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OMC L'UE veut un renvoi d'ascenseur en échange de concessions agricoles

L'Union européenne, sous forte pression française, a exigé mercredi 19 octobre de ses grands partenaires de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) un renvoi d'ascenseur avant des concessions éventuelles en matière agricole, une approche contestée par le Brésil et les Etats-Unis.

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Bruxelles est prêt à de nouvelles concessions dans les négociations agricoles, a déclaré le commissaire européen Peter Mandelson, qui a négocié jusque tard mercredi à Genève avec quatre grands acteurs de l'OMC (Australie, Brésil, Etats-Unis, Inde). "L'UE fera preuve d'une certaine souplesse supplémentaire" dans l'agriculture, a promis M. Mandelson à son arrivée en Suisse, avant d'avertir ses homologues que "l'Europe a besoin d'urgence de commencer à voir plus clairement les bénéfices que le cycle de Doha offrira dans le commerce des produits industriels et des services".

Le cycle lancé en 2001 dans la capitale du Qatar peut se résumer à un échange Nord-Sud entre des pays développés qui ouvrent davantage leur marché aux produits agricoles et des pays en développement qui s'ouvrent aux produits manufacturés et aux services. Ces négociations doivent être bouclées aux deux tiers lors de la conférence ministérielle de l'OMC qui s'ouvre le 13 décembre à Hong Kong. La déclaration de M. Mandelson a été immédiatement qualifiée de "malheureuse" par le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim. "Ce n'est pas la bonne approche", a-t-il déclaré à la presse avant de rejoindre ses homologues du "club des cinq" à l'ambassade des Etats-Unis auprès de l'OMC. "L'agriculture est le moteur du cycle et ce moteur n'avance toujours pas. Nous ne pouvons donc pas espérer nous pencher sur les autres sujets tant que nous ne sommes pas sûrs des progrès que nous pouvons faire dans l'agriculture".

"L'agriculture est la clef pour sortir de l'impasse et faire avancer l'ensemble de la négociation", a estimé de son côté le représentant américain pour le Commerce, Rob Portman, qui a réclamé des propositions "beaucoup plus ambitieuses de la part de l'UE" sur l'ouverture de son marché aux importations agricoles. L'Union européenne estime elle avoir déjà fait des concessions importantes dans le domaine agricole en acceptant de négocier la fin des subventions aux exportations et en offrant une baisse de 70% de ses aides directes aux agriculteurs et de 20% à 50% des droits de douane. Ces concessions ont provoqué la colère de plusieurs pays membres de l'UE, dont la France, qui a voulu interdire mercredi au commissaire de parler d'agriculture à l'OMC. Paris "ne peut accepter que le négociateur communautaire évoque de quelque manière que ce soit, le dossier agricole lors des toutes prochaines sessions de négociations à Genève", a fait savoir le ministère de l'Agriculture.

En réponse, le porte-parole de M. Mandelson, Peter Power, a précisé à l'AFP que la discussion de Genève portait "sur tous les sujets de la négociation", y compris l'agriculture. "Nous avons eu notre mandat renforcé hier par le Conseil", a estimé M. Power, en référence à la réunion des ministres européens à Luxembourg consacrée mardi au mandat de négociation de M. Mandelson, qui est contesté par la France. Mercredi soir la réunion s'est terminée "sans résultat spectaculaire ni dramatique", a déclaré un diplomate européen. Les participants ont décidé de faire une pause pour étudier les différentes propositions d'ouverture des marchés agricoles avant de se revoir dans les semaines qui viennent. La réunion du "club des cinq" devait être élargie jeudi à six autres pays (Argentine, Canada, Chine, Japon, Nouvelle-Zélande, Suisse).

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