Vache folle Produits sanguins : risques éventuels et peurs inutiles
Les experts, confrontés au risque de transmission par voie sanguine du prion responsable de la maladie de la vache folle, ou chez l'homme du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ), veulent aussi éviter de susciter des peurs inutiles.
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Dès l'annonce, en octobre et novembre, des 8e et 9e cas français de nvMCJ - deux donneurs de sang - les autorités sanitaires avaient décidé d'informer les patients transfusés et de retirer les lots de médicaments dérivés du sang issu des dons de ces deux personnes.
Sur les 21 patients transfusés postérieurement à 1984, 9 sont toujours vivants : 7 ont pu être retrouvés et informés par leur médecin, mais les deux autres n'ont toujours pas pu être localisés, a déclaré lundi devant la presse le directeur général de la Santé William Dab.
Les receveurs de dons effectués en 1984, avant l'apparition de l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ou maladie de la vache folle, n'ont pas été recherchés.
Après les deux cas transfusionnels de nvMCJ rapportés en 2003 et 2004 en Grande-Bretagne, le risque de transmission par transfusion sanguine du prion pathogène est jugé "probable", selon un rapport d'experts publié lundi par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Si l'on estime qu'au maximum 300 cas du nouveau variant de MCJ sont attendus en France dans les soixante prochaines années, et que le sang pourrait être infectieux durant toute la période d'incubation, le risque est estimé à un don sur 120.000, selon ces experts.
Les personnes ayant reçu une transfusion sanguine sont exclues du don de sang depuis 1997, ce qui écarte une éventuelle transmission en cascade d'un agent pathogène, rappellent les autorités sanitaires.
S'il peut y avoir risque pour les patients transfusés, restait à étudier celui des quelque 50.000 patients ayant reçu des médicaments fabriqués à partir de lots sanguins intégrant les dons des deux patients qui ont développé le nouveau variant de la MCJ.
Parmi eux, quelque 5.000 sont des receveurs chroniques (hémophiles, patients atteints de déficit immunitaire primaire...) de médicaments dérivés du sang.
Seuls les hémophiles ayant reçu un médicament issu du plasma d'un des deux donneurs recevront une "information personnalisée", les autres patients concernés n'auront qu'une "information générale sur la possibilité de ce risque", selon les autorités sanitaires.
Compte tenu des risques jugés minimes par les experts, il "n'est pas justifié de risquer de bouleverser la vie des gens", avec une telle annonce, a déclaré William Dab, en s'appuyant sur un avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), qui a conseillé "de ne pas inquiéter" compte tenu "des méconnaissances et des impuissances" actuelles.
Pour les hémophiles, la décision est justifiée, non par un risque plus élevé, mais par le fait qu'ils peuvent choisir entre des médicaments d'origine plasmatiques ou fabriqués par technologie recombinante.
Le risque est considéré comme "inexistant" pour les personnes ayant reçu une unique injection de sérum antitétanique par exemple.
Même pour les utilisateurs réguliers de médicaments dérivés du sang, les experts jugent le risque très faible, voire théorique, compte tenu des différentes étapes de fractionnement qui "contribuent à l'élimination de l'agent infectieux", a précisé Jean-Hugues Trouvin, directeur de l'évaluation des médicaments à l'Afssaps.
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