Prix du lait Un accord sur le lait désamorce la crise entre producteurs et industriels
Producteurs et industriels ont conclu mardi 13 septembre un accord pour désamorcer la crise qui les opposait depuis plusieurs semaines et menaçait de destabiliser la filière laitière.
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L'accord, conclu lors d'une réunion à Paris menée sous l'égide d'un médiateur du gouvernement, prévoit une baisse du prix du lait payé aux producteurs, mais moins importante que celle qu'appliquaient depuis juillet les industriels. Elle sera de 6,5 euros pour 1.000 litres en septembre et de 8,8 euros pour 1.000 litres en octobre, novembre et décembre, a indiqué à l'AFP Yves Berger, directeur de l'Onilait (Office national interprofessionnel du lait).
Depuis juillet, la baisse atteignait de 8 à 13 euros pour 1.000 litres en dépit d'un accord conclu en mai sur une réduction limitée à 7 euros pour 1.000 litres. Cet accord a été annoncé quelques minutes avant que le Premier ministre Dominique de Villepin ne prononce un discours sur la politique agricole de son gouvernement au salon de l'élevage Space à Rennes. "Je me félicite que les industriels privés, les coopératives et les producteurs aient trouvé un accord aujourd'hui", a déclaré le chef du gouvernement.
Le ministre de l'Agriculture Dominique Bussereau, également présent au salon, s'est déclaré "heureux que la raison l'ait emporté". "C'est le début d'un travail de fond entre les producteurs et les industriels", a-t-il ajouté. L'accord a été dans l'ensemble bien reçu chez les agriculteurs. C'est "un préalable" qui "va permettre d'avancer", a jugé le président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer. Pour la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), cet "accord de raison" permet de "sortir de l'anarchie des mois de juillet et août, où la spirale sans fin de baisses hétérogènes menaçait de déstabiliser la filière". Même satisfaction prudente chez les industriels. "Avec un tel accord, les producteurs obtiennent, avec quelques nuances, quatre euros par 1.000 litres de croissance de leur revenu sur 2005, ce n'est pas négligeable", a commenté Luc Morelon, directeur de la communication du groupe laitier Lactalis.
De nombreuses manifestations de producteurs laitiers ont eu lieu depuis plusieurs semaines dans toute la France pour protester contre la baisse du prix du lait, de 3% en moyenne en juillet 2005 par rapport à juillet 2004, et de 3% en août par rapport au même mois de 2004 qui avait été décidée unilatéralement par les transformateurs (coopératives et industries privées). La politique laitière a, depuis les accords de Berlin (1999) puis ceux de Luxembourg (2003) sur la politique agricole commune, subi de profonds bouleversements. Cela s'est traduit notamment par une réduction importante des soutiens des marchés (aides internes et restitutions) et un transfert progressif des aides aux produits, versées aux entreprises, vers des subventions directes versées aux producteurs. La baisse programmée du soutien des produits industriels provoque des pertes estimées entre 30 et 40 euros aux 1.000 litres, d'où la réorientation des entreprises vers des marchés plus rémunérateurs comme le lait de consommation ou l'emmental, explique la Fédération nationale des coopératives laitières. Il en résulte un déséquilibre offre/demande et des prix du lait à la production tirés vers le bas.
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