"Il ne s'agit pas d'une hausse des prix de la grande distribution, mais d'une hausse des produits vendus dans nos magasins sous de grandes marques", s'est défendu lors d'une conférence de presse Jérôme Bédier, président de la Fédération des distributeurs.
"Avec la loi Galland, ce sont les industriels qui fixent le prix des produits de grandes marques, que le distributeur ne peut pas discuter : ces prix ont augmenté beaucoup plus vite que les marques propres des distributeurs et que les produits premiers prix, qui sont stables ou baissent", a-t-il dit.
"Pourquoi faudrait-il seulement réduire les marges des distributeurs et pas les marges confortables des multinationales ?", a-t-il commenté, inquiet d'une réforme qui se ferait exclusivement au détriment de la distribution. M. Bédier craint par exemple que ne soit limité par un barème le montant des marges arrière (sommes versées à la distribution par les fournisseurs en échange d'avantages commerciaux réels ou supposés).
Il a de nouveau plaidé pour une modification de la loi Galland sur la revente à perte qui permettrait aux distributeurs de négocier les tarifs des industriels et de relancer la concurrence sur les prix. "Les industriels augmentent effectivement les prix des produits de marques, mais c'est pour financer la hausse des marges arrière des distributeurs", a répliqué l'ILEC (Institut de liaison des entreprises du commerce) qui regroupe les entreprises de la grande consommation.
"Quant à savoir qui a commencé, c'est la poule et l'oeuf", a commenté son délégué général Dominique de Gramont, assurant que "le distributeur augmente sa marge et nous pas". Mais sur le fond, M. de Gramont a surtout souhaité que ce système "devenu fou" soit amené à "changer, mais pas trop".
Nicolas Sarkozy ne doit pas provoquer "un grand soir", une "baisse brutale des prix" très risquée, a-t-il jugé. "Car cela risque de déclencher une spirale déflationniste, comme en Hollande ou en Allemagne, ainsi qu'une baisse des cours des distributeurs et des entreprises des produits de grande consommation", a-t-il averti. "On peut obliger les distributeurs, sans changer le seuil de revente à perte, à recommencer à gérer des marges avant" (pouvant être répercutées sous forme de baisse de prix au consommateur, ndlr), a-t-il préconisé, en demandant par dessus tout d'"éviter le big bang".
L'ILEC et la FCD s'accordent en tout cas sur un point : ce ne sont pas leurs prix qui expliquent l'atonie de la consommation. Pour preuve, tous deux citent le cas des Pays-Bas où la guerre des prix déclenchée entre distributeurs par les déboires du groupe Ahold n'a pas provoqué de bond de la consommation en valeur, bien que les prix aient brutalement chuté. |