Login

Crise porcine Le Marché du porc breton, référence nationale contestée par les éleveurs

RENNES, 3 mai 2004 - En pleine crise de la filière porcine, les syndicats d'éleveurs partent en guerre contre le marché au cadran de Plérin (Côtes-d'Armor), référence au plan national, estimant qu'il est devenu "obsolète" et maintient "artificiellement" les cours au plus bas.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les représentants de la centrale majoritaire FNSEA ne cachent plus leur irritation contre le fonctionnement du Marché du porc breton (MPB), nom officiel de ce lieu de vente aux enchères qui réunit groupements de producteurs et abatteurs deux fois par semaine dans la périphérie de Saint-Brieuc.

Le cours du MPB, qui peine à s'élever au dessus de 1 euro le kilo depuis plusieurs mois, alors que les éleveurs estiment le prix de revient de leur production à 1,35 euro, a battu un record de faiblesse historique le 11 décembre dernier, à 0,852 EUR/kg. "Depuis plusieurs années, le prix du porc affiché au cadran est le plus bas d'Europe", assure la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de la Mayenne dans un communiqué.

"En Espagne, le cours est de 1,38 euros le kilo pour des charges moindres puisque le Smic y est de 580 euros. Avec une telle concurrence, je ne vois pas comment on peut s'en sortir", tempête le président de la FDSEA 53, Claude Charon. Puisque "les organisations économiques n'informent pas les producteurs", l'organisation syndicale a décidé de publier désormais chaque semaine "les prix pratiqués dans les autres bassins de production" européens.

Elle entend ainsi démontrer que "les entreprises de la filière porcine du Grand Ouest", qui assure plus des deux tiers de la production française, "sont incapables de valoriser la matière première fournie par les producteurs".

La deuxième organisation syndicale française, la Confédération paysanne, qui demande la suppression du marché au cadran depuis plusieurs années pour assurer un "prix rémunérateur" au "maximum de producteurs", jubile.

"Jacques Lemaître (président de la Fédération nationale porcine, section spécialisée de la FNSEA, NDLR) nous a souvent reproché notre position en faisant valoir que ce n'est pas en cassant le thermomètre que l'on fait tomber la température. Et voilà qu'aujourd'hui il reprend nos propos : c'est donc que l'on a eu tort d'avoir raison trop tôt", se réjouit Pierre Brosseau, responsable de la commission porc à la Confédération.

Le marché au cadran ne contribue aujourd'hui à écouler qu'un quart de la production porcine bretonne, le reste étant géré par les filières organisées - tels les abattoirs coopératifs Cooperl et Socopa - qui regroupent une majorité de producteurs.

"Nous souhaiterions nous-mêmes davantage de participation de la part des acteurs de ce secteur, le marché n'en serait que plus représentatif. Maintenant, on ne peut pas prendre les éleveurs par la main et les forcer à venir", fait valoir Jean-Pierre Joly, directeur du MPB. Le président de la Fédération des acheteurs au cadran, Jean Salaün, dénonce lui le "double discours" des représentants des filières intégrées. "Qu'ils viennent autour de la table et faire des propositions. Qu'ils viennent actionner les boutons au cadran, nous verrons s'ils sont capables de payer plus cher que le cours actuel du marché", dit-il.


NB: pour discuter de ce sujet et donner votre avis, rendez-vous sur le forum porcin de Web-agri en cliquant ICI.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement