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Autonomie alimentaire Vaches laitières : le lupin en correcteur unique jusqu’à 28 kg

Dans une ration vaches laitières (VL), le remplacement du tourteau de soja par des protéagineux fermiers est possible jusqu’à une production de 7.000 kg/vache. Au-delà de ce niveau, la substitution du tourteau ne peut être que partielle sous peine de dégrader les performances laitières. Et il ne faut pas en attendre une amélioration de la rentabilité au niveau de l’exploitation. C’est le constat de 3 années d’expérimentation menée dans le cadre d’un programme régional protéagineux 2002-2004 (*) réalisé en Midi Pyrénées.

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« Jusqu’à une production de 28 kg de lait, le lupin peut tout à fait servir de correcteur azoté unique », présente Jean Seegers, de l’Institut de l’élevage. « Avec une réserve toutefois », ajoute-t-il, « la ration de base doit être partagée entre ensilage de maïs et ensilage d’herbe. Sur une ration composée exclusivement d’ensilage de maïs, le niveau de production seuil redescend à 20 litres. »

« Et si l’éleveur choisit de cultiver le pois ou la féverole, moins riches en matière azotée », poursuit Jean Seegers, « cela réduit d’autant le niveau de production seuil au-delà duquel on devra réintroduire le tourteau dans la ration, fixé aux alentours de 20 à 25 kg. Au delà, on peut tout à fait employer les protéagineux comme un concentré de production de type VL 2.5 litres en mélange avec, selon les cas, du tourteau de soja ou des céréales. »

Le lupin est le protéagineux le plus adapté aux besoins des VL

« Si le lupin est le protéagineux le plus adapté aux besoins des VL, sa richesse en matières grasses modifie sensiblement la composition du lait produit », prévient Jean Seegers. « L’évolution se fait au profit du TB et au détriment du TP. Une augmentation de la quantité de lait produite par vache doit être corrigée par une légère diminution de l’effectif. » Les éleveurs qui utilisent le pois ou la féverole ne constatent en revanche aucune modification significative de la production laitière.

« Sur le plan de la distribution, l’apport le plus adapté est une forme grossièrement broyée ou aplatie », précise le spécialiste. « Pour réduire leur vitesse de dégradation dans le rumen, les protéagineux ne doivent pas être distribués sous forme de farine. Si le concentré n’est pas mélangé au fourrage, il est préconisé de fractionner les apports, avec un maximum de 3 à 4 kg/ repas. »

La rentabilité intrinsèque n’est pas au rendez vous

Quant aux répercussions économiques, selon les simulations effectuées par l’Institut de l’élevage, la rentabilité intrinsèque de la production fermière de protéagineux n’est pas au rendez vous en production laitière. Dans le contexte actuel d’un prix du tourteau de soja à 1F30, son remplacement par une auto consommation de lupin fermier n’autorise aucune amélioration du résultat économique. Cette option coûte même à l’éleveur 1.000 € par an. Et la situation s’aggrave encore si le prix des céréales augmente, car alors la marge brute des céréales dépasse largement la valorisation fermière du lupin.

(*) Source : « Production des protéagineux et utilisation par les éleveurs en Midi-Pyrénées », rencontre technique organisée le 18 mars 2005 à l’Inra d’Auzeville (31), sous l’égide de la Chambre régionale d’agriculture Midi Pyrénées. Cette rencontre a fait le bilan d’une étude de niveau régional et consacrée aux protéagineux pendant 4 années de 2002 à 2004, programme mené en collaboration avec les Chambres d’agriculture, l’Institut de l’Elevage et Arvalis, Institut du végétal.

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