération montre qu'"au bout du compte", une coopérative, en théorie protégée des OPA, peut se faire en partie avaler. Leur capital, qui appartient à des associés travaillant pour l'entreprise, est certes plus stable qu'une entreprise classique, même si un texte de 1992 y permet l'entrée au capital à hauteur de 25% maximum d'un investisseur extérieur. Mais la pression des concurrents qui maximisent leurs coûts en s'internationalisant est croissante, souligne M. Perrot. "La tendance est depuis longtemps à filialiser leurs activités dans des sociétés de droit" classique, ajoute-t-il.
"A part dans quelques niches" comme l'agriculture biologique, "la seule grande coopérative agricole qui garde l'esprit coopératif" est la première coopérative porcine en France, la Cooperl, juge Joël Delépine, secrétaire de la fédération agroalimentaire de la CFDT. La Cooperl affiche une centaine d'embauches par an dans l'Ouest et a reversé l'an dernier 40% des 13 millions d'euros de son résultat net aux 1.300 éleveurs adhérents, selon son directeur général Jean-Claude Commault. L'entreprise de Lamballe (Côtes d'Armor), qui exporte un tiers de sa production, pour 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires total prévu pour 2005, enregistre de bons résultats, même les années où le marché est en crise. Mais "les nouvelles générations" d'agriculteurs se montrent plus individualistes que les précédentes, avance le syndicaliste pour expliquer la tendance générale. Les coopératives agricoles pesaient 46 milliards d'euros soit un tiers du chiffre d'affaires de l'agroalimentaire en 2002. Depuis, elles ne publient plus que des chiffres incluant les filiales non coopératives. En Bretagne, Pays-de-la-Loire et Normandie, elles concernent neuf agriculteurs sur dix, selon leur fédération.
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