La consommation mondiale de volailles augmente fortement et la production a atteint 74 millions de tonnes en 2002, soit près du tiers de la production totale de viandes (bovine, porcine et avicole) contre 26 % dix ans auparavant. Les ventes internationales de viande de volailles ont explosé durant cette période, ayant quasiment triplé pour atteindre 7,5 millions de tonnes en 2001 (hors échanges entre pays de l'Union européenne), selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation).
Le Brésil - qui réalise les deux tiers de la production d'Amérique du Sud, ce continent représentant 15 % du total mondial- a profité de cet engouement grâce à ses faibles coûts de production et aux dévaluation du réal, sa monnaie nationale, en 2001 et 2002.
Les exportations brésiliennes sont ainsi passées de 384.OOO tonnes en 1992 à 1,7 million de tonnes en 2002 et à plus de 2,1 MT en 2003, malgré des quotas d'importation imposés par la Russie et l'augmentation des taxes imposées par l'Union européenne pour les viandes saumurées de poulet.
Les importations de l'Union européenne ont doublé entre 1998 et 2003, atteignant 836.000 tonnes, soit une progression de 15 % par rapport à 2002. Les importations en provenance du Brésil, qui ont été multipliées par quatre en cinq ans, en représentent désormais la moitié.
Ce dynamisme a amené Doux, deuxième groupe français de volailles, à acheter en 1998 l'entreprise Frangosul, numéro 4 du secteur au Brésil, qui représente désormais un tiers de son chiffre d'affaires (1,45 milliard d'euros en 2003).
"Nous avions besoin de diversifier nos approvisionnements pour le marché mondial en nous protégeant contre l'arrêt prévu des subventions européennes à l'exportation", affirme Christophe Akli, directeur général de Doux-Frangosul, lors d'une rencontre avec les membres de l'AFJA (Association française des journalistes agricoles) à Montenegro (Etat du Rio Grande do Sul, sud du Brésil).
Mais pour M. Akli, "les employés français de Doux n'ont rien à redouter de Fragosul car les produits fabriqués pour l'exportation ne sont pas les mêmes dans les deux pays".
De plus les établissements français de Doux exportent vers le Moyen Orient, principalement l'Arabie Saoudite, tandis que les cinq du Brésil, établis dans le Rio Grande do Sul et le Matto Grosso do Sul, sont dédiés au reste du monde, notamment le Japon, premier importateur mondial de viandes avec 1,7 million de tonnes (dont 700.000 tonnes de volailles) en 2003.
Le Brésil, troisième marché mondial avec 34 kg de volailles consommés par habitant et par an, s'adapte également aux désirs de ses clients concernant la question très controversée, des aliments OGM (organismes génétiquement modifiés) destinés aux animaux, notamment dans ce pays où le gouvernement du président Luiz Inacio Lula da Silva a prolongé jusqu'en 2005 l'autorisation de cultiver et commercialiser le soja transgénique.
"Nous avons une politique très claire. Nous ne donnons pas de soja OGM aux poulets destinés aux pays de l'Union européenne qui s'opposent aux OGM", affirme M. Akli, assurant que la traçabilité permet d'exclure toute erreur avec les volailles destinés aux autres pays, notamment le Japon, qui tolèrent les aliments OGM pour la nourriture des animaux.
La France, premier producteur et exportateur de l'UE, est cependant particulièrement touchée par les conséquences de cette évolution, en raison de la concurrence sur ses marchés traditionnels (Moyen Orient, Allemagne, Grande-Bretagne) avec une réduction de production de 300.000 tonnes entre 1998 et 2003 et la fermeture de 1,5 million m2 d'élevages de volailles, ce qui représente environ la cessation d'activité de 1500 producteurs. |