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IA et monte naturelle Jean Devun, réseaux d’élevage Auvergne Bourgogne Centre : « Sécuriser la qualité génétique »

« Les facteurs qui entrent en compte dans les performances et la rentabilité d’une exploitation sont très complexes. Ils mettent en jeu des facteurs aussi variés que le mode de conduite (alimentaire, sanitaire,..) mais aussi l’organisation qu’il me semble impossible de séparer l’impact de la génétique », estime Jean Devun, de l’Institut de l’élevage et animateur du réseau fermes de références du bassin charolais.

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« Même les aspects fourragers peuvent entrer en ligne de compte. Des éleveurs situés dans la zone séchante de la plaine du Forez avec des prairies sèches dès le mois de juin, peuvent plus facilement développer des vêlages précoces et il leur est plus facile de pratiquer l’IA. Car il ne faut pas oublier le frein technique principal au développement de l’IA, à savoir la mise à la reproduction des vaches après la mise à l’herbe. Dans ce contexte où 80% des vêlages ont lieu de décembre à avril, mettre en place l’IA au pâturage est relativement compliqué au niveau pratique. On ne dispose pas aujourd’hui de moyen de contention simple, qui s’ajoute au problème de surveillance des chaleurs. »

Les poids des carcasses des vaches de réforme augmentent de 2 à 3 kg en moyenne par an


Quelle est la part de la génétique et celle de la conduite d’élevage ? (© Web-agri)

« Ces dernières années, les performances en production bovine ont réellement progressé et cette évolution se mesure facilement », constate Jean Devun. « Ainsi, les poids des carcasses des vaches de réforme augmentent de 2 à 3 kg en moyenne par an dans le bassin charolais », souligne le spécialiste. « Le poids des génisses de boucherie augmente de la même manière. Et pour ce qui est des broutards, ils sont vendus au même poids, mais à un âge plus avancé. Dans ce progrès manifesté chez les producteurs, quelle est la part de la génétique et celle de la conduite d’élevage ? Il n’y a pas d’étude qui fournisse une réponse claire à l’heure actuelle et je ne pense pas qu’on en aura. »

Certes, le choix de l’IA ou de la MN s’intègre dans une cohérence globale de l’exploitation. Et les périodes de vêlage conditionnement pour une grande partie le choix du mode de reproduction.

Certains éleveurs du réseau font le choix de 100% d’IA et d’autres 100% de MN

« Mais même dans deux systèmes de production identiques, certains éleveurs font des choix stratégiques opposés », souligne Jean Devun. Dans l’exemple d’un atelier de 200 animaux, certains éleveurs du réseau font le choix de 100% d’IA et d’autres 100% de MN.

Le choix de l’IA répond à un besoin de sécurité de conduite

« Que l’on utilise l’un ou l’autre des modes de reproduction, l’important est de sécuriser la qualité génétique de ses reproducteurs », préconise le spécialiste. « Le choix de l’IA répond à un besoin de sécurité de conduite. La carte de l’IA est plus sécurisante au niveau génétique. Mais on voit aussi de très bons éleveurs ont qui ont tablé sur la MN et qui sécurisent aussi leur choix de reproducteurs car ils ont une connaissance de longue date des élevages, des lignées d’animaux. Ils connaissent très bien les lignées et leur choix d’animaux est très au point. »
Dans une autre région traditionnelle d’élevage et productrice de viande, cette garantie de sécurité des reproducteurs est en passe d’entrer dans les cahiers de charge de production, quel que soit le mode de reproduction choisi. Ainsi, à partir de janvier 2008, il sera imposé aux éleveurs du Label Limousin d’utiliser soit des taureaux d’IA, soit des taureaux inscrits au herd-book.

Repères :

  • 90% des accouplements se font par monte naturelle en région Bourgogne, 1ère région pour les effectifs bovins de race charolaise, (*).
  • Le taux d’IA constaté dans l’ensemble de la population (8%) est plus faible que la moyenne nationale (12.5%)
  • « Sur les 13 000 taureaux de monte naturelle utilisés dans notre département de Saône et Loire, il y a en ½ dont le père n’est pas connu », relate Régis Grémion, conseiller génétique à la Chambre d’agriculture de Saône et Loire. « A ce niveau, nous incitons à utiliser de la génétique connue ».

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