Philippe Deru « Nous participons à la promotion de la génétique française »
Il n'est pas issu du milieu agricole, mais a réussi un parcours peu commun d'éleveur au sein du Gaec d'Izé (Haute-Marne). Aujourd'hui, retiré du Gaec, Philippe Deru détient toujours des animaux qu'il présente avec "son équipe" sur les expos européennes. Sorties généralement couronnées de succès mais qui ont le don d'agacer certains. Rencontre avec un personnage hors norme qui nous explique ses motivations.
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Parcours atypique que celui de Philippe Deru. Après avoir débuté dans la vie professionnelle comme mineur puis soudeur, en Moselle, il s’installe comme éleveur associé au sein du Gaec d’Izé (Haute-Marne), en 1988. En propriété et copropriété Ensuite, Philippe Deru se retire du Gaec d’Izé et se lance dans la commercialisation des tapis de sol pour les étables. Mais il a gardé des vaches en propriété et copropriété, qui sont hébergées dans trois élevages, ceux des frères Perrin (Gaec de l’Ecluse-52), de la famille Varnier (Gaec de la Coumière-52) et la famille Vuillaume (VF holstein-55). |
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Et cette équipe gagne souvent, trop au goût de certains…. Et est-ce normal, Philippe Deru n’est plus éleveur ? Alors que dans n’importe quel secteur d’activité, une personne qui investit monte une société, la revend, en achète une autre… est qualifié « d’entrepreneur ». En agriculture, cela fait jaser.
Rencontre avec Philippe Deru, l'homme qui dérange...
Quand vous arrivez sur un concours, les gens se disent « c’est pas la peine, l’équipe Deru est là, ils vont encore tout gagner ». N’êtes vous pas un élément de démotivation ?
« J’ai fais mes premiers concours en 1992, notamment à Eurogénétique. A l’époque, les élevages leaders étaient dans les Vosges,
« Je peux gagner de l’argent, certes, mais on ne gagne pas des sommes délirantes. Il faut rester les pieds sur terre. » |
Nous sommes plutôt élément moteur. Il n’y a qu’à voir les gens qui viennent à notre rencontre sur les concours. Il y a les habitués certes, mais aussi beaucoup de jeunes. Et là, ce qui est important à mes yeux, c’est de prendre le temps de discuter, d’échanger avec ces gens qui viennent nous voir et qui se posent des questions. Nous véhiculons du rêve et contribuons à motiver des jeunes. Et si un jour ils nous battent, je pense que nous aurons réussi quelque chose. |
Après, je fais aussi attention lorsque j'achète des vaches qui ont déjà un palmarès, comme Tonus par exemple. Je ne l'ai pas acheté à l'Ouest pour venir la faire concourrir à Eurogénétique. L'objectif est de la faire concourrir sur les "Open shows" européens. Cette volonté personnelle, pour tenir compte du contexte français, il me faut aussi la faire comprendre à mes partenaires étrangers, qui ont investit avec moi ! »
D’abord un lieu d’échanges entre éleveurs
Aujourd’hui, on assiste à la remise en cause du clippage dans certains concours départementaux. Votre avis à ce sujet ?
« C’est la plus mauvaise solution. Les dirigeants des syndicats départementaux n’ont pas compris : en arrêtant la locomotive, c’est le train que l’on arrête aussi. Niveler les choses par le bas n'est pas le meilleur moyen pour progresser ! Il faut plutôt faciliter la formation et permettre aux jeunes de se former (par exemple l'école des jeunes Eurogénétique, Battice ou certaines initiatives départementales). Au final toutes les vaches doivent être clippées sur un départemental. Le syndicat doit aider l'éleveur qui n'a pas la formation ou la compétence à trouver une solution. »
Pour beaucoup, les concours ne servent à rien, sont une perte de temps et d’argent. Et pour vous ?
« Tout d’abord, certains passent leur temps à la chasse, d’autres vont en vacances, font du sport... Je respecte ces choix, mais personnellement j’aime aller sur les concours, pour au moins trois raisons :
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1) Tout d'abord, les concours sont un lieu d’échanges entre éleveurs, tant au niveau technique que relationel
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2) Ensuite, c’est clair que je vais aussi sur les concours par esprit de compétition. J'aime le côté sportif.
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3) Enfin, je recherche aussi une reconnaissance internationale de l’équipe que nous sommes, et de la génétique française.
