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Pac La longue bataille entre la France et la Grande-Bretagne sur la Pac

Depuis l'entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté économique européenne (CEE) en 1973, Paris et Londres se sont toujours affrontés sur la politique agricole commune (Pac), principale dépense du budget européen.

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La Pac, créée en 1962 a été fondée à l'origine sur un accord franco-allemand. En cette période d'après-guerre, la France avait accepté de supprimer les droits de douane sur les produits industriels allemands à condition que l'Europe des Six et donc principalement l'Allemagne finance la modernisation de son agriculture, la plus importante en Europe occidentale.

La Pac se voit, dans ce contexte assigner de grands objectifs : nourrir l'Europe, garantir son autosuffisance alimentaire et assurer un revenu équitable aux agriculteurs. Les produits jugés à l'époque indispensables pour nourrir les populations, produits laitiers, viande bovine et céréales bénéficient de soutiens financiers importants.

La préférence communautaire est un pilier de la Pac vis-à-vis de l'extérieur: les barrières douanières entre les pays-membres de la CEE sont supprimées (France, Allemagne, Italie et les trois pays du Benelux) et les importations de l'extérieur sont découragées par un tarif douanier commun, beaucoup plus élevé que les cours mondiaux.

Enfin pour favoriser les exportations européennes sur le marché mondial, des subventions aux exportations sont allouées aux agriculteurs européens. Lorsque la Grande-Bretagne négocie son entrée dans l'Europe au début des années 1970, elle bute sur la Pac qui est à l'opposé de ses intérêts et qui représente alors 90% du budget européen.

Pour la Grande Bretagne qui compte à l'époque peu d'agriculteurs (5% de la population totale) le problème se pose pour les consommateurs. Son intérêt est de s'approvisionner sur le marché mondial le plus bas possible. La Grande-Bretagne bénéficie en outre d'approvisionnements alimentaires bon marché en provenance de pays du Commonwealth, notamment la Nouvelle-Zélande qui lui fournit beurre et viande à bas prix. Mais la France de Georges Pompidou (le président de l'époque) force le premier ministre conservateur britannique Edward Heath à accepter la préférence communautaire, comme clé d'entrée en 1973 dans la CEE avec l'Irlande et le Danemark, autre gros fournisseur en produits agricoles du Royaume-Uni.

Très rapidement, les gouvernements britanniques successifs insistent sur la nécessité de réviser la Pac qui a pour eux un double inconvénient: elle conduit au début des années 80 à des frigos remplis de viande bovine et des montagnes de beurre et elle oblige Londres à acheter très cher ses fournitures alimentaires et à payer une contribution budgétaire européenne sans cesse plus élevée.

C'est là où intervient Margaret Thatcher. Le premier ministre britannique réclame au sommet européen de Dublin en novembre 1979 une ristourne de la contribution budgétaire britannique, le fameux "I want my money back" qu'elle finit par obtenir au sommet de Fontainebleau en juin 1984. La principale justification de ce rabais accordé aux britanniques est que Londres recevait peu de la Pac au contraire de la France, encore aujourd'hui le premier bénéficiaire avec quelque 10 milliards d'euros, soit près du quart du budget agricole européen.

Depuis lors tous les gouvernements britanniques ont toujours insisté pour obtenir peu à peu une réforme draconienne de la Pac et ont partiellement eu gain de cause. Les prix garantis aux agriculteurs, système inventé par la France ont fait peu à peu place au système des aides directes en vogue en Grande-Bretagne. Mais la Pac continue à représenter, avec 43% du budget européen, la principale dépense loin devant les aides structurelles (fonds régional pour les régions sous-développées économiquement).

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