Savoir revendre une vache
Oui, mais vous n’êtes plus éleveur, vous faites du business…
« Tout d’abord, si aujourd’hui je ne suis pas éleveur au sens ou l’entendent la plupart, je pense avoir fait mes preuves. Il y a un certain nombre de vaches aux préfixes Ami ou Izé pour le rappeler...
Ensuite, il faut arrêter de penser que l’on fait les concours uniquement pour l’argent. Le vrai business, c’est la vente de doses, voire d’embryons… Nous, nous contribuons à mettre en valeur la génétique française à travers quelques vaches. En les revendant, je peux gagner de l’argent, certes, mais on ne gagne pas des sommes délirantes. Il faut rester les pieds sur terre, ça ne marche pas à tous les coups !
De plus, il faut savoir revendre une vache. Si j’avais gardé une vache comme Indienne après son titre à Paris, en 2000, elle n’aurait sûrement pas connu les opportunités qu’elle a eu ensuite. Le fait de l’avoir revendue lui a permis de redémarrer une seconde carrière. » |
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Combien vaut une vache à concours aujourd’hui ?
« Pour moi, il existe trois catégories :
1) La vache trouvée par hasard, pas connue : autour de 3.000 euros,
2) La vache pas connue, mais avec pedigree renommé, ou solide fondation : 4 à 6.000 euros,
3) La vache reconnue dans le milieu, au super pedigree ou gagnante de concours : 7 à 8.000 euros. Voire plus pour quelques individualités.
Après, au niveau européen, on peut entendre parler de tarifs exorbitants, mais il n'y a pas de transaction à ces prix. »
La France est absente des manifestations étrangères
Vous dites que vous faites la promotion de la génétique française. N'est-ce pas un peu prétentieux ?
« D’une manière générale, la France est absente des manifestations étrangères. Quand on se déplace sur les différentes manifestations européennes, avec des vaches ou en visiteurs, on rencontre des néerlandais, espagnols, allemands italiens..., mais quasiment jamais de français, et encore moins des représentants des structures d’élevages.
J’achète des vaches en France que je mets en valeur sur la scène européenne, et finalement, ce que je fais est complémentaire au système français. Avec mes collègues éleveurs de l’Est de la France, nous participons réellement à la promotion de la génétique française. Car, au-delà du père des vaches que nous présentons, c’est bien la voie femelle et le travail des éleveurs français qui est mis en avant.
Au final, si quand nous allons en Italie, Suisse ou Espagne, notre but est de tourner les projecteurs sur nos vaches, c'est sur l'ensemble de l'Elevage français qu'ils se tournent.»
LA GALERIE DES CHAMPIONNES
Neige a enlevé le titre de Grande championne de l'International Dairy Show, à Vérone (Italie), en 2003. Elle est maintenant propriété de Giuseppe Quaini, Elevage Castelverde (Italie)
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Indienne d'Avril a été Championne Adulte du Concours général 2000 pour Amitié Passion. Elle est aujourd'hui propriété de Rey Holsteins (Suisse) et vient d'être sacrée Grande championne à Swiss'Expo 2005 !
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Nora, à Philippe Déru, Ange-Albert Allard & Belli-France (Canada), a connu beaucoup de succès sur les rings européens. Elle est aujourd'hui copropriété d'un groupe d'éleveurs espagnols. Nora affiche un palmarès très enviable : elle a obtenu 5 titres majeurs à 5 concours dans 4 pays différents ! |
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Ami Olga est la seule vache à avoir été couronnée deux années de suite Championne Jeune au Concours général, à Paris, en 2001 puis 2002. Elle est aujourd'hui propriété de Rey Holstein (Suisse). |
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Philippine, détenue en copropriété par l'Eurl PH Deru et le Gaec de la Coumière, a connu le succès sur les rings en 2003/2004 : Grande championne Farming-Tours et National Prim'Holstein de Pau, Mention honorable grande championne Vérone, Championne Jeune Eurogénétique. Elle vient d'être vendue à un groupe d'éleveurs Autrichiens et Suisses. |
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Rena a participé à la Confrontation européenne de Bruxelles 2004. Detenue en copropriété avec Quim Serrabassa, Ange-Albert Allard & Belli-France(Canada), elle est aujourd'hui hébergée en Espagne. |
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Tonus a été sacrée Grande championne du Space et Réserve grande championne de Farming-Tours, en 2004. Elle a été achetée après le salon de Tours par Philippe Deru, en copropriété avec Rey Holsteins, de Suisse. |
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